BTR 497
BATIRAMA N°497 I JUIN - JUILLET 2021 19 DOSSIERS PATRIMOINE ET RÉNOVATION UN RAVALEMENT NÉCESSAIRE Selon le Code de la construction et de l’habitation, les façades des immeubles ne doivent pas présenter de risque pour la sécurité des occupants ou des passants. Propres et solides, elles doivent protéger contre les remontées capillaires et les ruissellements d’eau. Dans certaines communes, des travaux de réfection de façade doivent être réalisés au moins tous les 10 ans par arrêté préfectoral (et depuis le 1 er janvier 2017, ils doivent être accompagnés de travaux d’isolation des murs extérieurs).Plus généralement, un ravalement est préconisé tous les 20 ans maximum. barrière d’étanchéité et bloque la remon- tée d’eau depuis le sol. Un enduit pour chaque usage Les murs anciens n’ayant pas de cou- pure de capillarité, leur capacité à laisser migrer la vapeur d’eau est déterminante. Les enduits à base de chaux*, moins résis- tants, plus souples, plus capillaires et plus perméables que le support, participent à la durabilité de la restauration. Selon leur formule, ils réparent, imperméabilisent, protègent et décorent les façades, tout en les laissant respirer. Des gammes dédiées au patrimoine ancien ont été développées (Georges Weber, Patrimoine de Parexlan- ko, Edipierre, Tradical Monuments histo- riques, etc.). Si les recettes pré-dosées en liants, adjuvants et sables garantissent des propriétés physiques et des couleurs constantes, leur mise en œuvre facilitée ne convainc pas toujours les profession- nels. Certains préfèrent connaître précisé- ment les proportions des composants et concoctent leurs recettes eux-mêmes. La patte de l’artisan La préparation d’un enduit demande un réel savoir-faire : le maçon élabore ses enduits après étude du liant, de la couleur, de la dureté, des tailles de granulats de l’ancien mortier. Il tient également compte de la résistance des chaux (mesuré à 28 jours de séchage, le durcissement par carbonatation évolue encore dans les mois suivants). Le dosage en liant des couches de mortier est déterminant (un gobetis sous-dosé entraîne un risque de décollement ; un corps d’en- duit ou un enduit de finition surdosée induit des fissurations, …). Le professionnel sait aussi évaluer le besoin de fixer un grillage en renfort du sous-enduit et « lire » la surface, de façon à appliquer la bonne épaisseur de revêtement (un excès d’enduit entraîne un harpage ou un double encadrement). En accomplissant les bons gestes, le plus souvent à la truelle et parfois mécanique- ment, il respecte l’architecture initiale. EMMANUELLE JEANSON * La chaux, aux caractéristiques très proches de celles de la pierre est le liant compatible avec les maçonneries traditionnelles, dont elle respecte l’équilibre hygrométrique. La chaux aérienne (issue de calcaires purs) durcit au contact de l’air, tandis que la chaux hydraulique naturelle (issue de calcaires argileux à 10-15%) prend en présence d’humidité. Très durable, il permet aussi de redresser des supports très irrégu- liers. Il est cependant long à mettre en œuvre et se fait le plus souvent manuellement (application méca- nique permise mais peu pratiquée). Sur support mouillé la veille et humecté le jour même, la couche d’accrochage, un gobetis de 3-5 mm, sèche en 48 heures minimum. Pour renforcer la rigidité du support et assurer l’adhérence des revê- tements, un lattis en acier galvanisé ner- vuré (Nergalto NG1 de Métal Déployé) est préconisée. Le corps d’enduit (15- 20 mm, en deux passes ou plus), qui assure planéité et protection du support contre la pluie, est appliqué sur le gobe- tis humidifié la veille (peut se faire frais sur frais). Dressé à la règle et serré à la taloche, il durcit en 7 jours minimum. La pose d’une trame de fibre de verre limite l’extension des microfissures. L’enduit de parement (une ou plusieurs passes) est dressé à la règle crantée. Son épaisseur est généralement de 5-7 mm pour une finition talochée (plutôt lissée depuis la fin 19eme) et de 8 mm pour une finition grattée. Pour parfaire l’es- thétique et conserver l’aspect originel, on applique le plus souvent une patine (ou lait de chaux), sur l’enduit de fini- tion frais (ou directement sur la pierre), qui unifiera l’aspect de la façade. Ou un badigeon de chaux, en 2 couches à la brosse (a secco ou a fresco) qui protègera l’enduit une vingtaine d’années. Sur façades de pierres apparentes, celles-ci restent visibles en transparence avec ces finitions. SOLUTION 1 : LE MORTIER TRADITIONNEL EN 3 COUCHES Réalisé dans les règles de l’art, il garantit la compatibilité entre l’enduit et la maçonnerie. © WEBER « BIBLE » DES ENDUITS TRADITIONNELS Le NF P 15-201/DTU 26.1 “Travaux d’enduits de mortier” rassemble les règles de l’art et donne les protocoles de préparation et d’exécution des enduits épais en mortier à base de ciment, chaux hydrauliques, chaux aérienne et mélange plâtre et chaux aérienne. La règle de dégressivité des dosages en liants selon les couches est spécifiée. Le chapitre 12 précise les proportions de sable et liant (25 à 29 % de liant pour un gobetis, 14 à 25 % pour un corps d’enduit et 14 à 21 % pour un enduit de finition).
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