Entre avril 2021 et mars 2022, 29 865 entreprises ont mis la clé sous la porte en France. Le chiffre est en augmentation de 6,3% par rapport à l’an dernier, mais en diminution de 36,6% par rapport à 2020.
La banque de France souligne dans son rapport daté du 13 avril qu’il faut regarder ces chiffres avec précaution sachant que la période de référence (avril 2020 à mars 2021) comprend les premiers mois de la crise Covid-19 où le nombre de défaillances a été particulièrement faible du fait de la fermeture temporaire des tribunaux de commerce et où les dates de caractérisations et de déclaration de l’état de cessation de paiements ont été modifiées. Par la suite, les mesures de soutien en trésorerie, notamment avec le dispositif du PGE, ont permis d’éviter les défaillances d’entreprises. D'où l'importance de préciser que par rapport à 2019, le nombre de défaillances a diminué de 45%.
Pour la construction, il s’agit de 6 376 entreprises : le chiffre est en augmentation de 16,7% par rapport à mars 2021, mais en diminution de 37,7% par rapport à mars 2020. Pour l’industrie, avec 1 995 défaillances, on parle d’une augmentation de 9,3% par rapport à 2021, et d’une diminution de 37,2% par rapport à 2020.
De son côté, le bureau Altarès a publié le 12 avril son étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France mais arrive à d’autres conclusions que la Banque de France, se basant sur des méthodes de calcul différentes. Selon Altarès, nous assistons à une augmentation de 34,6% de procédures de défaillances sur un an, "pas une déferlante mais plutôt un dur retour à la réalité", indique le rapport.
Altarès indique que le secteur de la construction s’inscrit dans une hausse des défaillances moins rapide que la moyenne nationale, avec 19% d’augmentation. "Le gros œuvre résiste le mieux (+12%), notamment grâce à la maçonnerie générale (+ 8%). A l’inverse, le second œuvre (+34%) est fragilisé, en particulier dans les travaux d’installation électrique (+45%) ou de plâtrerie (+40%). Dans l’industrie manufacturière (+29%), la métallurgie-mécanique semble mieux résister (+24%)."
Le cabinet de Bruno Le Maire a tenu à s’exprimer à la presse ce 13 avril face à ces informations parfois contradictoires. Le représentant de Bruno Le Maire, Antonin Dumont, a indiqué que le gouvernement se fiait aux chiffres de la Banque de France, et qu’il n’y a pas "l’apocalypse qu’on nous avait annoncée" en termes de défaillances d’entreprises. L’intervention a aussi été l’occasion de rappeler que le PGE avait aidé 700 000 entreprises en 2020 avec un montant total de 147 milliards d’euros de prêtés, permettant ainsi à l’économie de ne pas s’effondrer. Le gouvernement ne se veut pas alarmiste non plus en ce qui concerne les remboursements, le taux de défaut (environ 3%) étant très faible. Cependant "derrière les statistiques, il y a des cas particuliers", d’où la mise en place de la médiation, une procédure qui permet, "de manière totalement gratuite et confidentielle", de reporter le remboursement et d’échelonner les remboursements en cas de difficultés.
Antonin Dumont a également félicité le travail pour mettre en place le PGE Résilience le 8 avril, soulignant que la France était le premier pays européen à mettre en place cette mesure, après avoir négocié en un temps record avec les banques et l’Union Européenne afin de rendre la mesure possible.