BMI Monier France est le seul fabricant de tuiles béton en France. A l’époque, l’usine créée en 1978 faisait partie du groupe Redland qui deviendra Coverland. L’unité de production rejoindra plus tard le giron de Lafarge Couverture et depuis 2 ans, celui du groupe BMI (Braas Monier Icopal).
Le groupe fort de 700 collaborateurs possède trois usines de tuiles béton (dont une à Aiguillon dans le Lot-et-Garonne et l’autre dans les Vosges à Saint-Nabord) mais aussi quatre usines de tuiles terre cuite. Il connaît et maîtrise donc très bien le sujet de la couverture.
D’ailleurs, le sujet à l’échelle du groupe BMI n’est pas tant celui de la tuile béton que celui global de la toiture. Rappelons que le groupe BMI devenu américain (Il fait partie de Standard Industrie, le plus grand industriel mondial dans la couverture et l’étanchéité) réalise un CA de plus de 2 milliards d’euros et couvre une quarantaine de marques à l’international.
Laurent Fischer, directeur général de BMI a accueilli les visiteurs professionnels (couvreurs, prescripteurs, Cmistes) venus fêter l'anniversaire (40 ans) de la tuilerie de la Verberie
En France, la marque chapeau BMI gère, outre Monier, les marques Siplast, Cobert, Monarflex, Polytuil et enfin, le Comptoir de l’étanchéité. Le groupe peut donc répondre à l’ensemble des demandes sur le territoire sur le segment de la toiture plate, notamment porté par Siplast, ou celui de la toiture à pente (les forces commerciales du groupe travaillent sur l’une ou l’autre spécialité, et non pas par marque).
Si la tuile béton fait figure de parent pauvre en France, c’est qu’elle fait face à la très forte concurrence et au prestige de la terre cuite dans l’hexagone. Or, le béton a des atouts (il représente 10 % du marché des tuiles) et des arguments de poids à défendre face à sa concurrente.
En effet, sa fabrication ne nécessite pas de four fonctionnant 24 h sur 24 (un étuvage de 8 h suffit), d’où un meilleur bilan économique (moins 5 à 10 % en prix de vente) et écologique que la terre cuite, selon les responsables.
La ligne de fabrication voit défiler 120 moules à la minute, soit 240 tuiles béton produites à la minute sur le site de la Verberie. Elles sont recouvertes par un slury (ou coulis) qui change de couleur après séchage.
Les promoteurs de la tuile béton rappellent également que sa fabrication ne nécessite que 13 % de ciment, le reste étant du sable, de l’eau et des colorants. Notons que la qualité des produits et notamment la tenue des coloris est désormais assurée grâce à un système de vernis appliqué sur le béton frais des tuiles teintées dans la masse (le slury ou coulis) : il bloque la remontée des efflorescences, responsable du blanchiment des tuiles auparavant.
Par ailleurs, le produit béton bénéficie d’une fabrication plutôt agile sur les deux lignes de production du site : une teinte à la demande peut être réalisée pour une production de tuiles sur mesure, à partir de 10 000 m2.
Les deux unités de fabrication de la Verberie produisent ainsi, outre les accessoires, deux tuiles plates (63 /m2), deux tuiles grands moule à l’aspect plat et une tuile grand moule à faible relief (10/m2). Une nouvelle teinte métallisée a fait son apparition qui devrait séduire la cible de prescription et une clientèle rajeunie.
Le concept de la ligne n’a pas été modifié depuis que les anglais, grands consommateurs de tuiles béton, ont inventé le système de production il y a 40 ans.
« La tuile béton n’est pas un produit exotique puisque son marché principal se situe en Europe, dont l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie », plaide le directeur général du groupe, Laurent Fischer. Il précise que sur les 120 usines du groupe, 75 d’entre elles fabriquent des tuiles béton. D’où sa conclusion : le marché français est en deça du positionnement de BMI sur ce produit.
Le groupe souhaite par conséquent redynamiser cette activité en France. Outre le segment du neuf, qui demeure un marché d’élection pour la tuile béton, celui de la rénovation des anciennes couvertures béton, devient également une priorité. Son objectif : éviter que les anciennes couverture béton ne se « transforment » en terre cuite.
« Le béton a des arguments : il n’est pas moins bien techniquement que sa concurrente terre cuite et il a toute sa place sur le marché. Il se pose plus rapidement (il est plus léger) et bénéficie d’un panel de coloris plus large. Tous les coloris sont possibles potentiellement et son bilan économique et écologique est au final plus avantageux » termine Vincent Montabonel, directeur des ventes distribution.
BMI Monier, par ailleurs troisième acteur du marché en terre cuite, reconnaît bien sûr un problème d’image de marque qui a desservi le produit. « La terre cuite valorise le métier de couvreur alors que le produit béton a souvent été mis en oeuvre par des tâcherons sur le segment des maisons individuelles. Il y a donc un gros travail d’explications à faire auprès des couvreurs avec par exemple des visites d’usines. Et nous avons des arguments à faire valoir sur le terrain des économies d’énergie en ce qui concerne la fabrication… » concluent les responsables
Le site de la Verberie dispose sur son parc de l’équivalent d’un mois de stock en tuiles béton.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy