flippingbook bati notre dame
9 collaboré avec les ateliers Desmonts, a précisé que les haches utilisées ont fait l’objet de recherches. "Plus de 60 haches de deux types ont été réalisées par les taillandiers pour tailler au plus près et reproduire les marques de l’époque. Le bois va jouer mais avec les bonnes pièces choisies et des assemblages bien ajustés, avec des chevilles en chêne, les charpentes ne poseront pas de problème dans 10 ans, quand elles auront séché." Les bois de la flèche étaient la partie de Patrick Jouenne, maître charpentier et “gâcheur” (c’est-à-dire responsable de projet) chez Le Bras Frères (Meurthe et Moselle) dans le cadre du groupement Le Bras, Cruard, MDB et Asselin. Littéralement habité par cette tragédie, il a été dès le jour de l’incendie persuadé qu’il œuvrerait à la reconstruction. Il a donc sans hésiter changé le cours de sa vie professionnelle en redevenant salarié, dans une entreprise qu’il ne connaissait pas, pour travailler à la charpente de la flèche ! Il se souvient du défi technique que représentait cet ouvrage très haut et composé d’un énorme volume de bois : "Il repose sur les 4 pieds du “tabouret”, élément essentiel car il porte 80 % de la flèche. Les pièces de bois sont très importantes, en section et en longueur. Nous avons travaillé sur les plans de 1858 de Viollet-Le-Duc, en collaboration avec les tailleurs de pierre, l’architecte et un bureau d’étude qui a calculé tous les assemblages pour que la charpente s’ajuste au plus près. C’était un chantier très complexe, j’ai dessiné 80 épures différentes, mais surtout il était hors norme. Et si le travail en atelier n’a pas posé de problème majeur, la principale interrogation portait sur la météo au moment de l’installation sur site." Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques en charge des charpentes, évoque les relevés à la main des charpentes médiévales réalisés en 2013 et 2014 avec un confrère, qui se sont révélés très utiles pour reconstituer les ouvrages avec fidélité : "Pas une pièce n’est identique car la géométrie sur laquelle la charpente repose n’est pas droite. Derrière l’apparente homogénéité des charpentes, connaître leurs infimes variantes infimes a permis de les restituer dans leur état du 13ème siècle à peu de choses près." L’équarrissage manuel a été retenu pour reproduire au mieux les bois de la nef et du chœur, très fins et élancés : " Pour ne pas que les charpentes se déforment, car on travaille du bois vert, il fallait absolument avoir le cœur au centre de la pièce. L’équarrissage manuel permet de suivre avec beaucoup plus de sensibilité les légères déformations du cœur. Ce sont autour de 2500 arbres qui ont été utilisés en tout. Ils ont été choisis très rigoureusement car les bois des 13 et 19ème siècles étaient de très belle qualité." Il salue le travail et le savoir-faire des forestiers pour conduire la forêt en futaies régulières, qui a permis de prélever des arbres exceptionnels, quasiment sans nœuds et avec des fibres d’une parfaite rectitude. Et la compétence des charpentiers, évoquant des belles rencontres humaines. Jean-Louis Bidet, directeur technique des projets aux ateliers Perrault qui ont Les charpentes, une histoire de savoir-faire
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc5MjEx