Intermat 2024 revient après 6 années d’absence et ne pense qu’à la décarbonation

ESE E, la première excavatrice-aspiratrice entièrement électrique au monde devant l'entrée du salon Intermat 2024 à Villepinte. © PP

Après six ans d’absence du salon Intermat, pour son retour en 2024, l’accent est mis sur la décarbonation, avec trois technologies : batteries, moteur à hydrogène ou piles à combustible.




Du 24 au 27 avril, Intermat 2024 a réuni à Villepinte 1 085 exposants, dont 65 % d’internationaux venus de 40 pays. Le salon se tient tous les trois ans, mais n’avait pas eu lieu depuis 2018. Le thème majeur cette année est la décarbonation. Premier indice, en ouverture du salon, les cinq principales fédérations et organisations professionnelles du secteur - Evolis (organisation professionnelle consacrée aux biens d'équipements d'origine mécanique), DLR (Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels de construction et de manutention), la FFB  (Fédération Française du Bâtiment), la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics) et le Seimat (Syndicat des Entreprises Internationales des Matériels et de Travaux publics, mines et carrières, bâtiment et levage) - ont signé un manifeste, dans lequel elles s'engagent à accompagner la décarbonation des équipements de construction qui représentent jusqu’à 20 % des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) des chantiers. Leur principal engagement consiste à explorer activement les alternatives aux motorisations thermiques, qu'elles soient électriques, à base de biocarburants ou d'hydrogène.

 

 

 

Un petit nombre de grands groupes mondiaux

Avant de nous engager dans les allées d’Intermat, campons le secteur : les entreprises productrices d’équipements pour la construction regroupent les familles du bâtiment, des travaux publics, de la préparation des matériaux et de la manutention de vrac. Elles réalisent un chiffre d’affaires de 5,8 Md€.

La production française des entreprises fabriquant des équipements pour la construction a progressé de 4,1 % en valeur en 2022 par rapport à 2021. Au total, elle atteint 3,8 Md€ en 2022, avec une prédominance des matériels de travaux publics (2,2 Md€). Elle compte 90 sites de production en France et emploie 14 500 salariés. Les entreprises productrices d’équipements de manutention regroupent les familles des chariots industriels, des systèmes de manutention, du levage industriel et du stockage. Elles réalisent un chiffre d’affaires de 8,8 Md€ (provisoire, hors commerce de gros interentreprises). De son côté, avec une croissance estimée à 4 % en 2022, le chiffre d’affaires de la location atteint 5,25 milliards d’euros pour l’année.

Selon l’enquête du Seimat, l’année 2023 a été marquée pour une légère baisse en volume pour l’ensemble des matériels de construction et manutention en France métropolitaine :

– matériels lourds : - 6 % en volume, avec les pelles sur chenilles à 12 tonnes en recul de 16 % et les pelles sur pneus supérieures à 11 tonnes en progression de 16 % ;

– Matériels compacts : + 4 %, atteignant 18 864 machines, avec les mini–pelles représentant plus de 71 % du volume ;

– Matériels routiers et compactage : les ventes sont stables, à l’exception des piloneuses et plaques, qui sont en forte de baisse de 25 % ;

– Matériels pour le béton : + 7 %, marquant une progression après un marque en châssis cabines en 2022 ;

– Matériels de manutention et levage : - 1 %.

L’univers de l’engin de chantier est de plus en plus concentré dans le monde. Par exemple, Bobcat appartient au sud-Coréen Doosan. La gamme actuelle de télescopiques Bobcat se compose de 14 modèles sur cinq plates-formes, avec des marchés clés dans les domaines de l'agriculture, de la construction et de la location. Plus de 80 % de la production de l’usine Doosan Bobcat EMEA de Pontchâteau est destinée à l'exportation. Pour Bobcat, Intermat 2024 est aussi l’occasion de présenter plusieurs modèles d’avant-garde, dont le concept de télescopique électrique TL25.60e. La marque expose par ailleurs des innovations sorties récemment, parmi lesquelles les chargeuses compactes sur pneus S630 et S650 de série M, le compresseur PA12.7V, des machines compatibles avec l’HVO (Huile Végétale Hydrotraitée), une gamme actualisée de télescopiques rotatifs destinés aux marchés de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique (EMEA) et un système d’avertissement et d’évitement de collision.

 

Cette année, l’usine Bobcat de Ponchâteau a fêté son soixantième anniversaire. Aujourd'hui, l'usine est réputée pour sa production de chargeurs télescopiques, qui a débuté au début des années 80 sous la marque Sambron, avant d'être acquise par le Groupe Fayat. Sous la nouvelle direction, Sambron est devenu FDI Sambron et a introduit les télescopiques hydrostatiques. En 2000, FDI Sambron a été rachetée par la société américaine Ingersoll-Rand, qui possédait également la marque Bobcat. FDI Sambron devient alors Bobcat France. En 2007, Bobcat a été acquis par le groupe sud-coréen Doosan et continue d'opérer au sein de la société Doosan Bobcat EMEA. © PP

 

 

 

De l’outillage au tractochargeur

À Intermat 2024, on ne voyait pas que des engins de chantier et de TP.

 

Outinord, par exemple, avec 60 ans d’expérience de conception et de fabrication de coffrages métalliques, présentait sa nouvelle banche télescopique cotes bloquées, réglable de 1 m à 1,50m. © PP

 

 

Putzmzeister exposait la première toupie à béton électrique. Le tracteur a été fourni par le groupe SANY auquel Putzmeister appartient. Cette toupie offre une charge utilise de 18 250 kg, avec une autonomie de 150 à 160 km/jour. Ce qui suffit, puisque la plupart des fabricants de BPE (Béton Prêt à l’Emploi) livrent dans un rayon de 20 à 30 km autour de leur centrale. La batterie de cette toupie stocke 350 kWh, mais dans six ans, elle stockera encore 240 kWh. Le premier exemplaire sera livré à la fin de la semaine, pour un prix public de 350 000 € HT. © PP

 

 

Le groupe Monnoyeur, distributeur de Caterpillar en France, exposait à Intermat avec ses filiales Arkance, Bergerat Monnoyeur, Chrono FlexEneria, GCS et Sitech, montrant des solutions accélérer la transition énergétique sur ses chantiers et chez ses clients, dont la chargeuse sur pneus Cat 966 XE. © PP

 

 

Eneria, filiale du groupe Monnoyeur, proposait hybridation et retrofit énergétique en s’appuyant sur les solutions développées par Caterpillar. © PP

 

 

 

 

À Intermat, Kobelco exposait sur un espace extérieur de 1 500 m². Sa pelle nouvelle SK520LC-11E de 53T a été vendue à 150 exemplaires à Equip+. Profitant du salon, le constructeur annonçait que tous les moteurs équipant les pelles Kobelco sont compatibles au carburant alternatif HVO100, qui permet d’obtenir une réduction du CO2 de 80 % par rapport à un gazole traditionnel. © PP

 

 

Liebherr exposait une vingtaine de machines à Intermat, dont la pelle de manutention LH40E de 40 tonnes à entrainement électrique et la batterie sur roues Liduro Power Port (LPO), un système mobile de stockage d'énergie destiné à alimenter les chantiers situés dans des endroits isolés où l'infrastructure électrique est insuffisante. Liebherr fournit une solution à la gamme de produits électrifiés dans son segment de produits Composants. Les engins de chantier et les grues hybrides ou entièrement électriques peuvent ainsi être chargés et utilisés sans émissions locales. © PP

 

 

 

 

Chez IMER, la nouvelle nacelle araignée IM R 19 SA EVO LITHIUM embarque des batteries au lithium qui alimente son moteur électrique. Le compartiment pour les piles au lithium est protégé et facilement accessible pour la gestion du cycle de charge. Un affichage LCD montre l’état de charge et le temps de fonctionnement restant de la batterie. © PP



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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