La situation à laquelle est confrontée la peinture de bâtiment ressemble fort à une longue traversée du désert depuis 2009, année qui avait enregistré une chute catastrophique de ses ventes à -14%. Et même si les tendances positives s’étaient fait jour en 2011 (+ 5,8%) et 2010 (+ 4,1%), le secteur avait renoué avec une forte morosité, avec un recul de 2% des ventes de peintures (hors exportation), entre 2012 et 2013.
L’année 2014 n’a guère été mieux lotie, le marché de la peinture de bâtiment étant resté atone, à -2% par rapport à 2013. Il est vrai que la conjoncture économique est toujours difficile, avec des marchés qui sont tous en recul, une pression réglementaire croissante, une grande fragilité financière des clients, accompagnée de leurs lots de difficultés de paiement, voire de la fermeture de nombreuses entreprises du secteur…
A cela s’ajoutent des difficultés récurrentes dans tous les secteurs sous la pression de la chute de la construction neuve et d’une crise qui sévit aussi en rénovation où les travaux de peintures ne sont pas jugés prioritaires et subissent le report des investissements.
Sur ce marché en difficulté, les peintures mates, qui représentent environ 40% du marché de la décoration intérieure, tirent leur épingle du jeu et accroissent leurs parts de marché. Il faut dire qu’elles affichent des atouts et que de gros progrès techniques dus à une Recherche & Développement très active, permettent aujourd’hui aux fabricants de proposer des produits non seulement lavables, mais aussi lessivables, grâce, par exemple, à l’introduction de charges fines et résistantes dans leurs formules.
©Guittet
Par ailleurs, on note l’importance grandissante de la phase aqueuse, non seulement en raison de la règlementation de 2010, qui a limité l’usage des phases solvantées, mais aussi en raison de la conjugaison d’une prise de conscience des entreprises au niveau de la santé de leurs applicateurs et d’une demande grandissante de la part des clients.
Et si la phase solvantée existe toujours, ce n’est que pour des applications très particulières et ponctuelles, dues à leurs caractéristiques d’isolation après des dégâts des eaux ou d’incendie ou encore une volonté farouche de la part de certains anciens professionnels qui lui restent fidèles.
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AVIS D’UN REPRÉSENTANT DE SYNDICAT
Stéphane Seurt, responsable marketing Allios - Division Soframap, société membre du Sipev* |
Quelles sont les grandes tendances prévues pour 2015 ?
On note en premier lieu un basculement du mat vers le “velours”, qui associe la profondeur de teinte du mat à l’aspect soyeux, mais surtout la lessivabilité et l’absence de lustrage du satiné. C’est ainsi que le velours, qui représente 30% du marché, a fait un bond de 10% pour la seule année 2014 par rapport à 2013, au détriment du satiné et du mat.
Mais 2015 semble surtout dessiner une nette avancée des peintures à fonction, qui ne se limitent plus à un rôle décoratif et adoptent une véritable fonction, telle que la dépollution de l’air intérieur et la capture de particules nocives, notamment celles du formaldéhyde. Les peintures deviennent ainsi antibactériennes, antimicrobiennes, anticondensation, antimoisissures, voire isolantes.
Ces résultats performants peuvent être obtenus au niveau des liants ou bien des additifs. Ce sont ces peintures d’un nouveau genre qui devraient d’ailleurs permettre de renouer avec une croissance positive que l’on estime entre +3 et +5%. Rappelons en effet qu’un décret d’application issu du Grenelle de l’Environnement prévoit une entrée en vigueur progressive, échelonnée entre 2015 et 2023, de l’obligation de la surveillance de l’air intérieur dans les lieux accueillant du public, selon le type d’établissement. Un décret qui nous est, bien sûr, favorable !
Qu’en est-il des peintures à base de composants biosourcés dans ce contexte ?
Si les peintures “naturelles” ont soulevé un engouement certain auprès du grand public, ce n’est guère le cas du côté des professionnels du bâtiment chez lesquels la demande se fait très peu sentir.
Elles représentent d’ailleurs moins de 1% du marché du bâtiment. En outre, les performances des liants biosourcés n’ont pas encore atteint ceux de leurs homologues de la pétrochimie, notamment au niveau de la blancheur, des temps de séchage rallongé ou du risque de jaunissement dans le temps.
*Syndicat National des Industries des Peintures, Enduits et Vernis
A cela s’ajoutent les référentiels établis par les organismes de contrôle et de certification, type Label Pure ou référentiel Ecocert, des peintures et produits de revêtement écologiques d’origine naturelle, constituant des documents techniques de droit privé sous leur seule responsabilité. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer au règlement Reach ni à l’avis du CNC.
* Reach est l’acronyme anglais pour “Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals” , soit, en français : système d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques.
Photo d'ouverture : ©Sikkens