Les enduits chaux sont parfaitement adaptés aux supports anciens, hétérogènes et fragiles. Ils entrent aussi, pour une part négligeable, dans le neuf, par le biais des éco-constructions aux murs « respirants » à base de matériaux naturels (paille, terre, bois, chanvre), et parfois par la voie de l’ITE (sur un béton de chanvre isolant, par exemple), où l’on note une augmentation des revêtements minéraux et à la chaux aérienne.
Les ventes d’enduits à la chaux ont connu une légère embellie en 2012, puis se sont beaucoup ralenties. Elles collent au marché de la rénovation de patrimoine ancien. Plutôt stable (en augmentation d’environ 2 % par an depuis 2008), celui-ci reste dynamique dans les pôles urbains historiques, sous influence des prescripteurs.
ABF, architectes du patrimoine et des monuments historiques poussent à l’utilisation de produits à la chaux traditionnels, mis en œuvre manuellement, dans le respect du patrimoine.
Les entreprises spécialisées monuments historiques et nombre d’artisans maçons possèdent le savoir-faire nécessaire pour appliquer manuellement des enduits qu’ils fabriquent sur chantier. Ils choisissent et assemblent selon leur propre recette les chaux naturelles, les charges minérales et les adjuvants, pour adapter leurs enduits au type de support, à l’environnement climatique et à l’usage.
Cependant, dans le cas d’un chantier de taille importante, ces mêmes professionnels adoptent sans complexe une mise en œuvre à la machine (qui induit une perte de matière). Ils se tournent alors vers des produits à la chaux aérienne spécialement formulés pour être mécanisables.
Compatibles avec la grande majorité des supports, ces enduits remplissent souvent plusieurs fonctions (de la préparation du support à la finition, avec diverses finitions possibles). Ce sont des « prêts à gâcher » incluant des sables standardisés, ou des chaux formulées, auxquelles il faut ajouter des sables, de préférence locaux, pour retrouver la couleur du bâti local.
Plus faciles à utiliser que les produits traditionnels pour une main d’œuvre moins qualifiée, ils sont de plus en plus utilisés, qu’ils soient posés à la machine ou à la main (mal doser la chaux peut induire fissures et décollements). La mécanisation a augmenté la productivité des chantiers, en raccourcissant les délais d’application et de séchage. Elle a aussi permis à des façadiers moins qualifiés d’accéder au marché de la rénovation. Pour le meilleur et pour le pire ?
Sous forme de chaux naturelle ou de liant formulé, l’enduit chaux respecte le bâti ancien : perméable à la vapeur d’eau, il permet au support de « respirer », évitant à l’humidité de rester dans le mur.
Son prix est raisonnable, compte tenu de ces atouts. Le prix fourni-posé est très variable (entre 40 € et 130 €/m2, voire au-delà), en fonction de l’état préalable du support, de l’épaisseur de l’enduit, de la finition souhaitée, de la hauteur de l’ouvrage, de l’accessibilité du chantier, etc. On peut mettre en avant son prix global (charges minérales et adjuvants inclus) et son bilan carbone intéressant (encore moins lourd, pour une chaux mélangée sur site avec des sables locaux).
©Lafarge
Sur quels segments de marché vous positionnez vous ?
Les fabricants de chaux naturelles produisent surtout pour la restauration du patrimoine, mais répondent dans le même temps à la forte demande en produits formulés (par exemple, Saint Astier produit 110 000 tonnes de chaux par an. 80 % sont destinés à la restauration et 25 000 tonnes de mortier de chaux prêt à l’emploi, pour la reconstitution de pierre et la construction neuve).
Du côté des fabricants de mortier hydraulique, sur les 90 000 tonnes d’enduits à base de chaux commercialisées en 2015 par les principaux industriels, environ les trois quarts étaient destinés à la rénovation (source SNMI).
Quelles ont été les évolutions majeures de ce marché ?
La mécanisation de la mise en œuvre est la principale évolution. Elle a été favorisée par le manque de main d’œuvre qualifiée, le besoin de réduire les délais de mise en œuvre et l’amélioration des conditions de travail. Les chaux formulées mécanisables se sont développées, poussées par les industriels initialement positionnés sur le neuf, qui se sont tournées vers l’ancien, suite à la baisse de la construction neuve.
Comment qualifier les enduits d’aujourd’hui ?
Les chaux hydrauliques naturelles pures connaissent un regain d’intérêt. Après une chute sévère liée à l’apparition des liants adjuvantés (qui remonte déjà à plusieurs décennies), les volumes de vente sont stables. Leur mode de production actuel offre une bonne constance de leur qualité. Les enduits prêts à gâcher se sont constamment améliorés. Plus performants qu’il y a 20 ans (onctuosité, oeuvrabilité, accroche, tenue, …), ils sont aussi d’un usage plus confortable (moins de poussières).
Le panel de granulométrie et de coloris s’est beaucoup élargi et leur qualité est garantie. Les efforts actuels portent surtout sur le conditionnement, avec des sacs moins lourds, une signalétique plus efficace et des modes d’emploi simplifiés, accessibles à tous les usagers.
Comment seront les enduits chaux de demain ?
Les produits formulés vont à la fois vers plus de technicité et de polyvalence (enduits monocouche, enduits isolants, assainissants, dépolluants, …). Ils seront assurément de plus en plus « verts » (moins d’adjuvants de synthèse, des charges renouvelables, un meilleur bilan carbone).
(*BCB, Socli, St Astier, VPI, Parex, Weber)
©Saint-Astier
La mise en oeuvre et la composition des enduits dits “traditionnels” sont réglementées par la norme NF P 15-201 / DTU 26.1. Le chapitre 11 “exécution sur maçonneries anciennes montées aux mortiers peu résistants” présente les techniques manuelle et mécanique. Le tableau IX définit les dosages admis pour les liants. La mise en œuvre manuelle est réalisée en trois couches d’enduits avec des mortiers dont le dosage en liant est dégressif : un gobetis d’accrochage (dosé entre 400 et 450 kg/m3) ; un corps d’enduit (dosé entre 250 et 350 kg/m3) ; une couche de finition (dosée de 200 à 300 g/m3).
La mise en oeuvre mécanique est réalisée en deux couches, par projection du corps d’enduit et de la finition. Le Cahier des Charges du produit complète les éléments du DTU 26.1.
Caractérisation des chaux
Les chaux utilisées dans ces enduits sont définies par la norme NF EN 459 - Chaux de construction (dernière mouture entrée en application le 22 mars 2012) :
Les chaux aériennes : CL-90-Q ou CL-90-S
Les chaux hydrauliques : NHL 2 ou 3,5 ou 5
Celles à éviter dans le bâti ancien
Les NHL 5, trop rigides ; les NHL Z, chaux hydrauliques avec adjuvant ciment, rigides et imperméables ; les chaux HL (Hydrolic Lime), qui n’ont pas une base naturelle.
Remarque : L'appellation "chaux blanche" peut être, selon les fabricants, de la CL90, de la NHL 3,5 ou de la NHL Z 3,5.
PRODUITS
I.Design Cent % Finition par Socli Souple et onctueux, ce mortier de chaux hydraulique naturelle, sables naturels et additifs spécifiques est étudié pour restaurer des enduits sur supports naturels (pierres, terre, briques anciennes et/ou friables), ou pour appliquer sur supports neufs naturels, tendres à durs. Il existe en versions Sable (avec sables naturels) ou Pigmenté. 32 teintes et différentes granulométries sont proposées. Permet de réduire les remontées d’humidité dans les murs. Formulé pour être appliqué à la machine à projeter. Sac de 30 kg. | |
Weber.Cal F par Weber Appliqué manuellement sur supports anciens extérieurs et intérieurs, cet enduit de parement épais (5 à 7 mm) permet aussi de rejointoyer des pierres. Composé de chaux aérienne additionnée d’une faible quantité de liants hydrauliques, de sables siliceux et calcaires et de pigments minéraux, il convient également aux supports neufs. Temps hors d’eau : de 3 à 8 heures (à +20 °C). Consommation : de 11 à 15 kg/m2 en finition taloché-feutré ; de 15 à 17 kg/m2 en finition gratté-fin. 4 à 5 l d’eau par sac de 25 kg. | |
Parlumire fin par Parexlanko Cet enduit de restauration à la chaux, teinté dans la masse, assure la couche de finition des enduits traditionnels (sur Parlumière Clair), mais aussi le rejointoiement des briques et pierres de parement. Riche en chaux aérienne (280 kg/m3), ce liant chaux hydraulique naturelle contient des pigments minéraux et des sables calcaires et siliceux de granulométrie 2,5 mm maximum. Application manuelle ou mécanique. Tous aspects de finition. Consommation : 1,4 kg/m2 par mm d’épaisseur. 5,5 à 6,7 litres d’eau par sac de 30 kg. | |
Renojet MG et FTG par VPI : Finition traditionnelle Cette chaux grasse convient aux façades et murs intérieurs de tous types de bâtiments, utilisée en parement, corps d’enduit, jointoiement et maçonneries de pierres, y compris les pierres anciennes montées au mortier peu résistant. Elle peut notamment se substituer à Rénojet Clair VPI pour réaliser le corps d’enduit. Disponible en grain fin ou moyen, en 60 teintes. Consommation : de 6 à 11 kg/m2/mm selon la finition (enduit gratté, taloché, brut ou écrasé). Sac de 30 kg. | |
Crualys par Lafarge 100 % naturelle, sa blancheur met en valeur la coloration naturelle des sables. Son temps de prise initial très lent et sa grande maniabilité offrent de nombreuses possibilités de finition (lissé, taloché, brossé, ...) et une compatibilité avec tous les supports, même les plus tendres (adhère sur la terre). Elle permet la réalisation traditionnelle de corps d’enduit, d’enduits décoratifs extérieurs et intérieurs (avec une option granulat chanvre), de badigeons, le jointoiement et la maçonnerie. Sacs de 25 kg. | |
Tradical Thermo par BCB-Tradical Formulée avec une nouvelle chaux et couplée à la chènevote Chanvribat, cette solution multivalente permet de réaliser murs, doublages, toitures et combles isolants, en neuf et en rénovation. Comparé à un béton de chanvre classique, elle économise 70 % de temps sur la montée en puissance des performances mécaniques (28 jours au lieu de 90) et 15 % de temps de séchage. Avec 15 % de matière première en moins, elle allège les charges sur les structures et fondations, elle s’applique sur des épaisseurs réduites et une meilleure performance énergétique (+ 15 % de λ). Sacs de 18 kg. | |
Color Chausable par Saint-Astier Formulé pour la restauration du bâti ancien, ce corps d’enduit blanc se compose de chaux hydraulique naturelle pure additionnée de charges minérales et d’adjuvants. Souple et onctueux, il est appliqué par passes successives de 2 cm sur mur intérieur et extérieur, ancien ou en brique monomur.Projeté à la machine ou à la truelle, il consomme 1,8 kg/m² par mm. Epaisseur minimum1,5 cm et maximum 10 cm (de façon ponctuelle). Nuancier de 50 coloris. 5 à 6 litres d’eau par sac de 25 Kg. Livrable en big bag également. | |
Legacalce A par Vega Industries Il s’applique en finition mince à l’intérieur comme à l’extérieur. Sur des façades anciennes revêtues d’un enduit extérieur en plâtre, ou plâtre et chaux, il permet de rectifier des défauts de planimétrie, d’aspect, ou de porosité. Blanc ou teinté dans la masse, il sert également à préparer les fonds pour recevoir le badigeon de chaux Legastyl (taloché, lissé, effet «béton ciré », …). Consommation : 1,5 kg/ m²/mm d’épaisseur. Sac de 20 kg. | |
PRB Belle Époque par PRB En décoration, ce produit peut s’appliquer en extérieur ou à l’intérieur, dans le neuf et l’ancien. Il est aussi utilisé en enduit à pierres vues et en rejointoiement de maçonneries. Mélange de chaux aériennes et hydrauliques, de sables de carrière roulés et calibrés, de pigments minéraux et d’adjuvants, il est réalisé manuellement ou par projection mécanique (16 à 17 kg/m² pour 8-10 mm d’épaisseur). Existe en Grain Moyen ou Fin. La version Alpha Plus permet des teintes soutenues et foncées en façade. 100 nuances et tous types de finition. Sac de 25 kg. |
Concernant les chaux FL, leurs compositions sont notées sur le cartouche CE (% CL, % K Klinker constituant du ciment...). Pour les prêt à l'emploi, il n'y a pas de normes comme pour les liants, la seule façon de savoir s'il y a du ciment dans le produits c'est en regardant la FDS (fiche de données de sécurité). Beaucoup parlent de chaux aérienne en volume ou en teneur en chaux car la densité est de 0,6, ce qui, en poids fait baisser le % de chaux de presque moitié par rapport à la densité du ciment qui est de 1.
Il est utile de préciser que tous les enduits à la chaux ne sont pas produits par des industriels adhérents au SNMI. Certains comme la Société C.C.M. (TILIA MIX P) sont très en avance et proposent des mortiers de parement et d'imperméabilisation à la chaux très innovants dans leurs modes de mise en œuvre.
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Dans la Norme EN 998.1il y a deux volets : -Un concernant les Chaux Aériennes (CL ET DL) -Un autre concernant les Chaux avec des propriétés hydrauliques (NHL, FL, HL) : S’il est facile et simple de démontrer que pour les NHL leur Hydraulicité provient et résulte de la cuisson de leurs pierres issues de leur gisement calcaires siliceux ou argileux (marnes). Découverte de Monsieur Vicat au début du XX -ème siècle suivie quasi immédiatement dans des usines dédiées « modernes » (début de l’ère industrielle) à leur production en masse aux moyens de dispositifs spécifiques, repris plus tard en 1910 (arrivée du four rotatif) pour celles des ciments de clinker. Par ailleurs Il n’est pas toujours possible de retrouver dans les FDS des Chaux (FL, HL) leur composition exacte. Car par exemple une FL (déclaration de composition obligatoire) peut cacher une addition substantielle de Clinker ou de Ciment de Clinker en donnant comme liant à la place de la NHL qui contient du Clinker de ciment (C2S et C3S). Il est possible aussi de passer de FL en HL et donc de taire une composition d’une chaux. Retrouver le liant Romain (disparu très certainement après la chute de Constantinople) ; pas facile car la réaction pouzzolanique bien que rapide présente un caractère Topotactique » (pas d’échauffement du milieu réactionnel) (très peu ou pas de retrait) ce qui est le contraire des liants modernes. Pourtant il apparait aujourd’hui comme une vérité incontestable que les romains (Vitruve) ne possédaient que de la CL (éteinte en pâte = conservation sous eau de plusieurs années) mélangée à de la pouzzolane ; presque toujours de la brique pillée vue l’étendue de l’empire. A partir de ce liant on obtient des mortiers performanciels utilisables tant en enduits que bétons, maçonnerie etc. encore intacte de nos jours même dans l’eau de mer (port de Cesare etc..). Ces mortiers performanciels constituent une « ligne rouge » dans tous les édifices des romains pérennes car ayant résistés aux intempéries et donc encore visibles de nos jours (et pour longtemps encore) après 2000 ans d’existence. (Ce qui n’est pas le cas des ouvrages modernes abandonnés seuls aux intempéries).