La domotique découvre l’interactivité par le Cloud

La domotique découvre l’interactivité par le Cloud

Si différents appareils domotiques ne savent pas se parler localement, ils sont souvent en mesure de s’entendre dans le Cloud.




Notre précédent article évoquait les progrès de l’interactivité locale entre appareils domotiques de différents fabricants, grâce à ZigBee, Thread et Dotdot. Si malgré tout, des appareils domotiques connectés ne sont pas en mesure de communiquer localement, il existe une autre solution : faire un (très grand) détour par le Cloud.

 

Ce sont alors les API (Application Programming Interface ou Interfaces de Programmation) des différents fabricants qui se mettront en relation. Une API est le processus par lequel un logiciel offre des services à d’autres logiciels. S’il s’agit d’API dans le Cloud, ce sont des WebServices.

 

 

 

IFTTT a commencé par connecter des médias sociaux entre eux. Depuis 2012, la plateforme s’intéresse aux smarthomes qui représentent la catégorie d’objet avec la plus forte croissance. Le second groupe d’objet de plus en plus connectés à IFTTT est le wearable : les objets connectés – montres, bijoux, etc. – que l’on porte sur soi. ©IFTTT

 

Les API se parlent sur internet

 

Cette solution présente de nombreux avantages, mais au moins deux inconvénients. Les avantages concernent tout d’abord les industriels. En passant par le Cloud et en ouvrant son API en totalité ou en partie, un fabricant garde la pleine propriété et le total contrôle sur son logiciel.

 

Ce fabricant ne dévoile donc pas ses sources, mais autorise des interactions, dont il contrôle parfaitement l’étendue. Ce qui lui permet de proposer une interactivité à ses clients entre ses produits et ceux d’autres fabricants, tout en restant maître chez lui.

 

Second avantage, une fois qu’un bâtiment – de la maison individuelle à l’immeuble de bureaux – accède à la Smartitude, c’est-à-dire lorsqu’il est équipé de toutes sortes de smart appareils, passer par le Cloud est la seule solution pour fournir des services qui s’appuie sur ces smart équipements.

 

 

 

Voici une partie des marques présentes sur la plateforme IFTTT dans la catégorie Smarthome. On reconnaît les thermostats connectés de Honeywell, de Nest, de NetAtmo, toutes sortes de caméras IP et de détecteurs de présence pour l’anti-effraction, de nombreuses solutions de pilotage de l’éclairage avec Philips Hue, LIFX, etc. ©IFTTT

 

Le Cloud, ça consomme

 

Quant aux inconvénients, le premier est clair : si la connexion internet d’un local s’interrompt, comme ça arrive tout de même de temps en temps, l’interopérabilité par le Cloud ne fonctionne plus.

 

Deuxième inconvénient du Cloud... c’est du Cloud : des data centers sont mobilisés dans le monde pour, par exemple, allumer et éteindre les lampes Philips Hue, varier la couleur de leur lumière, pour que Alexa d’Amazon ou Google Home soient capables de descendre les volets roulants grâce à une commande vocale qui leur est adressée, etc.

 

Du point de vue de l’efficacité énergétique, ce n’est probablement pas la meilleure approche. L’exemple le plus connu d’interactivité par le Cloud est la plateforme IFTTT : If This, Then That.

 

 

 

La plateforme IFTTT propose des centaines de procédures (channels et recettes) pour que des produits issus de fabricants différents communiquent entre eux. Il est toujours possible, si un produit est présent sur la plateforme IFTTT, donc si son fabricant a ouvert son API au moins partiellement, d’écrire soi-même de nouvelles interactions. ©IFTTT

 

IFTTT : IF This, Then That

 

La plateforme IFTTT (ifttt.com) permet à des fabricants de proposer une interactivité entre leurs produits et ceux d’autres industriels, qu’il s’agisse d’appareils ou d’applications. IFTTT fonctionne à partir de « recettes » : si quelque chose se produit dans un service ou un appareil (déclencheur), alors une autre chose doit s’enclencher dans un autre service ou un autre appareil (réaction).

 

IFTTT est conçu pour créer, en passant par le Cloud, une interaction entre des appareils ou des services qui ne peuvent pas communiquer localement. Les recettes sont construites en combinant plusieurs channels. Un channel est une sorte de brique primaire, proposée par le fabricant d’un appareil ou l’éditeur d’un service en ligne et comporte déjà ses propres déclencheurs et réactions.

 

Grâce à IFTTT, il devient possible de piloter toutes sortes d’appareils connectés : les machines à laver, sèche-linges et réfrigérateurs de General Electric, de Samsung, de LG, de Whirlpool, toutes sortes de cafetières, des luminaires, des voitures connectées, des épurateurs d’air connectés, des thermostats connectés dont celui de Somfy, de Netatmo ou evohome de Honeywell, etc.

 

 

 

Les éditeurs d’appli sur IFTTT ont une sorte de profil public sur la plateforme qui les renseigne en détail sur l’évolution du nombre d’utilisateurs de leur appli et de leur appareils, l’usage qu’ils en font, où ils se trouvent géographiquement, etc. Pour rassurer les acquéreurs potentiels d’un smart appareil, son fabricant peut utiliser le logo « Works with IFTTT » pour indiquer sa participation à la plateforme.  ©IFTTT

 

Le sèche-linge envoie un mail

 

Mais surtout, IFTTT permet de créer entre ces produits, des interactions qui se lanceront automatiquement : le mardi, s’il ne pleut pas, quand ma voiture connectée approche de mon logement, les volets se lèvent, telle ou telle fenêtre s’ouvre, le thermostat connecté coupe le chauffage, la cafetière se met en route.

 

Ou bien, grâce au GPS de mon smartphone, quand j’ouvre la porte de mon logement, je suis accueilli par ma musique favorite diffusée par Sonos depuis ma playlist sur Deezer, sauf si quelqu’un d’autre est présent dans le logement comme l’indique le détecteur de présence du thermostat Nest. Tous les dimanches à 19 heures, Alexa ou Google Home me disent combien le logement a consommé d’électricité dans la semaine et m’envoient un SMS avec la consommation de la semaine.

 

Ou encore, le sèche-linge LG m’envoie un mail quand le linge est sec, etc. Plusieurs centaines de marques proposent des interactions par le truchement de la plateforme IFTTT : Daikin, Nest, Netatmo, Nibe, Somfy, Philips Hue, … Mais aussi des sites comme Deezer et Spotify, …

 

Certains, comme les industriels du chauffage Applimo, Atlantic, e.l.m. leblanc et jusqu’à Viessmann, sont absents de la plateforme IFTTT. Sur IFTTT sont présents Nibe et ses pompes à chaleur, ainsi que Daikin, Samsung et LG, mais plutôt pour leurs climatiseurs.

 

 

 

IFTTT ne fait guère parler de lui, pourtant c’est le mode d’interopérabilité le plus utilisé en smarthome. Une compatibilité IFTTT permet à un fabricant d’insérer ses appareils, rapidement et sans grand effort, dans un vaste écosystème d’automatisation de l’habitat, en constante croissance. ©IFTTT

 

IFTTT rencontre un indéniable succès

 

Les premières applications de IFTTT pour smarthome  – WeMo Motion et WeMo Switch – sont apparues en 2012. Aujourd’hui, on en compte un peu plus de 500. Les utilisateurs ont réalisé plus de 2,5 millions de connexions entre ces applications et leurs logements ou bureaux en 2017.

 

En 2016, 31% des utilisateurs de IFTTT pour des applications smarthome se trouvaient en France, à égalité avec la Suède, loin devant les Etats-Unis (20% des utilisateurs), mais loin derrière la Hollande (41%) et la Suisse (45%).

 

Philips Hue sont compatibles IFTTT depuis 2013, Nest, son thermostat, ses détecteurs depuis mi-2014, Amazon Alexa depuis mi-2015, les voitures connectées BMW depuis le début 2016 et Google OnHub, un routeur WiFi domestique capable de se connecter à Philips Hue en local, depuis la fin 2016.

 

Une inscription simple sur la plateforme grâce à l'appli "IF"

 

Pour utiliser IFTTT, il faut commencer par s’inscrire sur la plateforme, télécharger l’appli « IF » pour Android ou iOS, choisir ses équipements connectés, regarder les channels proposés et se lancer dans la création de recettes ou utiliser des recettes déjà disponibles.

 

Il existe déjà 18 recettes pour le pilotage de luminaires connectés, par exemple. L’une d’entre elles permet de faire passer la couleur des lampes Philips Hue au rouge, si la teneur en CO2 de l’air ambiant dépasse un seuil que l’utilisateur a choisi, etc.

 

Au-delà des possibilités offertes par des plateformes comme IFTTT, d’autres acteurs sont en train de créer l’étape suivante : l’interopérabilité au niveau des services. C’est l’objet de nôtre article suivant.

 

©IFTTT



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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