En 2007, alors que rares étaient ceux qui pensaient à mettre des matériaux d’origine agricole dans le bâtiment, décider de construire une activité biomatériaux était un pari audacieux.
Cavac Biomatériaux est né deux ans plus tard de la volonté des producteurs de la coopérative agricole Cavac implantée en Vendée et Deux-Sèvres. L’idée était de réintroduire le chanvre sur son territoire et de créer une filière pour valoriser cette culture naturellement durable.
10 ans et 10 millions d’euros plus tard, après des débuts difficiles, Biofib’ est la marque leader de l’isolation à base de végétal (chanvre, majoritairement, et lin) et vend plus d’un million de m2 d’isolants par an.
Le stockage de la paille de chanvre brute se fait à l’usine et chez les agriculteurs partenaires, qui cultivent dans un rayon de 100 km autour de l’unité industrielle.
Peu gourmand en eau et ne nécessitant pas de traitement phytosanitaire, le chanvre laisse la terre se reposer. Il pousse rapidement (semé fin avril, récolté en septembre) et est doublement valorisable : la graine pour l’agro-alimentaire et la paille pour diverses applications industrielles.
Cavac cultive des variétés choisies pour la grande quantité de paille produite. La paille est récoltée et mise en balles grâce à des machines mises au point par Cavac. Elle est stockée et utilisée au fur et à mesure des besoins.
«Les balles de «blanche» sont utilisées pour les isolants, tandis que la paille «rouisse*» est destinée au marché automobile, comme fibre de renfort,» précise Olivier Jadeau, directeur du site.
La balle est nettoyée des déchets métalliques et des pierres puis passée au broyeur vertical. Un séparateur trie la fibre (partie externe de la tige) et la chènevotte (intérieur de la tige).
Repassée dans un broyeur puis au séparateur, la fibre est triée en fibre grossière (pour l’industrie papetière) et en fibre fine (pour l’isolation ou l’automobile). Les parties non conformes serviront de paillage de jardin, de litière pour animaux, ou de biomasse énergie sous forme de bûchettes.
La chènevotte (55 % du produit brut) est un produit calibré et certifié utilisé dans le béton de chanvre et les enduits.
La fibre fine est peignée et aérée dans les chargeuses pour donner une fibre foisonnée (environ 30 % du produit brut).
Dans l’atelier de seconde transformation, la fibre fine foisonnée est liée avec un liant polyester (10 % du produit final). Après cuisson, l’épaisseur diminue de moitié; le matelas est devenu semi-rigide, homogène et stable. La gamme, de 45 à 200 mm d’épaisseur, permet de répondre à toutes les attentes du marché en isolation.
Le nappage de la fibre avec du liant produit un matelas.
Après cuisson, le matelas est découpé aux dimensions et emballé. Les délignures sont recyclées dans le process.
La filière chanvre et lin est bien en place sur le territoire Vendée Deux-Sèvres. Plutôt sceptiques il y a 10 ans, les agriculteurs sont désormais demandeurs pour cultiver ces deux plantes.
Récompensée par le premier Trophée de la Bioéconomie en 2019, la filière Cavac Biomatériaux ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et se donne des moyens pour explorer de nouvelles pistes de débouchés. Des produits innovants viendront probablement ajouter encore à l’intérêt de la culture du chanvre.
« La prise de conscience collective de ces dernières années sur l’importance d’employer des matériaux à la fois sains et permettant de préserver nos ressources nous rend très confiants quant à l’avenir de nos produits; les voyants sont au vert », conclut Olivier Joreau, président de Cavac Biomatériaux.
Biofib’ Chanvre, Trio (chanvre-lin-coton recyclé) ou Ouate (de cellulose recyclée) : surtout utilisés dans la maison individuelle au départ, les isolants biosourcés Biofib’ progressent sur les marchés collectifs (écoles, lycées, habitat).
*Cette paille est laissée quelque temps sur le sol; le rouissage est un processus de dégradation de la paille par des micro-organismes, qui facilite le défibrage.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson