Comment faire face au changement climatique ?

Une falaise s'affaisse près de Fécamp en Normandie.  © PP

Nous sommes passés de l’atténuation – la lutte contre le changement climatique – à une nécessaire adaptation à + 4 °C de température moyenne, mais la mobilisation des acteurs tarde à se mettre en place.




Le changement climatique n’est plus une hypothèse lointaine, c‘est une réalité quotidienne, comme nous le rappelle de violentes crises récurrentes : inondations à répétions, sécheresses qui privent des communes françaises d’eau potable, feux de forêts d’ampleur inégalée, tempêtes, etc. La Croix-Rouge française a récemment publié un rapport, développé avec la participation du CRÉDOC (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) et l’appui de la Fondation Croix-Rouge, qui étudie cette année l’impact des chocs climatiques sur les individus : “Événements climatiques extrêmes : sommes-nous prêts à l’inévitable ?

Le 5 Avril 2024, I4CE (Institute for Climate Economics) a publié une étude intitulée "Anticiper les effets d’un réchauffement de + 4 °C : quel coût de l’adaptation ?". De son côté, le 12 Mars 2024, la Cour des Comptes a publié son rapport sur "l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique" de 36 pages, ainsi qu’une synthèse de 104 pages. Pour sa part, le Cerema a mis en ligne le 5 avril, une "évalation des enjeux exposés au recul du trait de côté, à court, moyen et long terme".

Ces divers rapports et études, à l’exception de celui de la Croix-Rouge se concentrent sur trois secteurs : le bâtiment, les infrastructures de transport terrestre et les productions agricoles végétales. Seuls les deux premiers sont pris en compte dans cet article qui se focalise sur les risques connus. Un second article portera sur les dispositions déjà prises pour lutter contre ces risques et celles que dictent le bon sens.

 

©Anaïs Loué pour studio 1+1

 

 

Quels sont les principaux risques ?

À la lecture des rapports, les principaux risques pour le bâtiment et les infrastructures sont :

– la hausse des précipitations violentes qui provoque des inondations, des coulées de boues et des glissements de terrain ;

– La sécheresse qui prive un nombre croissant de communes d’eau potable ;

– Le retrait-gonflement des argiles qui menace la structure des bâtiments ;

– La hausse du niveau de la mer qui entraîne un retrait du trait de côte, la destruction de bâtiment et attaque des infrastructures énergétiques et de transport ;

– La surchauffe des villes et des bâtiments ;

– L’augmentation et la fréquence des feux de forêts ;

– L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes et cyclones.

 

Face à ces risques, deux types d’actions nécessaires se dégagent : une planification et une organisation nationale, des millions d’actions décentralisées. Toutes requièrent cependant une adaptation des lois, des règlementations, du comportement et des décisions des acteurs administratifs. "L’information des citoyens sur les risques du réchauffement climatique et les choix à opérer constitue dans ce contexte un enjeu majeur", indique la Cour des Comptes.

 

À court terme, le retrait du trait de côte, à la fois tendanciel et sous l'influence de tempêtes particuièrement fortes et imprévisibles, est l'un des deux principaux risques. © PP

 

 

 

Le retrait du trait de côte

Le rapport au Cerema distingue trois horizons : 2028, 2050 et 2100. À L’échéance 2028, estime le Cerema, 500 communes sont particulièrement concernées, et, hors Guyane, 1 046 bâtiments sont menacés, dont 636 liés au logement et 191 bâtiments commerciaux. Au total, la valeur vénale des bâtiments qui ont pu être estimés atteint déjà 238 millions d’euros. En 2050, selon le Cerema, 5 208 logements sont menacés pour une valeur totale estimée de 1 090 millions d’euros, plus environ 450 000 en 2100, ainsi que 1 437 locaux d’activités en 2050 et 53 158 en 2100.

Côté infrastructures, le Cerema estime que 15,5 km de routes structurantes seront affectés en 2050, contre 1 765 km en 2100, ainsi que 545 m de voies ferrées en 2050, puis 243 km de voies ferrées en 2100. Le Cerema souligne toutefois que ces résultats sont fondés sur une connaissance très parcellaire et imparfaite des patrimoines et des infrastructures côtières. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs confié au Cerema la mission d'améliorer et d’organiser la connaissance nationale des ouvrages et des aménagements littoraux, et de développer une compréhension plus approfondie de leurs coûts réels.

 

 

 

Le retrait-gonflement des sols argileux

Les phénomènes climatiques exceptionnels sont le principal facteur de déclenchement du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux. L'amplitude des variations de volume d'un sol argileux "gonflant" augmente avec l'importance de la variation de la teneur en eau du sol. La succession d'une période fortement arrosée et d'une période de sécheresse constitue un facteur de déclenchement majeur.

En climat tempéré, les épisodes de sécheresse, caractérisés par des températures élevées, un déficit pluviométrique et une très forte évapotranspiration, ont pour répercussion immédiate d’assécher les sols argileux et donc de provoquer un phénomène de retrait provoquant des dégâts plus ou moins sérieux sur les bâtiments. La question du RGA (Retrait et Gonflement des Sols Argileux) s’impose avec une acuité croissante en raison des chiffres records de la sinistralité sécheresse 2022. Ce sont les chiffres de sinistres les plus importants depuis l'intégration, en 1989, de la sécheresse dans le régime des catastrophes naturelles (cat-nat) :

– plus de 6 308 communes reconnues cat-nat sécheresse 2022, soit près de 73,1 % sur les 8 630 au total ayant fait la demande ;

– Un coût de la sinistralité estimé à plus de 3,5 millions d'euros par la Caisse Centrale de Réassurance.

La région Sud - Provence-Alpes-Côte d'Azur arrive en tête avec 47,1 % de ses communes reconnues cat-nat sécheresse 2022. Neuf départements (13, 32, 33, 37, 79, 81, 83, 84 et 86) enregistrent plus de 50 % de leurs communes reconnues cat-nat sécheresse 2022, dont cinq départements avec plus de 70 % (32, 81, 83, 84 et 86) de leurs communes.

 

© M.Villey - BRGM

 

 

Tous ces sinistres, notamment les inondations, posent la question de l’indemnisation des victimes par les assurances et par des dispositifs publics qui se mettent en place. La surchauffe des villes est un cas à part. Nous ferons le point dans notre prochain article.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
1 Commentaire
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  • par RVL42600
  • 11/05/2024 21:27:39

La petite musique qui chante la nécessaire adaptation au + 4°C permet de dédouaner les forces économiques et politiques libérales de leurs responsabilités énormes dans ce désastre. Elles ont freiné des 4 fers les mesures anti gaspillages à prendre pour maintenir leurs priviléges. De plus aujourd'hui ces mêmes forces libérales pratiquent le Green Washington et tentent de faire culpabiliser le consommateur en préconisant des mesurettes.

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