2,3 millions d’entreprises. C’est le poids de la nouvelle organisation patronale U2P, née de l’adhésion de l’Union nationale des professions libérales à l’Union professionnelle des artisans.

C’est officiel. Depuis le 17 novembre, l’UPA a accueilli en son sein l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) et devient pour l’occasion l’U2P, Union des entreprises de proximité.

 

Un évènement dans le monde patronal, puisque la nouvelle structure née du rapprochement des deux organisations va peser 2,3 millions d’entreprises, soit deux entreprises sur trois, 4 millions de salariés et générer un chiffre d’affaires de  582 milliards d’euros.

 

« Notre objectif est de placer les TPE-PME au centre de la scène économique et sociale nationale et peser sur les décisions publiques et les politiques, précise Jean-Pierre Crouzet, président de l’U2P, lors de la conférence de presse de présentation le 23 novembre.

 

2 entreprises sur 3 représentées par l’U2P

 

«  98% des entreprises françaises ont moins de 50 salariés, poursuit-il, mais seules 2% des orientations sont prises pour nos petites entreprises. Avec l’UNAPL, nous avons les mêmes intérêts à défendre, d’autant que nous représentons le maillage du territoire ».

 

Désormais l’U2P compte quatre composantes : les trois membres fondateurs, la Capeb (bâtiment), la CNAMS (métiers et services), la CGAD (alimentation de détail et hôtellerie-restauration), le nouvel arrivant l’UNAPL (professions libérales de santé, du droit et du cadre de vie et technique), auxquels il convient d’ajouter en tant que membre associé le CNATP pour les travaux publics et paysages.

 

Elle fédère au total 119 organisations professionnelles, parmi lesquelles, depuis le rapprochement, le Syndicat Architecture et Maîtrise d’œuvre (Synamome), l’Union nationale des économistes de la construction (Untec) et l’Union nationale des syndicats français d’architectes (UNSFA).

 

Construire le droit social avec les TPE-PME

 

Si Michel Chassang, le président de l’UNAPL nommé également vice-président de l’U2P, reconnaît qu’il n’a pas été simple de faire comprendre les points communs entre les professions libérales et les artisans, il voit dans cette alliance l’avantage de devenir un participant actif aux négociations interprofessionnelles.

 

« Notre organisation créée en 1977 était représentative dans le champ multi professionnel, mais cela ne suffisait pas pour être entendue. Il est insupportable de construire, par exemple, le droit social sans les TPE-PME. On veut inverser la tendance et à travers cette démarche d’union, nous allons améliorer la représentativité de nos entreprises».

 

Pour les vice-présidents de la nouvelle organisation patronale, représentants des différents métiers, l’évènement est d’importance. « On l’avait rêvé, c’est aujourd’hui une réalité, s’est enthousiasmé Patrick Liébus de la Capeb, rappelant le slogan « plus fort ensemble ».

 

« Les petits vont grandir ! »

 

Cette force va, par exemple, faciliter les négociations concernant le marché du travail ». Et d’ajouter avec la verve imagée qu’on lui connaît : « Finis les strapontins. Les petits vont grandir et les grands vont devoir s’y adapter ».

 

Une force qui sera bien utile dans les prochains mois car les dossiers ne manquent pas. Bien sûr il y a l’approche de l’élection présidentielle avec plus d’une dizaine de priorités fixées par l’U2P comme la fiscalité, l’orientation des politiques publiques sur les TPE, la concurrence loyale, la réforme du code du travail…

 

Mais il y a aussi des dossiers sur le feu, comme la mise en place d’une retenue à la source de l’impôt sur le revenu à compter du 1er janvier 2018, pour laquelle elle n’est pas favorable.

 

La question de la représentativité patronale... sur le feu

 

Mais le sujet le plus brûlant reste celui de la représentation patronale. Les organisations professionnelles d’employeurs doivent déposer un dossier d’ici le 16 décembre pour que soit mesurée leur audience (nouvelle mesure prévue dans la loi Rebsamen sur le dialogue social de 2014). Elle permettra dès 2017 d’établir la répartition des sièges dans les instances paritaires et celle des fonds de financement.

 

L’alliance des professions libérales aux artisans est donc, on l’aura compris, un enjeu de taille. Car, avec les 1,6 million d’entreprises libérales amenés dans la corbeille de la mariée, l’U2P pèsera davantage au sein des organisations patronales et pourra se faire entendre face au Medef et à la CGPME.

 

La nouvelle organisation, pour qui une meilleure prise en compte de ce qu’elle représente est essentielle, peut désormais faire sien le proverbe « l’union fait la force ».  

 

Légende photo : Michel Chassang, président de l’UNAPL et Jean-Pierre Crouzet, président de l’U2P

Source : batirama.com / Frédérique Vergne