BTR 500
BATIRAMA N°500 I DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 23 DOSSIERS CONSTRUIRE DURABLE SPÉCIAL 500 E cture et le gros oeuvre… ou pas C’est une innovation biosourcée de rupture. Elle apporte au bâti confort d’hiver et d’été et bilan carbone négatif, en valorisant des coproduits du bois, une ressource renouvelable. RE 2020 oblige, les prescripteurs sont déjà en train de se l’arracher. Et Lafarge a décidé de mettre des billes dans cette start-up pionnière du béton de bois (CCB Greentech) qui revendique néanmoins son indépendance. L’objet du délice ? Une technologie, issue de 15 ans de R&D, de 10 brevets, et déjà éprouvée sur une soixantaine de bâti- ments sans aucun sinistre. Ils utilisent un béton qui a remplacé le gravier et le sable par des granulats issus de bois de trituration labellisés PEFC, des déchets de bois d’œuvre à la fin jusqu’ici fatale. Outre ce matériau innovant, cette tech- nologie embarque aussi des principes constructifs et la livraison du granulat de bois auprès de pré-fabricants. Leurs sites sont en cours de déploiement dans l’hexagone pour une production aux portes du chantier. Atouts : préfabrication, pose rapide et de qualité, produit biosourcé à bilan carbone négatif, léger, très résistant au feu, isolation thermique répartie Points de vigilance : construction jusqu’à R + 7, procédé constructif perspirant à optimiser avec isolation et enduits rapportés présentant la même qualité : laine de bois, enduit chaux, etc. LE BÉTON DE BOIS Quels vont être les points de vigi- lance pour les entreprises lors de la mise en application de la RE 2020 ? Thomas Lemerle : L’importante nouveauté est que l’on va comptabi- liser l’impact carbone engendré par la construction des bâtiments. On appelle cette comptabilité carbone une analyse de cycle de vie (ACV). Ceci concerne tous les éléments constituant un bâti- ment : les lots architecturaux (matériaux de structure, second œuvre, etc.) mais aussi les équipements CVC et plombe- rie. Il va donc falloir s’assurer que les artisans mettent bien en œuvre les pro- duits couverts par les données environ- nementales* que les bureaux d’études (BE) carbone auront sélectionnés dans leurs études RE2020. Comment l’artisan va-t-il pouvoir vérifier que le produit ou maté- riau est bien concerné par la FDES sélectionnée par le BE ? En consultant la donnée environne- mentale* (FDES ou PEP) sélectionnée par le bureau d’études, l’artisan pourra connaitre les références produits cou- vertes par cette donnée. Pour facili- ter la tâche des entreprises et maitres d’ouvrages, les BE devront afficher l’ensemble des données utilisées donc leur calcul et identifier les données environnementales les plus sensibles (ex : donnée individuelle**, poids car- bone important, etc.). Pour connaître ces données, l’artisan devra consulter la base INIES*** disponible en ligne. Il devra s’approprier cet outil avec aujourd’hui quelques difficultés. D’une part, son ergonomie pas tout à fait adaptée aux acteurs non spécialistes. D’autre part, elle est encore exprimée en ACV statique, alors que la RE2020 est exprimé en ACV dynamique, ce qui change la valeur de l’impact carbone. Il est donc important que des outils numériques émergent pour faciliter d’une part la lecture et la compréhen- sion des données environnementales et d’autre part permette aux artisans de proposer des variantes équivalentes de manière autonome. *Données environnementales : document affichant l’impact environnemental (carbone notamment) des produits. Ce document se nomme FDES quand il s’agit des lots archi- tecturaux ou PEP s’il concerne les équipe- ments CVC, plomberie. ** Il existe différent type de données envi- ronnementales : - Les données individuelles expriment l’im- pact carbone d’une référence produit, - Les données collectives expriment l’impact d’un groupe de produit L’INTERVIEW DE THOMAS LEMERLE Ingénieur conseil Énergie / Carbone dans le bâtiment chez Pouget Consultants « Lecture de la RE2020 : les artisans ont besoin d’outils adaptés »
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