L’usine Intuis de Feuqières-en-Vimeu fabrique des pompes à chaleur air/eau au R290, ainsi que des chauffe-eaux thermodynamiques, également au R290, et des MTA (Modules Thermiques d’Appartement).
Les pompes à chaleur fabriquées à Feuquières sont plutôt destinées au tertiaire et au logement collectif. La pompe à chaleur HRC70 Z1 cascadable est disponible en triphasé, en 40, 50, 64, 75 et 96 kW. Le pilote Z1, raccordé en eau aux pompes à chaleur monoblocs extérieures, gère la cascade jusqu’à quatre pompes à chaleur au maximum. Ce qui parvient tout de même à 384 kW de puissance. La température de départ d’eau peut atteindre 70 °C, sans assistance par résistance électrique.
Les pompes à chaleur Intuis destinées au tertiaire et au logement collectif – les gammes HRC70 et leurs pilotes de cascades – sont fabriquées à l’usine de Feuquières-en-Vimeu. © PP
Tous les appareils thermodynamiques fabriqués à Feuquières font appel au R290 comme fluide frigorigène. Son GWP (Global Warming Power) est égal à 3 seulement. Ce n’est pas un HFC, mais un fluide naturel. Pour ces deux raisons, il échappe au Règlement F-Gaz, même dans sa dernière version. Les ballons thermodynamiques Edel AIR Mural (100 et 150 l), Edel AIR Sol (200 et 270 l), Cylia 250 air/Eau au sol, les ballons thermodynamiques eau/eau Edel EAU Mural (150 l) et Edel EAU Sol (200 et 270 l), ainsi que Edel ACE, le chauffe-eau thermodynamique air/eau individuel sur conduit collectif utilisent tous le R290. Une charge de fluide est de 150 g au maximum, avec une tolérance de ± 3 g, pour une puissance de 3 kW. Les chauffe-eaux thermodynamiques de 100 et 150 l se contentent d’une charge de 100 g de R290.
La fabrication d’un chauffe-eau thermodynamique commence par l’assemblage de sa cuve en acier inoxydable ou en acier émaillé. Ici, un poste de soudure automatique fabrique les virolles : le fond et le couvercle. © PP
Puis les parois de la cuve sont formées en cylindre, soudées du haut en bas, soudées avec leur fond et leur couvercle. © PP
Lors de leur visite de l’usine Roland Lescure et Bruno Lemaire se sont fait expliquer la fabrication d’un chauffe-eau thermodynamique par Lionel Palandre, le directeur de l’usine. Intuis utilise un échangeur enroulé sur la face externe de la cive, puis noyé dans l’isolant thermique injecté entre la jaquette et la cuve. © PP
Le groupe thermodynamique placé au-dessus de la cuve est assemblé à Feuqières. Les liaisons entre le compresseur, le détendeur, l’échangeur air/fluide sont brasées. La compétence de brasure est d’ailleurs particulièrement recherchée par Intuis. © PP
Une fois le ballon assemblé, l’étanchéité du chaque ballon thermodynamique – partie eau et partie fluide – est testée, avant ajout de la charge de R290. © PP
Aujourd’hui, l’usine Intuis de Feuquières-en-Vimeu a une capacité de production de 100 000 chauffe-eaux et de 30 000 pompes à chaleur non-domestiques par an. En 2027, sa capacité atteindra 200 000 unités par an, tous appareils confondus. ©PP
Pour clôturer sa visite, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a dévoilé le "Plan d’action pour produire un million de pompes à chaleur en France". Petite précision pour commencer, le mot pompes à chaleur est employé au sens large, très large : les ballons thermodynamiques, les pompes à chaleur air/eau, eau/eau, les rooftops et groupes d’eau glacée sont comptés.
Bruno Lemaire a commencé par rappeler que la chaleur représente 45 % des besoins d’énergie primaire de la France et que 2/3 de ces besoins sont satisfaits par l’emploi d’énergies fossiles. © PP
Estimant que la nécessaire transition énergétique fournit l’occasion de réindustrialiser la France, il a replacé son plan en faveur de la fabrication de pompes à chaleur en France dans le cadre plus vaste de la stratégie qui doit conduire à la neutralité carbone de la France en 2050 :
– Reconstruire la filière nucléaire ;
– Développer une filière de conception et de fabrication de batteries, rappelant au passage les quatre projets de giga-factories annoncés dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord ;
– Fabriquer des panneaux photovoltaïques, avec le projet de deux giga-factories en France ;
– Développer une filière française de pompes à chaleur.
Le plan dévoilé par Bruno Le Maire est plutôt ambitieux et repose principalement sur huit piliers.
Bruno Le Maire recense pour l’instant 27 sites fabricant des pompes à chaleur en France. Nous sommes un peu plus optimistes et en comptons au moins 37 en utilisant la large définition des pompes à chaleur évoquée plus haut. En mobilisant l’outil Crédit d’Impôt Investissement Industrie Verte, apparu dans la Loi Industrie Verte promulguée en mars 2024, il sera possible de financer la fabrication de composants destinés aux pompes à chaleur (compresseurs, échangeurs, etc.), ainsi que l’assemblage et la fabrication des pompes à chaleur elles-mêmes. Cette aide à l’investissement peut couvrir de 20 à 45 % de l’investissement, hors RDI (Recherche, Développement expérimental et Innovation), dans la limite d’un plafond de 150 M€ dans les zones non-AFR (Aides à Finalité Régionale) et de 200 M€ dans les zones AFR. Tous les discours qui émanent de l’État sont truffés de jargon qu’il faut décoder. La DGE (Direction Générale des Entreprises) a d’ailleurs lancé un AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) le 15 avril pour la production de pompes à chaleur. Il se termine le 30 juin 2024.
Orienter la commande et les aides publiques vers les pompes à chaleur françaises et européennes présentant les meilleures performances environnementales à partir de 2025. L’État veut remplacer les chaudières gaz et fioul de ses 192 000 bâtiments par des solutions plus vertueuses, notamment les pompes à chaleur. C’est alléchant. Mais qu’est-ce qu’une pompe à chaleur française ou européenne exactement et quels seront les critères retenus pour définir leurs performances environnementales ? Pas d’annone à ce propos, mais réitération du calendrier : à partir du 3e trimestre 2024 pour la commande d’État, de 2025 pour les aides publiques.
Simplifier les normes pour faciliter l’installation de pompes à chaleur dans l’habitat collectif. Cela passera par le projet de loi "Simplification", porté par Bruno Le Maire, mais sans annonce de calendrier de présentation au parlement, qui devrait permettre de déroger au PLU, notamment en ce qui concerne la hauteur maximale des bâtiments, pour faciliter l’installation de pac en collectif.
Stimuler l'innovation pour développer en France des pompes à chaleur aux plus hauts standards écologiques de demain. Plus précisément, il s’agit d’étendre l’AAP "Démo-TASE" aux pompes à chaleur. Jargon, jargon. Dans le cadre du Plan d’Investissement France 2030, annoncé en 2021, les TASE (Technologies Avancées des Systèmes Energétiques) visent à développer particulièrement le PV, l’éolien flottant et les réseaux énergétiques. Ces TASE sont désormais étendues aux pompes à chaleur.
Dans le cadre du Plan France 2030, toujours, un autre AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt), baptisé "Compétences et métiers d’avenir" est désormais ouvert aux métiers d’installations et de maintenance des pompes à chaleur, pour faire face à l’insuffisance de personnel formé.
Contrôler plus les installations de pompes à chaleur subventionnées par l’État. Roland Lescure a annoncé à Feuquières que l’État organisera le contrôle de plus d’une pac sur deux déjà installée dans le cadre de MaPrimeRénov’. C’est louable. Le communiqué remis à la fin de la visite des ministres évoque pour sa part que le taux de contrôle à distance et sur site sera augmenté de 20 % en 2025, pour atteindre près de la moitié des pompes à chaleur déjà installées.
Créer un CEPAC (Centre d’Expertise de la pac) accessible à tous. L’État va donc soutenir financièrement la création du CEPAC, déjà évoquée par l’AFPAC.
Développer la pompe à chaleur dans l’industrie, avec un soutien financier via la création d’une fiche d’opération standardisée dans le cadre de l’enveloppe existante des CEE.