Photo d'ouverture : Grutage d'un Panobloc de Techniwood isolé avec ses menuiseries intégrées. © FP
Avec ses quinze étages, la Tour Ravel domine la place de la Gare de Garges-Sarcelles. Cet imposant immeuble d'habitation collective abrite dans ses étages 56 logements et dans son socle trois locaux commerciaux.
Construite avec rigueur en 1958 par l'architecte Jacques-Henri Labourdette mais vieillissante, la Tour nécessitait un important lifting énergétique qui a été confié par le bailleur Osica à l'agence Equateur Architecture.
L'appel d'offres a été gagné en 2016 par l'entreprise Léon Grosse sur la base d'une rénovation partielle des façades légères. Le fait que le site soit habité a représenté dès le départ une contrainte forte à prendre en compte.
La structure de la Tour est en poteaux poutres à l'instar de plusieurs autres immeubles de Sarcelles de cette époque. Dans le cadre des prestations initiales, l'ancien revêtement alu de la façade devait être revêtue d'une nouvelle vêture avec parement alu. Le remplissage existant avec ses joints contenant de l'amiante devait être simplement recouvert.
« Les façades d'origine étaient en isorel intérieur et bardage alu. Cet ensemble tient mal au feu, s'avère catastrophique acoustiquement et médiocre thermiquement mais les appartements étaient très lumineux.
Au concours, il a été décidé de demeurer fidèle au dessin d'origine avec sa régularité », assure Marc Benard de l'agence d'architecture Equateur. Mais un incendie devait en décider autrement.
Avant que le chantier ne démarre, un incendie s'est en effet déclaré en juin 2016 dans une cuisine au 7e étage faisant neuf blessés légers. Les flammes ont rapidement léché l'étage supérieur, dans un enchaînement très rapide, ce qui a conduit à être plus décisif dans la rénovation et à privilégier une dépose complète des façades existantes. Le budget des travaux a été porté à 3 millions d'euros HT.
« Le projet d'origine a été revu avec le concours de l'équipe études de Léon Grosse. Les façades ont été désamiantées et déposées puis remplacées par des panneaux préfabriqués de façades Panoblocs de Techniwood, à ossature bois, intégrant des menuiseries PVC plus performantes.
Du fait de la forme compacte de l'immeuble, une bonne performance énergétique peut être atteinte et un objectif BBC rénovation est visé. Avec une valeur de 78 kWh/m²/an, le Cep (Coefficient d'Energie Primaire) calculé en RT 2012 est proche de celui d’une construction neuve », continue Marc Benard.
Pose d'un panneau en cours, totalement préfabriqué en usine avec les équipements suivants : menuiseries PVC Plastimen, occultations volets roulants, parement extérieur métallique Hairline d'ArcelorMittal et embrasures aluminium laqué. La nouvelle façade en bas reprend les codes stylistiques de l'ancienne façade en haut. © FP
Les Panoblocs de Techniwood d'épaisseur 150 mm (5 plis) coupe-feu 60 minute permettent d'obtenir avec l'isolant intérieur une résistance thermique R d'environ 5 m2.K/W. Autre défi, la Tour Ravel est en situation de point noir pour le bruit ferroviaire et aéroportuaire. L'affaiblissement acoustique des nouvelles façades se situe entre 35 et 40 dB suivant leur orientation.
Les travaux de réfection englobent aussi la réhabilitation des pièces humides et la ventilation naturelle a été mécanisée en simple flux basse pression et auto-réglable. La sous-station pour le chauffage urbain a été rénovée et l'ancienne production individuelle d'eau chaude sanitaire a été remplacée par un recours à la production centralisée sur le chauffage urbain.
« Un atout du Panobloc est que ce produit est sous Avis Technique pour une utilisation jusqu'en 4e famille d'immeuble, ce qui était nécessaire pour ce chantier. L'étanchéité du bardage est pour sa part justifiée avec des essais au CSTB.
L'isolant en laine de roche compressée assure une très bonne isolation thermique et acoustique avec un affaiblissement de 40 dB nécessaire pour le passage du RER », se félicite Pierre-Olivier Ravoire, Directeur de production Iris chez Léon Grosse.
Le Panobloc CLT-i (Cross Laminated Timber with Insulation) développé par Techniwood alterne sur chacun de ses plis des lames en bois et en isolant. La pose des panneaux de 7 m par 2,50 m et d'un poids d'environ une tonne, a été confiée à Ecologgia, la société sœur de Techniwood. Les panneaux sont coupe-feu 60 minutes avec un bardage acier ventilé par niveau et une bavette de recoupement à la hauteur de chaque plancher intermédiaire. © FP
« L'ossature secondaire est constituée de tasseaux vissés sur des cornières fixées par goujons sur les nez de dalle béton. Le panneau avec sa bavette de recoupement est posé entre les cornières d'étage par grutage et vissé par en haut.
Des panneaux plus petits recouvrent les angles de l'immeuble », précise Philippe Neurisse, responsable commercial chez Ecologgia. L'étanchéité entre panneaux est assurée par des joints Compriband, de l'adhésif et d'une tôle de recouvrement.
Il s'agit d'un des premiers chantiers de rénovation de logements en Ile-de-france en site occupé pour l'entité Iris créée récemment par le groupe Léon Grosse pour répondre aux besoins du marché de la réhabilitation de logements.
« Nous proposons nos services sur l'ensemble du territoire national grâce à une équipe d'experts qui ont pratiqué les techniques de rénovation en site habité », confie Marc Augusti, Directeur Régional Ile-de-France de Léon Grosse et chargé du développement national Iris.
Pour des raisons acoustiques, les nouvelles menuiseries n'incorporent pas d'entrée d'air. L'entrée d'air de forme circulaire est située dans le panneau préfabriqué (ici en haut à droite) avec un caisson phonique intégré dans la contre-cloison. © FP
Le caisson phonique est un silencieux auto-réglable de traversée de mur de type Anjos Ventilation, pour façade classée 40 dB © FP
L’équipe Léon Grosse a mis au point une méthodologie pour assurer la sécurité et minimiser les nuisances pour les habitants. Les travaux pour rénover la façade d'un appartement démarrent par la pose d'une cloison provisoire isolante en bois à l'intérieur du logement à environ un mètre de la façade, afin d'aménager une zone de travail et en protection du logement contre les intempéries.
Le deuxième jour est consacré au désamiantage. Un premier chantier test avait été fait et des mesures du taux de fibres d'amiante dans l'air ont permis de valider que les travaux de désamiantage relevaient de la sous-section 3 de niveau 1. L'appel d'offre de départ validait un simple recouvrement des joints amiantés en façade.
Ensuite l'ancienne façade est déconstruite avec un recyclage des anciennes menuiseries PVC confié à Veka et le bâchage de la façade. Puis intervient la phase de fixation des cornières et des chevrons en tête de dalles. Le grutage des panneaux et leur vissage dans les tasseaux est réalisé sur deux jours les mercredi et jeudi.
L'emploi du temps est contraint par le marché de Sarcelles installé au pied de la Tour les mardis et vendredis. En deuxième semaine la contre-cloison intérieure BA18 est posée et les finitions réalisées. Au total le cycle d'immobilisation sur un logement est de deux semaines auxquelles s'ajoute pour l'occupant le temps nécessaire au déménagement d'une partie de ses meubles.
Du fait du passage en nez de dalle du réseau du plancher chauffant, il n'était pas possible de fixer dans la dalle le garde-corps de sécurité pendant les travaux. Le système par compression Combisafe avec une jauge de sécurité incorporée, a été retenu. © FP
Source : batirama.com / François Ploye