Au terme du premier Forum mondial "Bâtiments et climat" (7 et 8 mars 2024), organisé par l'agence des Nations Unies pour l'environnement, ainsi que le gouvernement français, l'adoption par les représentants de 70 pays présents (dont les États-Unis et l'Arabie Saoudite, mais pas la Chine) d'un texte fondateur, dit de la "Déclaration de Chaillot", du nom du célèbre palais parisien dans lequel elle a été actée, devrait permettre d'avancer vers une "transition rapide, juste et efficace du secteur", selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le texte représente "une avancée majeure et décisive dans la mise en œuvre opérationnelle de l’Accord de Paris."
Pour la première fois, tout ce que la planète compte de décideurs politiques, de diplomates, de bâtisseurs, d'architectes, d'ingénieurs, d'industriels des matériaux ou de la construction, etc., se réunissaient ces jeudi et vendredi 7 et 8 mars afin d'échanger autour du bâtiment, de la construction et de la question climatique, et ce afin d'acter des engagements afin que la filière bâtiment et construction soit enfin en bonne voie pour parvenir à la décarbonation d'ici 2050.
Faut–il le rappeler, mais le secteur du bâtiment et de la construction représente 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 37 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, mais aussi 34 % de la demande énergétique et la moitié de la consommation mondiale de matières premières, et ce sans compter que cet impact des bâtiments sur le climat devrait s'accroître au cours des prochaines décennies en raison de la croissance fulgurante, en particulier dans les zones urbaines des pays du Sud. Ainsi, d'ici 2060, le doublement des surfaces bâties devraient ajouter plus de 230 milliards de mètres carrés bâtis et, en Afrique, lesdites surfaces pourraient tripler, et même quadrupler dans les pays à urbanisation rapide !
Par ailleurs, 100 milliards de tonnes de déchets de la construction sont générés par les démolitions et rénovations chaque année, dont 35 % sont acheminés puis enterrés dans des zones d'enfouissement. En 2021, si 40 % des pays (79 sur 196) disposaient d'un code de l'énergie, seulement 26 % disposaient de normes de construction obligatoires, souligne le document.
100 milliards de tonnes de déchets de la construction sont générés par les démolitions et rénovations chaque année, dont 35 % sont acheminés puis enterrés dans des zones d'enfouissement. © onlyyouqj / Freepik
Normes, financements immobiliers, matériaux, énergie, décarbonation, interrogations sur le bâti, enjeux cruciaux, etc., tout a été passé au crible dans cette Déclaration de Chaillot. Au final, les états signataires se sont engagés, entre autres, à faire primer la rénovation sur la construction neuve afin de minimiser l'utilisation de ressources non renouvelables et maximiser l'efficacité énergétique. Il est prévu des économies, si possible subtantielles, d'eau et l'énergie, comme de réduire autant que faire se peut les installations de climatisation en privilégiant la circulation d'air à l'intérieur des bâtiments. Mais encore, un large spectre d'autres engagements ont été pris, dont :
– la mise en œuvre de feuilles de route, de cadres réglementaires comme de codes de la construction et de l’énergie contraignants afin de tendre vers des bâtiments plus neutres en carbone ;
– La configuration d'un cadre financier adapté avec des incitations financières, fiscales et des outils réglementaires afin d’augmenter la part des bâtiments résilients, quasi nuls en émissions de gaz à effets de serre, et accessibles ;
– La promotion de l’adoption de labels, de standards et de certifications ;
– L'adoption de politiques ambitieuses en matière de marchés publics ;
– La favorisation du développement comme de l’utilisation de matériaux de construction faibles en carbone, durables et à coûts limités ;
– L'accélération des chaînes de valeurs collaboratives ainsi que de la recherche et le développement de solutions innovantes ;
– L'amélioration des compétences en renforçant notamment le savoir-faire local prenant en compte les stratégies d’atténuation et d’adaptation ;
– L'encouragement d'une gouvernance à plusieurs niveaux, une coordination entre les différentes parties prenantes et une approche plus participative afin de garantir une coordination de la mise en œuvre ;
– Et, enfin, le développement des outils et des cadres réglementaires afin de collecter et partager les données comme les bonnes pratiques.