"J'étudie une nouvelle source de financement qui permettrait de lutter contre l'artificialisation des sols et de financer la préservation de la biodiversité", a déclaré le ministre dans le Parisien, précisant que le Premier ministre l'avait "invité" à travailler sur ce sujet.
Son ministère a indiqué que c'était "une piste de réflexion" et qu'aucune décision n'avait été prise, sans donner de détails sur l'origine éventuelle de cette source de financement. "Je crois que le sujet n'est vraiment pas mûr pour faire l'objet de commentaires", a affirmé une autre source gouvernementale.
Selon des statistiques publiées sur le site du ministère de la Transition écologique, les zones artificialisées (bâtiments, routes, parkings, voies ferrées mais aussi espaces verts artificiels) occupaient 51.601 km2 en 2015, soit 9,4% du territoire métropolitain.
Elles ont augmenté de près de 6.000 km2 entre 2006 et 2015 -une superficie un peu supérieure à un département comme le Nord ou le Gard-, en grignotant principalement sur les terres agricoles, mais aussi sur des milieux forestiers.
Alors que le rythme de cette "consommation d'espace" s'est un peu ralenti depuis 2010, le programme présidentiel d'Emmanuel Macron évoquait "l'objectif de mettre un terme à l'artificialisation des terres".
Lors de la présentation de son Plan climat en juillet, Nicolas Hulot avait indiqué que cet objectif "zéro artificialisation des terres" devait "demeurer", sans donner de calendrier.
Interrogée sur l'éventualité d'une taxe sur les "bétonneurs" pour soutenir cet objectif, l'ancienne ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a estimé qu'il fallait "surtout empêcher de bétonner".
"Parce que la taxe peut valider le bétonnage. Donc avant de s'engager dans des fiscalités qui permettent aux bétonneurs de payer donc de bétonner, non il faut appliquer les lois de protection des espaces naturels, avec beaucoup de rigueur", a-t-elle ajouté.
Les acteurs de la filière béton, ont de leur côté assuré, s'inscrire "justement dans cette logique de préservation des terres agricoles et de protection de la biodiversité". Ils ont affirmé chercher à "mieux construire plutôt que de plus construire", sans se prononcer sur une éventuelle taxe.
De son côté l'Union nationale des aménageurs (Unam) a dénoncé "un énième nouveau coup (porté à) l'aménagement"."Tout est fait pour (...) renchérir le coût du foncier et des logements", a-t-elle estimé.
"Après avoir prôné un "choc d'offre dans sa stratégie logement, le gouvernement (...) réfléchit désormais à une nouvelle taxe pour décourager la construction", ont pointé les aménageurs. Pour la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), "la taxe béton est une mauvaise réponse à un vrai sujet qui mérite davantage qu'une caricature d'action publique".
Photo©Fabienne Leroy