L’ARVHA, l’Association pour la Recherche sur la Ville et l’Habitat organise le Prix des Femmes Architectes chaque année depuis 2013. Pour l’édition 2019, dont les récompenses ont été dévoilées à Paris au Pavillon de l’Arsenal, 400 architectes se sont portées candidates et ont présenté 1400 projets différents.
En ouverture à la cérémonie, Catherine Guillot, architecte urbaniste et Secrétaire Générale de l’Arvha, rappelait combien les femmes sont maltraitées par les plus grands prix d’architecture. ©PP
Le Prix des Femmes Architectes met en valeur les œuvres et les carrières de femmes architectes, afin que les jeunes femmes étudiantes en architecture ou déjà dans des cabinets d’architecture puissent s’inspirer des modèles féminins rehaussés par le concours. Le but est d’encourager la parité dans une profession fortement masculine. En ouverture à la cérémonie, Catherine Guillot, architecte urbaniste et Secrétaire Générale de l’Arvha, rappelait combien les femmes sont maltraitées par les plus grands prix d’architecture.
Par exemple, depuis 1979 le Pritzker, équivalent du prix Nobel de l’architecture, a été décerné à 93% d’hommes. Seules Zaha Hadid (2004), Kazuyo Sejima (2010) et Carme Pigem (2017) ont reçu le Pritzker. En France, l’Equerre d’Argent, avec 36 prix et 36 mentions au total, a récompensé seulement 5 femmes. Pourtant, les femmes représentent la moitié des élèves des écoles d’architecture.
Tout cela se répercute sur le revenu des femmes architectes. Selon une étude du Conseil National de l’Ordre des Architectes publiée début 2019, le revenu moyen annuel des architectes masculins en France en 2018 était de 48 745 €, tandis que celui des femmes architectes plafonnait à 28 734 €. En 2018, la France comptait 9 303 architectes masculins en exercice, contre 3 727 femmes architectes.
Le Prix des Femmes Architectes compte 4 catégories : la Femme Architecte de l’année, l’œuvre originale réalisée par une femme architecte, Prix de la Jeune Femme Architecte de moins de 40 ans et le prix International. En 2019, la compétition a été ouverte du 1er juin au 30 septembre. Le jury, composé des lauréates de l’année 2018, s’est réuni le 31 octobre, sous la présidence de Claudia Mattogno, professeure à la Sapienza Università de Rome.
Dominique Jakob est co-fondatrice en 1998 du cabinet JAKOB+MACFARLANE. ©PP
Deux des réalisations de Jakob+MacFarlane mises en avant lors de la remise du Prix de la Femme Architecte 2019 : la Cité de la Mode et du Design à Paris, le Cube Orange à Lyon. ©PP
En 2019, le prix de la Femme Architecte de l’Année est revenu à Dominique Jakob du cabinet Jakob+MacFarlane. Elle a été distingueée notamment pour le Cube Orange, un immeuble de bureaux de 6300 m² livre en 2010 à Lyon Confluence au bord de la Saône, pour la Cité de la Mode et du Design, un programme de 20 000 m² en réhabilitation des anciens docks du Quai d’Austerlitz à Paris, livré en 2012.
Dominique Jakob est diplômée de l’école d’architecture Paris-Villemin (1991) et titulaire d’une licence en histoire de l’art (université Paris I). Elle a enseigné à l’École d’architecture Paris-Villemin et Paris-Malaquais de 1994 à 2004, à l’École spéciale d’architecture, ainsi qu’au Southern California Institute of Architecture de Los Angeles en 2018. Elle est membre titulaire de l’Académie Française d’Architecture depuis 2016.
Marie Perin, prix de la Jeune Femme Architecte de moins de 40 ans. ©PP
Marie Perin, de l’Agence d’architectes et d’urbanistes TICA installée à Nantes, a reçu le prix de la jeune femme architecte de moins de 40 ans. Le jury l’a distinguée pour plusieurs bâtiments atypiques : un télésky nautique à Nozay (44) livré en 2016, la ferme du Marais Girard – 16 villas touristiques, 5 chambres d’hôtes, un restaurant, un bar, un séchoir, etc. – aménagé transformant et en étendant les bâtiments d’une ancienne ferme à 300 m de la mer à Brétignolles-sur-mer (85).
Le jury a également remarqué son « Pont Transbordeur », un cheminement paysager avec passerelles et appontement en bord de Charente à Rochefort (17).
Marie France Chatenet Mention Spéciale « Œuvre Originale » pour le Lycée Agricole La Ricarde à Isle-sur-Sorgue. ©PP
Fabienne Bulle initiatrice de la Fabrique Collective, a reçu le prix de l’Œuvre Originale. ©PP
Dans la catégorie Œuvre Originale, une mention spéciale a été donnée à Marie France Chatenet pour le Lycée Agricole La Ricarde à Isle-sur-Sorgue, livré en 2010. Marie France Chatenet a suivi ses études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille et a obtenu le Prix du Meilleur Diplôme décerné par l’Ordre des Architectes.
Après avoir exercé en libéral elle crée la société MFC Architecture Marseille. Ses réalisations à Marseille, dans la région et au-delà portent sur des domaines variés : enseignement, culture, sports, habitat, bureaux, aménagements urbains, paysage, … avec des projets salués par des prix ou des publications. Marie France Chatenet est également membre du club « Oui au Bois ».
Le prix de l’Œuvre Originale est revenu à Fabienne Bulle pour une démarche pédagogique exemplaire : la Fabrique Collective. Fabienne Bulle enseigne depuis 2007 en mastère ou elle anime un laboratoire expérimental en architecture, la Fabrique Collective.
En 2020, à l’occasion du Forum Bois Construction 2020 qui se tiendra à Paris sous les voûtes du Grand Palais du 14 au 16 Avril, les étudiants de la Fabrique Collective exposeront des totems en bois qu’ils auront conçu et réalisé avec des charpentiers Compagnons du Devoir.
Elisa Valero debout en robe bleu Marine, Mention Spéciale Prix International, insiste beaucoup sur la nécessité d’adapter l’architecture, notamment en réduisant l’empreinte environnementale des bâtiments. ©PP
Comme la catégorie œuvre originale, le Prix International a vu une mention spéciale attribuée à l’architecte espagnole Elisa VALERO, tandis que le prix est revenu à Francine Houben des Pays-Bas.
Installée à Grenade en Andalousie, Elisa Valero a été distinguée notamment pour une église construite à quelques dizaines de mètres de la plage au sud de la Sierra Nevada pour laquelle elle a utilisé des panneaux de béton préfabriqués Elesdopa et de la lumière naturelle filtrant à travers des ouvertures stratégiquement placées et dessinées.
Les panneaux Elesdopa, utilisés pour les parois verticales et pour les parois horizontales se composent d’un « support » en polystyrène expansé le plus souvent, auquel on donne la forme souhaitée, de connecteurs insérés à travers le support, d’armatures métalliques montées des deux côtés du support, puis de béton coulé sur ces armatures.
Le résultat est un ouvrage à isolation répartie, dont les deux parois peuvent rester en béton brut – les architectes aiment le béton brut – et qui à résistance mécanique égale consomme moins de béton qu’une paroi banchée classique.
Francine Houben, quant à elle a fondé l’agence Mecanoo en 1984 à Delft. L’agence compte des dizaines de réalisations à travers le monde. La cérémonie de remise des prix a mis en avant la nouvelle Gare de Delft, le centre Keukenhof à Lisse en Hollande, un bâtiment municipal à Boston aux Etats-Unis et l’extraordinaire National Kaohsiung Centre for the Arts à Taïwan.
Le site www.femmes-archi.org présente la totalité des 400 participantes et de leurs 1400 projets soumis au concours 2019.
Francine Houben, Prix International de la Femme Architecte 2019, a créé l’agence Mecanoo en 1984. ©PP
Le National Kaohsiung Centre for the Arts à Taïwan, l’une des plus spectaculaires réalisations de Mecanoo. ©PP