BTR 498
BATIRAMA N°498 I AOÛT - SEPTEMBRE 2021 15 ACTUALITÉ MÉTIERS 26 entreprises de fabrication de produits et matériaux de construction, s’engagent pour fonder un éco-organisme avec un objectif : faire progresser le recyclage des déchets du bâtiment. L’ éco-organisme Valobat est né sous l’impulsion du groupe Saint-Gobain au début de l’année 2021. Il aura pour mission d’offrir aux entreprises du Bâtiment une solution de reprise, sans frais, des déchets collectés séparément dans les points de collecte de proximité, compre- nant les déchetteries municipales intéres- sées. Second objectif : développer les filières de recyclage pour ces produits. Et in fine : résorber les dépôts sauvages dont le coût pour les collectivités locales est estimé entre 340 et 420 millions d’euros. Les produits et matériaux de construction du bâtiment (ou PCMB) auront ainsi désormais leur propre éco-organisme puisque Valobat nourrit l’ambition de représenter la pluralité des produits utilisés dans le secteur. 26 associés au comité de gouvernance de l’éco-organisme Un pari un peu fou compte tenu de l’am- pleur de la mission et du périmètre à cou- vrir. Sont en effet concernés les métaux de construction, les métaux des équipements, le bois, les menuiseries, les parois vitrées et produits connexes, les plâtres et mortiers, les revêtements de sols, les matériaux inertes, les plastiques rigides, les membranes et iso- lants plastiques, les produits à base de laines minérales dont la laine de verre, laine de roche… Ce large panel de produits explique donc la présence de 26 industriels* au sein du comité de gouvernance du futur éco-or- ganisme, en attente de son agrément (et d’un décret qui doit être publié pour une application le 1 er janvier 2022). Une famille susceptible de s’élargir au grès des évolu- tions de la structure. Le problème des déchets de la famille Bois A noter que la famille des produits Bois - complexe car incluant une large famille d’acteurs allant du scieur au fabricant d’où la question sur la définition du « metteur du produit sur le marché » - n’est pas encore représentée, à l’exception du secteur des fenêtres bois, intégré au sein du syndi- cat UFME. « Ces 26 associés représentent aujourd’hui la moitié du marché en termes de volume et de chiffre d’affaires généré par le secteur », souligne Hervé de Maistre, détaché de Saint-Gobain pour piloter Valo- bat. Pour que l’éco-organisme puisse « être réellement utile à la profession », il restera donc à convaincre d’autres partenaires… en sachant que certains secteurs développent leurs propres éco-organismes (comme l’Uni- cem, incluant la filière béton, qui souhaite gérer les déchets minéraux inertes). Le Maître d’ouvrage paiera au final « C’est l’Etat qui décidera du périmètre d’agrément et de l’activité ouvert aux uns et autres » indique Hervé de Maistre, qui pré- cise : « un seul organisme serait plus simple à gérer. Mais d’autres acteurs voudront se positionner en fonction de la définition du metteur en marché ». Précision : c’est le metteur en oeuvre qui supportera le coût du traitement des déchets (éco-contribu- tion visible), donc les acteurs industriels. Ce qui devrait entraîner une croissance des coûts de production. « C’est donc le maître d’ouvrage qui paiera vraisemblable- ment le coût au final » termine Hervé de Maistre. F.LEROY 26 industriels de la construction fondent l’éco-organisme Valobat RECYCLAGE DES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 46 MILLIONS DE TONNES DE DÉCHETS À RÉCUPÉRER ET VALORISER « Le bâtiment génère 46 millions de tonnes de déchets par an, dont le coût de gestion actuel est de 3 milliards d’euros » indique Hervé de Maistre. Précision : les matériaux inertes (terre cuite, terre crue, ciment, pierre, céramique, ardoise, granulats et béton) représentent à eux seuls 30 millions de tonnes. Or, le taux de valorisation des déchets de la filière, de l’ordre de 69 % selon l’Ademe, concerne surtout ces matériaux, notamment les déchets de béton utilisés en remblais. En revanche, le taux de valorisation des produits du second oeuvre, est beaucoup plus faible, de l’ordre de 26 %. Et c’est donc là, que devront porter les efforts de chacun, à commencer par les acteurs du Bâtiment dont les pratiques devront changer en favorisant la collecte séparée, le réemploi et l’éco- conception.
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