Avec 43% de l’énergie finale consommée, le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie en France. La facture énergétique d’un ménage français pour son habitation s’élève en moyenne à 1600 euros par an, ce qui représente environ 4% de ses dépenses totales et la réduction de leur facture énergétique préoccupe aujourd’hui 4 Français sur 5.
Aussi, logiquement, l’efficacité énergétique des bâtiments et plus particulièrement celle des logements anciens devrait-elle être l’un des thèmes phares de cette campagne électorale. Qu’en est-il vraiment ? Dans ce cadre, Alcimed, société de conseil et d’aide à la décision, analyse les projets des six principaux candidats.
Pour Alcimed, le véritable enjeu réside aujourd’hui dans la rénovation des bâtiments existants. Il apparaît aujourd’hui que le pari de l’efficacité énergétique est en bonne voie pour les constructions neuves (1) mais elles ne représentent qu’un peu plus de 1% du parc résidentiel français.
C’est donc bien l’amélioration énergétique du parc existant qui est maintenant le réel enjeu. En effet, 58% du parc résidentiel français (2) a été construit avant 1975 et la consommation énergétique de ces bâtiments âgés de plus de 35 ans est estimée à 375 kWh/m2/an, loin des 50 kWh/m2/an des bâtiments BBC. C'est donc autant de logements qui devront être rénovés thermiquement.
La lecture des programmes électoraux ne révèle pas de focus particulier sur l’efficacité énergétique des bâtiments. La plupart des candidats survole le sujet ou, comme le Front National, ne s’exprime pas dessus et les objectifs annoncés par certains candidats sont très ambitieux tant en nombre de logements rénovés qu’en nombre de création d’emplois attendu.
Dans son programme, Nicolas Sarkozy rappelle son bilan positif concernant l’efficacité énergétique des bâtiments neufs, avec la mise en place du Grenelle de l’environnement sous son quinquennat mais n’indique pas les mesures qu’il envisage concernant les bâtiments existants.
François Hollande prévoit un « vaste plan » de rénovation thermique d’1 million de logements par an, ce qui engendrerait la création de dizaines de milliers d’emplois, mais il ne donne pas de détails quant aux moyens mis en oeuvre pour y arriver.
Pour donner un ordre de grandeur, entre 2009 et 2010, sous l’impulsion de l’Eco Prêt à Taux Zéro (Eco PTZ), seulement 170 000 logements ont été rénovés thermiquement. Une aide financière semble donc indispensable à la réussite de ce plan.
A propos du financement des travaux de rénovation thermique, seuls trois candidats envisagent quelques pistes de réflexion.
Jean Luc Mélenchon conditionne l’aide financière publique aux ressources des ménages. De même, pour Eva Joly qui fixe à 500 000 le nombre de logements rénovés par an en 2017, priorité sera faite aux ménages à revenus modestes grâce à l’aide de sociétés publiques de Tiers de Financement qui accompagneront la rénovation en anticipant les gains de la réduction des dépenses énergétiques.
François Bayrou se distingue avec la création d’un fond d’investissements dédié au développement durable qu’il investira entre autre dans l’efficacité énergétique du logement. Ce fond serait alimenté par les quotas carbones issus du protocole de Kyoto, l’investissement privé et l’épargne populaire.
Il trouverait aussi une autre source de financement par la modulation de la taxe sur le foncier bâti en fonction de la performance énergétique des bâtiments, mais cette dernière mesure, bien qu’ayant l’avantage d’être fortement incitative aux travaux de rénovation thermique, risque d’être impopulaire.
La deuxième condition émise par Alcimed, indispensable à la réussite d’un plan de rénovation énergétique est le soutien à apporter à la filière du bâtiment.
A ce sujet : Eva Joly projette qu’avec la rénovation énergétique des bâtiments, 400 000 emplois dans le secteur du BTP seront créés et elle est la seule à considérer qu’il faudra accorder un soin particulier à la formation de l’ensemble des filières du bâtiment.
Ainsi, elle soutiendra les TPE/PME et entreprises artisanales par la création d’un « bonus développement durable » pour celles dont le domaine d’activité contribue à la transition écologique.
De son côté, François Bayrou souhaite simplifier et amplifier significativement le mécanisme des certificats d’économie d’énergie en créant un organisme public / privé pour accompagner les projets de rénovation énergétique. Cet organisme interviendrait directement auprès des particuliers pour les conseiller dans les travaux les plus efficaces à envisager et pour faire le suivi des travaux.
Au final, Alcimed regrette que les mesures annoncées par les candidats quant à la rénovation thermique des bâtiments restent limitées face à l’ampleur de la tâche, car améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments implique tant un soutien financier qu’un soutien à la filière du bâtiment pour garantir son évolution. Sans ces deux conditions, le pari de la rénovation énergétique des bâtiments risque de se solder par un échec.
(1) L’observatoire BBC indique pour les constructions neuves, un taux de pénétration des constructions labellisées BBC atteignant 75% en 2011, pour les logements collectifs.
(2) Le parc résidentiel français totalise un peu plus de 32 millions de logements.
Source : batirama.com
Alcimed est une société de conseil et d’aide à la décision spécialisée dans les sciences de la vie (santé, biotech, agroalimentaire), la chimie, les matériaux et l’énergie ainsi que dans l’aéronautique, le spatial et la défense.