BTR 500

6 BATIRAMA N°500 I DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 ACTUALITÉ REPÈRES Jérôme Gutton, boulanger durant 12 ans, a repris l’entreprise d’électricité familiale après avoir obtenu son CAP d’électricien et bénéficié d’un accompagnement dédié aux repreneurs. R eprendre une entreprise, même familiale, nécessite un fort enga- gement et beaucoup de travail. Jérôme Gutton, repreneur de l’entreprise familiale éponyme, en sait quelque chose. Ses parents gèrent depuis 1988 la struc- ture artisanale, Gutton Electricité, loca- lisée à Brignais (69). Atteingnant l’âge de la retraite, Michel Gutton évoque son projet de cession de l’entreprise. Quant à son épouse et conjointe-collaboratrice, un peu plus jeune, elle désire travailler encore quelques années… Jérôme Gutton de son côté, travaille dans la boulangerie depuis 12 ans. Cette opportunité de ces- sion, annoncée par son père, le motive à tenter l’aventure de la reprise. La boulan- gerie lui impose en effet « des horaires de fous », six jours sur sept, et il estime qu’il est temps de tourner la page. Un CAP en électricité obtenu en deux ans « J’avais toujours un peu travaillé aux côtés de mon père, quand j’étais plus jeune, et j’aimais ce qu’il faisait. Mais je n’étais pas suffisamment armé, techniquement par- lant, pour me lancer dans une telle reprise » confie-t-il. Jérôme, alors âgé de 29 ans, décide de relever le challenge. L’opération de reprise durera au total 2,5 ans (avec un retard de plusieurs mois dû au Covid). Au préalable, il a dû se former et obtenir un CAP en électricité en deux ans. Et pour son projet de reprise, il suit une formation à l’Afabat (Association pour la formation dans l’artisanat du bâtiment), dans le cadre du REAB (Responsable d’entreprise artisanale du bâtiment). Elle se déroule pendant 56 jours sur un 1 an et demi, à raison de 2 jours toutes les deux semaines. Apprendre à gérer une structure artisanale La formation est concrète puisqu’elle aborde tous les aspects de la gestion de la structure artisanale : organisation, achat de matériel, gestion des chantiers et du personnel, communication… etc. « On apprend à regarder un bilan, les factures, calculer les prix de revient, négocier avec les fournisseurs, établir des devis, sans oublier les aspects juridiques » explique Jérôme Gutton. Ce dernier décrit un groupe de personnes soudées au sein de la forma- tion, et des liens amicaux se tissent avec les formateurs impliqués. Un accompagnement personnalisé pendant 6 mois avec l’ICRE C’est par la suite, qu’il rencontre les ser- vices de l’ICRE BTP du Rhône Capeb (Insti- tut du créateur repreneur d’entreprise) qui lui permettent de concrétiser les étapes de la reprise, pas à pas. Ce soutien de l’ICRE va durer 6 mois. Un dossier est monté avec l’appui du service et il rencontre les professionnels indispensables à l’opéra- tion de vente : juriste, avocat, assureurs, banques. Jérôme est donc prêt à gérer seul l’entreprise, avec un soutien de ses parents. L’opération de rachat financée par un prêt bancaire, a pu être menée à bien, avec les conseils des professionnels rencontrés. Dernière recommandation du jeune repreneur : « Il ne s’agit pas de mini- miser le prix du rachat, car ce genre d’opé- ration dite familiale est toujours scrutée par les inspecteurs du fisc qui craignent les donations déguisées » conclut-il. FABIENNE LEROY Jérôme Gutton, boulanger durant 12 ans reprend l’entreprise d’électricité familiale PORTRAIT Jérôme Gutton entouré de ses parents a pu reprendre sereinement l’entreprise familiale. 5 À 6 DEVIS PAR SEMAINE ET BEAUCOUP DE CHANTIERS À GÉRER POUR 2022 Michel Gutton, confiant, a annoncé qu’il quittait l’entreprise en décembre 2021, tandis que son épouse (et mère de Jérôme), continuera d’assurer la comptabilité jusqu’à sa retraite. « Mon père m’a soutenu sur la partie commerciale, notamment en faisant quelques devis sur les chantiers complexes. Ça m’a retiré une épine du pied, car mon apprenti et mon employé ne sont pas encore tout à fait autonomes ». Jérôme qui apprend également à devenir autonome, en tant que patron, sait que le travail sera intense. « On tourne à 5/6 devis par semaine et on gère beaucoup de chantiers » reconnaît le repreneur qui s’inquiète des pénuries de matériel, comme les disjoncteurs. Mais le nouveau gérant demeure confiant car l’entreprise est saine et la présence de ses parents l’a beaucoup aidé et motivé. « C’est une belle aventure surtout quand on est bien entouré comme que je l’ai été. Certes, on bosse énormément, et parfois le samedi aussi. Mais j’arrive quand même à souffler le week-end, ce qui n’était pas le cas dans ma précédente vie professionnelle », conclut le jeune patron.

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