Les palettes bois sèment la discorde entre le négoce et les fabricants de tuiles

Les palettes bois sèment la discorde entre le négoce et les fabricants de tuiles

Alors que l’activité du négoce de bois et matériaux de construction repart, le président de la FNBM, alerte ses partenaires industriels de nouvelles difficultés rencontrées sur la gestion des palettes consignées.




La Fédération du négoce bois et matériaux (FNBM) a organisé son traditionnel déjeuner-rencontre de fin d’année avec ses partenaires industriels au pavillon Dauphine à Paris. Devant, une assemblée de quelque 150 personnes, Franck Bernigaud, président de la fédération a fait le bilan de cette année d’activité pour les distributeurs.

 

Le rythme annuel du chiffre d’affaires de la profession s’élève à 2,3 % dans l’activité matériaux de construction et  à + 1,6 % dans le négoce de bois. Une progression encore limitée de l’avis du responsable et surtout peu homogène sur le territoire, « certaines régions tardant encore à rejoindre cette dynamique de croissance ».

 

Le président souligne en effet que « l’enterrement des dispositifs fiscaux qui soutiennent l’isolation (comme le Crédit d'impôt transition énergétique) risque de pénaliser à terme l’élan de reprise qui a été notamment accompagné via le label « Negoce partenaire RGE » lancé par la profession l’an dernier.

 

 Comment récupérer les palettes en bois

 

Autre sujet qui fâche, outre celui de la récupération des déchets imposée par la loi de transition énergétique : la politique de consignation et de déconsignation des palettes transportant les matériaux mise en place par les industriels. Après les fabricants de blocs béton, les fabricants de tuiles ont à leur tour adopté cette gestion depuis le 1er janvier 2017.

 

Pour respecter le décret n°2016-288 du 10 mars 2016 relatif à la prévention et la gestion des déchets des industriels, les adhérents de la Fédération des tuiles et briques, ont mis en place une politique de palettes consignées et retournées chez le fabricant pour éviter qu’elles ne soient considérées comme des déchets et brûlées.

 

Edilians a le premier proposé ce service. « Nous sommes passés de 70 modèles de palettes à 3 aujourd’hui et avons revu toute nos outils d’emballage et modes de conditionnement » pour proposer des palettes plus stables et renforcées, indique Eric Lebeau, directeur commercial chez Edilians, l’un des partenaires industriels de la FNBM.

 

Des coûts de gestion pour les entreprises du négoce

 

Résultat : la palette peut être réutilisée 6 à 7 fois au prix d’une remise en état supportée par l’industriel, dans ses usines en partenariat avec un centre collecteur. Une politique industrielle vertueuse mais qui a des répercussions chez les négociants.

 

En effet, pour Franck Bernigaud, elle aurait dû faire l’objet d’une présentation et réflexion préalable, pour permettre une adaptation dans le temps des entreprises du négoce. C’est donc « un ras le bol général avec la gestion des déchets » que la FNBM exprime face à ses partenaires industriels.

 

« Ce sont des coûts de gestion (Ndlr : facturation de la palette consignée aux entreprises du bâtiment) pour nos entreprises, car on ne marge pas sur cette opération » indique Franck Bernigaud. C’est un chiffre d’affaires à marge zéro, pour un résultat nul, avec des frais de traitement importants surtout lorsqu’il faut récupérer les palettes sur le chantier chez certains clients. Un coût évalué à 2 à 3 euros de traitement par palette pour le négoce, selon le président.

 

 

De gauche à droite : Laurent Martin Saint Leon, délégué général de la FNBM, Hervé Biancarelli, président de la commission économique et Franck Bernigaud, président de la FNBM

 

Bientôt les palettes de ciment, enduits, poudres…

 

Outre les frais de gestion, les négociants doivent en effet assurer un service logistique en récupérant les palettes consignées et en les stockant en attendant leur reprise par l’industriel. De fait, Franck Bernigaud, indique pour sa part qu’il doit gérer 20 modèles de palettes de tuiles et de briques (formats différents) sur son parc de matériaux.

 

« 98 % des tuiles passent par les négoces » rappelle le président de la FNBM qui redoute que cette politique ne s’étende aux autres produits tels que le ciment ou les sacs d’enduits, les industriels de ces secteurs étant en réflexion sur le sujet, selon le responsable

 

La profession des négociants souhaite donc discuter d’un nouveau mode opératoire avec les fédérations des industriels, dont la Fédération des tuiles et briques. L’une des pistes pourrait être la mise place, avec l’aide des pouvoirs publics, d’un système d’écocontribution basé sur le principe pollueur-payeurs. Il permettrait de partager le coût de collecte et de traitement des palettes en impliquant toute la chaîne d’utilisateurs….

 

Source : batirama.com / Fabienne Leroy

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