Bâche anti-bruit pour déjeuner au calme

Bâche anti-bruit pour déjeuner au calme

Le chantier de la future halle gourmande située à Saint-Ouen sur Seine, a été équipé en son extrémité d'une bâche acoustique afin de protéger du bruit les clients du restaurant voisin. © François Ploye




Le renouvellement urbain du quartier des docks de Saint-Ouen a comme échéance les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Un des ouvrages attendus est la future halle gourmande et culturelle située à proximité de l'Hôtel de la région île-de-France. Le chantier de rénovation et transformation lourde de cet ancien site industriel Alstom, a démarré il y a un an. La conception et la réalisation de cette nouvelle halle ont été confiées par le promoteur immobilier Frey à l'agence d'architecture Reichen et Robert & Associés, avec une livraison attendue d'ici un an et demi.

 

Le bâtiment d'origine à ossature métallique présente des dimensions imposantes avec ses 65 m de largeur, 200 m de long et 15 m de hauteur. La nouvelle structure intérieure en bois est réalisée par l'entreprise Charpentes Fournier. Ce choix de la préfabrication et du chantier sec concilie légèreté et rapidité. Une phase amont particulièrement bruyante de démolition des éléments en béton existants et de curage était nécessaire. Un des enjeux est de protéger les clients du restaurant voisin, le Yaya Saint-Ouen, du bruit des travaux et des engins de chantier. La solution retenue est la pose d'une bâche acoustique venant fermer l'extrémité du bâtiment jouxtant le restaurant.

 

Soprema, un des intervenants du chantier, a fait confiance à la société grenobloise Acousteam, pour la fourniture et la pose de cet écran anti-bruit souple qui protège aussi de la poussière. "Nous sommes capables de fournir des bâches de toutes tailles, en sur mesure en fonction du chantier. Ici l'écran antibruit livré s'étend sur environ 15 mètres de hauteur par quasi 70 mètres de longueur", décrit Romain Gayraud, DG adjoint d'Acousteam.

 

 

Le modèle Oslo d'Acousteam est un patchwork de petites bâches d'environ 7 m², de 3.55 m par 2.05 m, pourvues d'oeillets en bordure et lacées entre elles. © François Ploye

 

 

Les bâches acoustiques sont assemblées dans l'atelier d'Acousteam en trois couches, avec à l'extérieur, une bâche PVC résistante aux intempéries et aux UV, une âme de 20 à 30 mm d'ouate de polyester et sur la face envers côté chantier, une grille PVC avec des ouvertures pour permettre l'absorption du son. L'ensemble est léger, à 2 kg/m², économique et flexible. La pose d'une ossature bois ou acier peut être nécessaire pour soutenir la bâche.

 

 

Proposée à la vente ou à la location, elle peut parfois être réutilisée

 

 

Facile et rapide à installer, la bâche est proposée aux clients à la vente ou sous une forme de location, avec fourniture, pose et dépose. Sous certaines conditions une bâche utilisée peut être nettoyée, reconditionnée et revendue, sauf si elle est chargée en béton ou imprégnée de produits toxiques de type amiante ou plomb. Dans ces situations, elle ne peut être ni nettoyée, ni recyclée. Il n'existe pas de normes produit pour ces bâches acoustiques qui sont proposées par plusieurs fabricants.

 

Sur les chantiers les CCTP imposent des indices d'affaiblissement acoustique Rw. La bâche Oslo d'Acousteam affiche un indice d'affaiblissement pondéré Rw de 14dB, mesuré au laboratoire d'essais de Ginger CEBTP et donnant une réduction du bruit aérien jusqu'à 25 dB. Une valeur Rw de 17dB peut être obtenue en insérant une masse lourde de 1kg/m² sous forme d'un PVC additionnel d'1 mm d'ép.

 

L'absorption acoustique vient principalement de l'ouate donnant à la bâche un indice d'absorption acoustique pondéré mesuré αw de 0.4. "La ouate de polyester fonctionne bien en particulier en absorption hautes fréquences pour des bruits émis par des disqueuses, ponceuses, scieuses, etc. Il est possible de doubler la ouate pour faire un matelas d'épaisseur totale de 50mm, par exemple si le client souhaite vraiment plus d’absorption acoustique ou une meilleure isolation thermique", confirme Romain Gayraud.

 

 

L'envers de la bâche est une grille permettant l'absorption des bruits du chantier dans la couche d'ouate. © François Ploye

 

 

Autre sujet, la bâche est posée principalement en surface verticale, mais une pose en protection horizontale peut être intéressante dans certaines circonstances comme la protection d'une cour intérieure dans laquelle des travaux ont lieu. Une pente minimale est à prévoir mais comme elle est difficile à tendre, il peut être préférable dans certaines situations de protection horizontale de poser une bâche thermorétractable au dessus.

 

 

Mais aussi une protection visuelle, thermique et anti-poussière

 

 

La bâche acoustique a d'autres qualités. L'écran est opaque, anti poussière et met le chantier hors d'eau. De plus l'ouate de polyester isole thermiquement, protégeant du chaud en été et du froid en hiver. Pour la protection au feu, chaque couche est de classe M1 et l'ensemble est M2 mais le fabricant peut fournir du M0 sur demande. La fabrication est en grande partie manuelle pour la découpe des lés, la soudure haute fréquence, la pose des oeillets et le laçage. 

 

Créée en 2015, la société Acousteam a été acquise en septembre 2022 par le groupe français Jarnias, créé en 1993, et expert des travaux spéciaux d'accès difficile et en hauteur à l'exemple des chantiers du Grand Palais ou de la tour Eiffel. De son côté Acousteam possède des références sur d'importants chantiers comme celui de Notre-Dame ou ceux du Grand Paris Express (GPE) avec des clients récurrents comme Vinci ou Bouygues et une présence à l'international, en particulier en Suisse et à Monaco. Le fabricant peut intervenir sur des petits chantiers. Sur la même base technique que la bâche Oslo, Acousteam propose d'ailleurs la boîte acoustique Bobi pour abriter un engin de chantier et la tente Berlin pour isoler une activité bruyante comme un sciage thermique ou un découpage à la meuleuse.

 

 

 

 



Source : batirama.com / François Ploye

L'auteur de cet article

photo auteur François Ploye
François Ploye, de formation ingénieur ECP, est journaliste freelance de la presse écrite depuis plus de vingt ans. Après une première expérience professionnelle en maquette numérique 3D et en effets visuels, il a poursuivi sa carrière comme journaliste à la suite de l'écriture d'un livre sur les changements climatiques publié en 2000. Après de premières collaborations (Jeune Afrique, Sonovision, 01 Informatique...), il s'est spécialisé depuis quinze ans dans l'écriture d'articles pour le bâtiment, les énergies renouvelables, l'architecture et la ville. Avec un engagement, celui d'accompagner les mutations d'un secteur confronté à de multiples défis environnementaux et sociétaux.
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