Dunkerque, ville lauréate du premier appel à projets "Zones industrielles bas carbone"

Le port industrialo-portuaire de Dunkerque. © Dunkerque Port

Dunkerque, ville connue et reconnue pour ses actions de lutte contre les émissions de CO2, est officiellement lauréate du tout premier appel à projets ZIBaC (Zones Industrielles Bas Carbone).




Le port de Dunkerque est le troisième port français, bien que le premier en matière d’importation des minerais et de charbon, comme de fruits en conteneurs, premier également en fret ferroviaire français et second pour les échanges avec la Grande-Bretagne. Il est également le premier port fluvial du Nord/Pas de Calais.

Le dispositif ZIBaC (Zones Industrielles Bas Carbone) est mis en place par le ministère de l’Industrie par le biais de l’ADEME (Agence de la Transition Écologique), et doit permettre à Euraénergie, le groupement d’intérêt public, et ses partenaires de réaliser des études d’ingénierie et de faisabilité concernant la réduction des émissions carbone. Pour ce faire, le budget alloué est de 27,2 millions d’euros, dont une subvention de l’ADEME à hauteur de 50 %.

La signature officielle de cette convention de financement a eu lieu ce lundi 8 avril en présence, notamment, de :

– Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l'Énergie,

– Patrice Vergriete, le ministre délégué chargé des Transports et président de la Communauté urbaine de Dunkerque,

– Bertrand Gaume, le préfet de la région Hauts-de-France et du Nord,

– Baptiste Perrissin-Fabert, le directeur général délégué de l’ADEME,

– Maurice Georges, le président du directoire du Grand Port Maritime de Dunkerque,

– et, enfin, François Lavallée, le président de la CCI Littoral Hauts-de-France.

 

Les protagonistes en présence lors de la signature officielle de cette convention de financement, à la Communauté urbaine de Dunkerque, ce lundi 8 avril 2024. © CP

 

 

Le projet "DKarbonation"

Le projet, intitulé "DKarbonation", qui a remporté en 2023 l’appel à projets ZIBaC (Zones industrielles bas carbone) instauré par le ministère de l’Industrie par le biais de l'ADEME, est mené conjointement par la CUD (Communauté Urbaine de Dunkerque), le Grand Port Maritime de Dunkerque, la Chambre de Commerce et de l’Industrie, la région Hauts-de-France, ainsi que les services de l’État. Il est animé par Euraénergie, un groupement d'intérêt public qui impulse la transition écologique et énergétique du bassin industrialo-portuaire dunkerquois, en coalisant les acteurs économiques publics et privés.

 

 


Des objectifs ambitieux pour ce projet

Le bassin industrialo-portuaire dunkerquois demeure à l’origine de 20 % des émissions industrielles de CO2 en France, raison pour laquelle Henri-Pierre Orsoni, chargé de missions relations industrielles chez Euraénergie déclare qu'il n'y "aura pas de décarbonation sans infrastructures. Et l’objectif 2030 n’est crédible que si les projets sont lancés dès maintenant".

 

Les émissions de la zone de Dunkerque représentaient 13,8 millions de tonnes de CO2eq émis en 2019. © Grand Port maritime de Dunkerque

 

 

 

L’ambitieux et premier objectif du projet DKarbonation est donc de faire de Dunkerque une vitrine non seulement régionale, mais également nationale (voire internationale !) de la décarbonation à l’échelle d’un territoire, en passant de premier émetteur de CO2 à "premier émetteur de solutions" !

Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, s'est ainsi exprimé lors de l’annonce des lauréats, en évoquant Dunkerque comme territoire "pionnier" : "Demain, l’attractivité se mesurera à la présence des infrastructures indispensables pour l’industrie décarbonée : l’électricité, l’hydrogène vert, la capture de CO2. Je suis sûr que la mise en place de zones industrielles bas carbone sur tous les grands bassins industriels français permettra de faire de la France le pays le plus attractif du monde pour les industries vertes".

Patrice Vergriete, le ministre délégué chargé des Transports et président de la Communauté urbaine de Dunkerque a surenchérit : "Dunkerque, territoire pionnier de la décarbonation de l’industrie française, a fait de la transition écologique un levier majeur pour une réindustrialisation verte de son territoire industriel. Dans le cadre du plan d’investissement France 2030 mis en place par le Gouvernement, ce financement ZIBaC va nous permettre de poursuivre notre accélération sur la compétitivité industrielle en investissant massivement dans les technologies d’avenir et en soutien de la transition écologique pour mieux produire, et répondre aux enjeux environnementaux. L’objectif ambitieux de la France aux côtés de nos partenaires européens, pour lutter contre le réchauffement climatique fait partie des priorités pour répondre aux objectifs de neutralité carbone sur le continent européen d’ici à 2050."

 

 

Quels procédés sont envisagés pour décarboner le bassin industrialo-portuaire dunkerquois ?

Cette décarbonation repose principalement sur les procédés suivants : la sobriété carbone, l’économie circulaire, le captage, le transport et le stockage, voire la réutilisation et la valorisation de CO2 grâce à un hub dédié.

 

Les infrastructures portées par ZIBaC sont ainsi divisées en six piliers : l’électricité, l’eau, l’hydrogène, le CO2, le biométhane et la chaleur. © CP

 

 

L'électricité

Le bassin industriel doit produire davantage d’électricité pour décarboner. Les besoins sont évalués à 3 500 Méga Watt supplémentaires en 2030 et 4 500 Méga Watt en 2040 (selon RTE). Un champ éolien offshore est prévu pour 2028-2029, ainsi que les deux nouveaux EPR (à l’horizon 2035) à Gravelines, sans compter un champ photovoltaïque, qui devraient permettre un "mix énergétique décarboné", selon Henri-Pierre Orsoni.

 

 

L'eau

Les nouvelles implantations, ainsi que le déploiement de nouveaux procédés industriels et la production d’hydrogène nécessiteront des besoins en eau supplémentaires. Il faut donc maîtriser la consommation d’eau industrielle et tout en trouvant d'autres sources. Un projet est en cours, avec plusieurs études (menées par la CUD, le Syndicat des eaux du Dunkerquois, le Grand Port Maritime de Dunkerque et Euraénergie) d’optimisation de la gestion de cette eau industrielle, d’analyse des besoins pour la production d’hydrogène, de valorisation des eaux non conventionnelles et de la faisabilité de création d’un réseau d’eau de mer.

 


L'Hydrogène bas carbone

Dunkerque est historiquement un territoire de déploiement de l’hydrogène, raison pour laquelle H2V porte un projet de production d’hydrogène renouvelable sur le territoire du Grand Port Maritime de Dunkerque, avec pour enjeu de produire, à partir de 2027, 28 000 tonnes par an d’hydrogène par électrolyse de l’eau, afin d’éviter chaque année l’émission de 280 000 tonnes de CO2.

D’autres projets de production sont également à l’étude : onze entreprises sont notamment intéressées par une infrastructure de transport d'hydrogène dans la zone industrialo-portuaire (à la suite d’une étude lancée en septembre 2022 par GRTgaz).

 

 

Le hub CO2

Le hub CO2 de Dunkerque est un projet d’infrastructure regroupant une partie de la chaîne de valeur post-capture du CO2, autrement dit son transport, sa liquéfaction et son stockage intermédiaire jusqu’à son chargement par navire ou sa réutilisation. Le périmètre de ce hub comprendrait la zone industrielle et portuaire de Dunkerque ainsi que son arrière-pays.

 

 

Le biométhane

Grâce à ZIBaC, notamment (car plusieurs unités de méthanisation existent déjà sur le territoire), Dunkerque sera à même de développer de nouvelles infrastructures destinées à produire du "gaz vert" à partir des déchets organiques.

 


La chaleur fatale

Avec Euraénergie, le Grand Port Maritime de Dunkerque porte un projet d’autoroute de la chaleur, une canalisation d’une vingtaine de kilomètres vouée à devenir le plus grand réseau de France et destinée à transporter (à l'horizon 2027) la chaleur fatale émise par des industriels tels que Ferroglobe, Befesa, Comilog pour la redistribuer chez d’autres tels que Verkor, évitant ainsi de consommer de l’énergie et émettre du CO2.

 


Source : batirama.com / Laure Pophillat

 

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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