Ces Trophées récompensent le parcours de jeunes gens, filles et garçons, en formation en alternance dans les métiers du BTP.
Quatre d’entre eux (sur cent participants) ont été nominés par le jury grâce à leurs témoignages écrits convaincants. Ils ont su décrire leur implication dans le métier et quelques bonnes pratiques professionnelles transmises par leur formateur / tuteur qui les ont marqués (bonnes pratiques de chantier, gestes techniques, règles de sécurité, chantiers propres…).
Les maîtres d’apprentissage ont, en effet, un rôle capital à jouer dans la transmission de leur savoir-faire. Le 1er prix (le Trophée Apprenti d’Or) récompense d’ailleurs, outre l’apprenti, son maître d’apprentissage cité dans son témoignage…
"Je m'appelle Sébastien, j'ai 21 ans et mon parcours n'a pas commencé lors de mon début d'apprentissage mais bien avant... Depuis tout petit, j'ai toujours aimé le bois. Pourquoi ? Dans mon enfance je suivais déjà, les jours où je n'avais pas d'école, mon grand père qui me faisait découvrir l'entreprise familiale et sa passion pour les métiers du bois.
Ce matériau chaleureux et vivant, fait qu'aujourd'hui j'ai le plaisir de me lever chaque jour pour le travailler à mon plus grand bonheur ! C'est donc après une 3ème générale que le sujet s'est éclairci. J'ai pris la voie de l'apprentissage en commençant dans l'entreprise (Les Ateliers Perrault Frères, situés à Saint Laurent de la Plaine dans le Maine et Loire) par la menuiserie.
J'ai fait mon CAP puis mon BP avec le CFA BTP du Maine et Loire. Puis j’ai fait un CAP charpentier en une année pendant laquelle j'ai participé au concours « Un des Meilleurs Apprentis de France » grâce auquel j'ai obtenu les 3 médailles d'or (départementale, régionale et nationale).
Je suis actuellement en 2ème année de BP charpentier. Je remercie tous ceux qui m'accompagnent dans l'apprentissage de ces beaux métiers du bois en m'apprenant les gestes des « anciens » et ceci, dans les règles de l'art ! Je remercie également mes parents et ma famille qui m'accompagnent et me poussent sans quoi je n'aurais peut être pas abouti certaines choses !
J'ai la chance de travailler sur des monuments d'exception tels que des églises, des châteaux ou bien d'autres monuments historiques dans toute la France ! J'ai, entre autres, travaillé sur un clocher tors.
Cette caractéristique est assez rare et est représentée en Europe sur environ 90 clochers, celui de Puiseaux (Loiret) figurant parmi les plus réguliers et les plus élevés. La tour est coiffée d'une flèche torse de 1/8ème de tour d'une trentaine de mètres de hauteur, ce qui met le coq à 66 mètres au-dessus du dallage du choeur.
Cette dernière est constituée par 8 enrayures reliées en leur centre par le poinçon. La torsion accidentelle de ce poinçon au séchage a entraîné celle de toute la flèche car aucune pièce de bois oblique ne s'opposait à ce mouvement.
Il est bien certain que l'architecte n'a pas voulu cette torsion. En effet, les charpentiers ont bien taillé tous leurs assemblages d'équerre, si bien qu'aujourd'hui les tenons « baillent » dans les mortaises et les chevilles ont été rompues.
La torsion a donné une position oblique aux arêtiers et aux chevrons. De ce fait, la hauteur de la flèche a diminué de quelques décimètres. Comme le poinçon, lui, n'a pas raccourci, il a donc subi une traction très importante vers le bas et a brisé les enrayures qui ont la forme de cônes inversés très évasés.
Cette rupture a permis au clocher de conserver une forme harmonieuse et régulière. Tout est visible donc, il suffit de regarder : la torsion du poinçon, l'abaissement du centre des enrayures, la déformation des assemblages.
Pour m'apprendre ce métier à risques, l'exercer en toute sécurité et avec les bons gestes au quotidien, je n'ai pas qu'un seul maître d'apprentissage. Au sein de l'entreprise il y a plus d'une trentaine de charpentiers et je les remercie pour leur passion qu'ils me transmettent tout en prenant le temps d'expliquer les difficultés.
Un jour peut-être, j'espère que moi aussi je transmettrai à mon tour le savoir-faire et les techniques de la charpente à d'autres apprentis, car c'est ce que je conseille aux jeunes. Pour moi l'apprentissage est le meilleur moyen pour apprendre un métier, la voie de l'excellence. Je continue mon parcours afin d'apprendre tout au long de ma carrière !
Le Trophée Apprenti d’Argent distingue Killian Herbert, 17 ans, en 1ere année de BP menuisier au BTP CFA Manche de Coutances (50200). Bien que ses professeurs d'école ne l’aient pas encouragé dans la voie de l’apprentissage au départ, Killian a su imposer ses choix à force de ténacité. Soutenu par son patron, Serge Lejette, Killian a su trouver sa place en bénéficiant des précieux conseils des maîtres d’apprentissage rencontrés, notamment en matière de sécurité. Son responsable lui a, par exemple, appris à porter régulièrement un casque anti-bruit lorsqu’il meule ou quand il scie…
Je m’appelle Killian Herbert, j’ai 17 ans et depuis septembre 2014 j’ai commencé un apprentissage en menuiserie au CFA du BTP de la Manche. Pourtant ce projet d’apprentissage n’était pas gagné du tout, surtout lors de la 4e et de ma 3e au collège.
Mes professeurs et mon directeur étaient totalement contre ; ils me disaient que cette filière était destinée au élèves en difficultés « les nuls » comme ils disaient, et que vu mon niveau j’avais largement les capacités de faire un bac pro en menuiserie (sans alternance).
Mais moi, je savais ce que je voulais : c’était l’alternance. A force de les écouter je commençais à douter et me demandait s’ils n’avaient peut-être raison. Mais grâce au soutien de mes parents et de la personne qui sera mon futur patron, j’ai réussi à atteindre ce que je voulais réellement faire : l’Apprentissage.
J’ai donc signé un contrat d’apprentissage de deux ans dans l’entreprise Serge Lejette, pour effectuer un CAP menuisier fabricant. J’ai débuté les premiers jours dans l’entreprise le 1er septembre 2014.
Mon arrivée dans l’entreprise s’est faite assez naturellement car mes collègues étaient sympathiques et très pédagogues. Je suis directement allé en chantier avec Nicolas Gille poser une cuisine. Nicolas m’a apporté énormément de conseils par son organisation dans son travail.
Je travaille très souvent aussi avec Jordan Paignon. C’est un ancien apprenti du BTP-CFA de la Manche et qui est maintenant embauché. Il m'a beaucoup aidé aussi grâce à des techniques de travail qu’il a pu apprendre lors de son apprentissage.
Lorsque j’ai un doute, je peux leur demander des conseils ou des techniques pour faciliter mon travail en autonomie. Mon patron et mes maitres d’apprentissage sont très à cheval sur le travail propre. Ce qui m’oblige à toujours m’approcher de la perfection lorsque j’effectue un ouvrage quelconque.
Par exemple, lors de la pose d’une fenêtre, Jordan m'a toujours appris des techniques pour enlever l’ancien bâti en bois sans trop abîmer la tapisserie ou la peinture, pour bien préparer la venue de la nouvelle fenêtre (enlever toute la poussière préparer le passage des câbles électriques…), bien placer le bâti d’aplomb et de niveau, trouver les vis adaptées au mur (ex : mur en pierre : vis express à béton ou mur en brique : vis et chevilles).
Mais aussi au moment de la finition, il me conseille de coller un bande cache sur la fenêtre et sur la tapisserie pour mettre du silicone ou de l’enduit. C’est grâce à toutes ces techniques et aux conseils de Jordan que je suis désormais capable de poser une fenêtre seul.
C’est bien beau de travailler rapidement et proprement mais si la sécurité n’est pas présente, cela ne sert à rien. Heureusement, Jordan sait faire les deux.
Par exemple, pour porter une fenêtre assez lourde quitte à perdre 5 minutes, il préfère enlever les ouvrants pour que ce soit moins lourd et il insiste toujours pour que je mette un casque anti-bruit lorsque je meule, scie…
En juillet 2016, j’ai acquis mon certificat d’aptitude professionnel, ce qui a récompensé 2 ans de travail intense. Je remercie tous les collègues pour avoir pris le temps de me former à ce magnifique métier de menuisier.
Le 1er septembre, toujours dans la même entreprise, j’ai débuté un Brevet Professionnel en 2 ans. J’espère que ces deux ans seront aussi passionnants que mes deux premières années.
Le Trophée Apprenti de Bronze met à l’honneur José Mendes-Perriod, 15 ans, qui prépare un CAP Pro Elec au BTP CFA Ain à Bourg-en-Bresse. José a voulu devenir électricien car, écrit-il, « tout ce que j’aime est réuni dans ce métier, c’est-à-dire le travail manuel, en équipe ou bien même en autonomie et la relation client est très importante ». Il a su établir une relation de confiance avec son maître d’apprentissage, l’entreprise Charpigny Elec basée à Jujurieux, qui lui a très vite appris à se servir des machines, dès son arrivée. José voudrait poursuivre sa formation en BP « pour se spécialiser en construction ou rénovation de maisons ou d’appartements ».
Bonjour, je m’appelle José Mendès-Perriod, j’ai 15 ans, je suis en première année de CAP « Préparation et réalisation d’ouvrages électriques » au CFA du BTP à Bourg-en Bresse.
Au départ, cela n’a pas été facile de choisir dans quelle direction m’orienter car depuis déjà tout petit j’ai grandi avec ma mère qui tenait un magasin de fleurs .Ce métier me passionnait. J’adorais travailler manuellement et j’aimais la relation avec les clients, ce jusqu’au jour où les évènements se sont compliqués .L’entreprise de ma mère a alors fait faillite. Cela m’a fait comprendre que la vie n’est pas rose tous les jours.
Après avoir mûrement réfléchi, il n’y avait qu’une seule chose qui me revenait à l’esprit : c’était l’électricité. Tout ce que j’aime est réuni dans ce métier ; c’est à dire le travail manuel, en équipe ou bien même en autonomie et la relation client très importante dans toute entreprise.
Ma mère était totalement pour car elle souhaitait que j’exerce un métier qui me plaise. En revanche, cela ne fut pas aussi simple avec mon père qui était catégoriquement contre et voulait que je fasse des études plus poussées car il trouvait que l’apprentissage était « fait pour les nuls » comme il le disait si bien.
Quoi qu’il en soit, je ne voulais en aucun cas croire ce qu’il me disait. J’ai donc décidé de ne pas choisir quelque chose que j’aurais regretté et je suis alors devenu apprenti électricien.
Je n’ai pas eu beaucoup de mal à trouver un patron car j’ai fait un stage d’une semaine en 3ème dans l’entreprise de Monsieur Charpigny, électricien à Jujurieux à côté du lieu où j’habite. Comme il était content de moi, je me suis tourné vers lui pour savoir s’il acceptait de bien vouloir me prendre en apprentissage et la réponse fut oui.
C’est un très bon patron qui a beaucoup d’expérience dans ce métier qu’il exerce avec une passion ainsi qu’une énergie contagieuses. Son aide m’a été précieuse car les risques sont très présents dans ce métier. Il est donc essentiel de connaître la bonne attitude à adopter dans différentes situations.
Par exemple lorsque je suis arrivé dans l’entreprise en tant qu’apprenti, il m’a immédiatement appris à me servir des machines ; notamment le perforateur qui, s’il n’est pas bien tenu, peut rapidement vous blesser la main ou gravement l’endommager.
Il m’a expliqué que selon la position que je tenais, mes points d’appui étaient tout à fait différents ainsi que la prise en main de la machine. Cela me sert beaucoup : grâce à cela, je peux maintenant mieux maîtriser la force ainsi que la précision que j’apporte à chaque travail individuel ou collectif.
Je m’investis fortement au CFA parce que tout ce que l’on apprend en enseignement général, technologie, PSE (prévention santé et environnement) ou en atelier m’aide à mieux comprendre mon métier et par la même occasion à mieux travailler.
Par exemple, les maths me servent pour les calculs de mesures pour les cloisons et l’atelier et la technologie m’apprennent les bases fondamentales du métier que j’exerce.
Ce métier me plait beaucoup car chaque jour est différent. J’apprends tout le temps de nouvelles choses ainsi que la logique dont il faut faire preuve dans certaines situations de travail grâce aux conseils avisés de mon maître d’apprentissage.
Je suis très content d’avoir choisi cette voie car cela me sert à progresser dans la vie de tous les jours. J’envisage de faire un BP dans l’espoir de me spécialiser en construction et en rénovation de maisons ou d’appartements. Je ne souhaite pas pour le moment devenir chef d’entreprise. Néanmoins, j’aimerais plus tard transmettre à mon tour mon expérience et ma passion à d’autres apprentis.
Vous allez lire le récit d’une fille âgée de 23 ans qui, malgré tous les obstacles rencontrés, travaille et travaillera toujours dans le domaine du bâtiment. S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de cette histoire, ça serait qu’il y a toujours une part d’imprévisible dans ce qu’on prévoit, à nous d’être souple et de s’adapté pour atteindre notre objectif.
Après avoir fait un stage découverte au CFA BTP de Pont-à-Mousson, je souhaitais m’orienter vers un CAP peintre en bâtiment après ma 3ème. Malheureusement, mon père (qui est du Bâtiment) a été défavorable à la perspective de laisser sa fille de 15 ans dans un milieu masculin et il me refusa cette option. J’ai donc été dans une classe spécialisée dans les arts-plastiques au lycée Henri Poincaré à Nancy.
Mes projets ayant mûris quant à mon futur métier, j’ai choisi de passer un bac général Economique et Social, avec pour objectif d’acquérir un maximum de notions dans la gestion économique, qui m’aideraient par la suite à diriger une entreprise dans le bâtiment.
Après l’obtention du baccalauréat, 2 options se sont offertes à moi : faire un BTS responsable de chantier fortement approuvée par la conseillère d’orientation ou faire un CAP peintre en alternance.
La première proposition n’était pas concevable pour moi, car on ne peut pas diriger des ouvriers qualifiés et résoudre les problèmes rencontrés sur un chantier sans un minimum de formation dans le bâtiment. C’est pourquoi j’ai décidé de choisir l’apprentissage du métier de peintre.
Je ne cache pas que la recherche d’un maître d’apprentissage a été très difficile, c’est pourquoi encore aujourd’hui je reste extrêmement reconnaissante envers monsieur Kaltenbach Vincent qui m’a permis d’avoir un métier.
J’ai donc débuté ma formation CAP (juillet 2011) pour une durée d’un an, au lieu de 2 car j’avais mon Bac. A la place d’aller en cours de français, mathématiques, histoire, je me rendais en atelier pour rattraper mon retard par rapport aux autres apprentis de la classe.
Ayant pour but de prouver que j’étais capable d’obtenir mon CAP en 1 an, j’ai beaucoup travaillé ma pratique. Au bout de 6 mois, mon responsable d’atelier me proposait de m’inscrire aux olympiades des métiers. A la fois très étonnée, mais ravie, j’ai participé à ce concours et j’arrivai 3ème de Lorraine. A la fin de l’année, j’ai obtenu mon CAP peintre en étant lauréate en note professionnelle.
Etant bien partie dans le monde du bâtiment, j’ai poursuivi ma formation avec un Brevet Professionnel (de 2012 à 2014) toujours dans la même entreprise. J’ai eu la chance d’être à nouveau lauréate de ma promotion, et d’être embauchée en CDI par mon patron (septembre 2014).
Dès lors, mon rôle dans l’entreprise a évolué : je suis passé de simple main d’oeuvre exécutive à ouvrière qualifiée ayant des responsabilités autant sur les chantiers qu’au niveau administratif.
Malheureusement, la loi du marché et charges à payer étant ce qu’elles sont, d’un effectif de 5 personnes, nous avons été réduits à 2. J’étais devenue la dernière épaule sur laquelle monsieur Kaltenbach pouvait s’appuyer.
Chacun gérait 2 ou 3 chantiers la journée, mais le soir je m’occupais des papiers de l’entreprise car mon baccalauréat m’avait apporté toutes les connaissances nécessaires, pendant que monsieur Kaltenbach obtenait des marchés et assistait aux rendez-vous avec les clients. Un lien entre nous s’est alors installé, pour ne plus nous quitter.
Après une longue période de journée à rallonge et des heures et des heures à traquer toutes dépenses superflues, la situation de l’entreprise s’est améliorée et nous avons repris un apprenti. Cet apport en main d’oeuvre nous a permis d’atténuer la charge de travail.
J’ai alors décidé en accord avec mon patron, de reprendre ma formation en m’inscrivant à la rentrée de septembre 2015 au BTS Responsable de Chantier du Bâtiment, en alternance. Cette formation répondait pleinement à mes attentes et à mon objectif de départ, à savoir diriger des hommes et des chantiers.
En effet, on y apprend à planifier, gérer, contrôler et mettre en place des actions correctives sur un chantier. Je n’avais aucune difficulté à m’imaginer à la fin de ce diplôme postulant dans une grande entreprise de peinture en tant que conducteur, et leur démontrer mon efficacité grâce à mon expérience.
Malheureusement, les choses ne se passant pas toujours comme prévues, j’ai découvert en décembre 2015 que j’été atteinte d’une maladie neurologique progressive et incurable, cousine de parkinson. Tous mes projets d’avenir ont été balayé, et mon moral pas mal entamé.
Par chance, notre formation étant basée sur l’intervention de divers professionnels du bâtiment, j’ai rencontré un homme expert judiciaire en hydraulique. Son métier m’a tout de suite intéressée, c’est pourquoi je lui ai demandé les conditions à respecter pour devenir moi-même experte judiciaire dans la peinture. Il fallait se mettre à son compte, établir un mémoire pour prouver son expérience, suivre quelques formations dans le droit, et avoir minimum 10 ans d’expérience.
Ce dernier critère me posait un problème car je n’ai que 5ans et demi d’expérience, et ne pouvant bientôt plus exercer sur les chantiers, jamais je n’aurai eu les années d’expériences manquantes… En creusant un peu plus la question, j’ai trouvé une autre formation en alternance dans le commerce et marketing.
Ainsi, à la fin de mon BTS RCB, je débuterai (septembre 2017) une formation en alternance chez un fabriquant de peinture. Cette étape me permettra de rester en relation avec la peinture, d’en apprendre toujours plus et dans quelques années, je postulerai à la cour de justice