Ce mardi 12 mai, lors d'un table ronde, l'OPPBTP lançait une campagne nationale afin de faire évoluer les perceptions du risque chez les professionnels du BTP sur les chutes de hauteur, ces dernières représentant la première cause d’accidents graves et mortels : "Parce que ça n’arrive pas qu’aux autres" !
Lors du lancement de la campagne, une table ronde a réuni (de gauche à droite) Christian Morel, médecin du travail, Nicolas Morel, chef d'entreprise, Pierre Ramain, directeur général du Travail, Anne Thiebeauld, directrice des risques professionnels à la Cnam et Paul Duphil, secrétaire général de l'OPPBTP, qui a déclaré : "Nous sommes fiers du travail de fond que nous avons réalisé ces 10 dernières années avec la campagne « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur ». Nous avons accompagné plus de 40 000 professionnels vers une meilleure prise en compte du risque de chute de hauteur, et avons observé de réels efforts en prévention au sein des entreprises. Néanmoins, tant que des accidents surviennent, des progrès restent à faire et la mobilisation doit continuer. Cette nouvelle étape de campagne est plus que jamais orientée sur le facteur humain. Nous espérons qu’elle permettra à de nombreux professionnels de sortir du déni du risque et de générer une véritable prise de conscience, parce que ça n’arrive pas qu’aux autres." © OPPBTP
Dans le BTP, les chutes de hauteur représentent la première cause d’accidents graves et mortels (hors risque routier et malaises). De fait, depuis 2014, l’OPPBTP et ses partenaires sont particulièrement engagés pour lutter contre ce risque majeur, notamment via la campagne de sensibilisation : "Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur".
Dix ans plus tard, l’Organisme souhaite donner une nouvelle impulsion à la mobilisation autour de ce risque toujours majeur dans les métiers du BTP, d'où la campagne du 21 mai au 5 juillet 2024, qui se veut axée sur le facteur humain et donne à prendre conscience des conséquences personnelles et professionnelles des chutes de hauteur, et ce en rappelant qu'il est possible de travailler en hauteur en sécurité.
L'affiche de la campagne 2024, avec les slogans "Parce que ça n'arrive pas qu'aux autres !" et "Travaux en hauteur, pas droit à l'erreur". © OPPTP
Pour ses campagnes, l'OPPBTP s'entoure de partenaires, dont :
– le Ministère du Travail,
– la Cnam,
– les Services de Prévention et de Santé au Travail BTP et interprofessionnels,
– et, enfin, la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL), gérée par la Caisse des Dépôts.
Dans le BTP, difficile de faire sans le travail en hauteur : depuis un toit, une échelle, un mur, un pylône, une passerelle, etc., les professionnels du secteur bâtiment et construction sont régulièrement exposés à la potentialité d'un risque de chute, pouvant avoir des conséquences irrémédiables. En effet, les chutes de hauteur représentent un accident du travail mortel sur cinq dans le BTP, d'après les chiffres de la Cnam (2021), ce qui en fait la première cause d’accidents graves et mortels dans le BTP. Sans compter que ces accidents ont des conséquences plus lourdes pour les victimes, ainsi que pour les entreprises : les arrêts de travail liés aux chutes de hauteur sont en moyenne de quatre mois, contre deux mois et demi pour les autres accidents.
Parmi les métiers les plus touchés par ces accidents, et sans surprise, on retrouve la charpente – couverture (40 %) et la maçonnerie – gros œuvre (24 %).
Une chute de hauteur sur deux est liée à une rupture de toiture fragile ou à un défaut d’équipement de protection collective.
Le "profil type" de la victime fait une chute de moins de trois mètres, est en CDI, travaille pour une TPE/PME (3/4 des accidents ont lieu dans des entreprises de moins de 50 salariés), intervient sur un chantier de rénovation, pour une intervention de courte durée, chez un client particulier. © OPPBTP
Mobilisé sur cette problématique majeure, l’OPPBTP et la Cnam ont accompagné depuis 2014 environ 3 000 entreprises afin de faire évoluer les consciences et proposer des solutions, dans le cadre de la campagne "Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur".
Toutefois, des situations à risques persistent et la mobilisation doit impérativement se poursuivre pour parvenir à réduire radicalement le nombre d’accidents du travail liés aux chutes de hauteur. Pour ce faire, une première enquête préliminaire de perception du risque a été menée par l’OPPBTP et les services de prévention santé au travail, auprès d'un large spectre d’entreprises : ainsi, durant un mois, 670 professionnels issus de 327 entreprises du BTP ont été interrogés, dont 38 % de couvreurs, 37 % de maçons et 25 % de charpentiers bois, et 239 chantiers ont été observés. L’étude a permis de mettre en lumière des chiffres éloquents :
– 9 professionnels sur 10 pensent que leur métier est dangereux : 75 % des chefs d’entreprises et 62 % des compagnons ont déjà vécu ou ont été témoin d’un accident de chute de hauteur, ont pleinement conscience qu’une chute même de faible hauteur peut être mortelle, et affirment cependant travailler sans équipement de sécurité au moins une fois par an ;
– La majorité des répondants trouvent que la hiérarchie prévoit les bons équipements en matière de protection contre les chutes de hauteur et que les protections collectives sont efficaces en cas de chute ... et ce alors que 40 % des chantiers visités par les conseillers de l’OPPBTP ont été jugés moyens ou insuffisants en termes de sécurité ;
– 31 % des compagnons déclarent être gênés au quotidien par les protections collectives ;
– Sur les chantiers visités avec un bon niveau de sécurité, 46 % pensent que leurs clients ne s’intéressent pas à la sécurité, un chiffre grimpant à 80 % sur les chantiers visités avec un niveau de sécurité moyen alors même que 92 % des professionnels interrogés pensent qu’un échafaudage de pied est un plus pour l’image de marque de l’entreprise ;
– Enfin, 6 professionnels sur 10 en moyenne considèrent que les chutes ne sont pas le fait d’un manque d’expérience, mais 95 % sont convaincus qu’une bonne condition physique et mentale contribue à prévenir les accidents.
Forte de ses 10 ans d’existence, la campagne "Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur" est aujourd’hui connue et reconnue par les entreprises du BTP. Toutefois, en 2024, l’OPPBTP souhaite provoquer un véritable déclic chez les professionnels, en ajoutant à cette campagne pérenne un slogan ("Parce que ça n’arrive pas qu’aux autres"), comme en mettant en avant des "témoignages particulièrement parlants et des vidéos de fiction empreintes d’un registre émotionnel fort.", un court-métrage, des podcasts et vidéos, etc. En sus, l'OPPBTP adressera au cours de la campagne une lettre de la prévention aux 275 000 entreprises du BTP et le site dédié créé à l’occasion de la première édition de la campagne a été remis au goût du jour afin de permettre aux professionnels d’accéder facilement aux contenus d’information et de sensibilisation (affiches, outils, formations, conseils, techniques, webinaires, kit de sensibilisation clé en main est mis à disposition des formateurs de CFA, ...).
Pour aider les artisans à convaincre leurs clients de l’importance capitale des équipements de protection collective, l’OPPBTP a également élaboré pour la première fois un outil argumentaire personnalisable qu’ils peuvent remettre à leur client afin de les inciter à s’engager à leurs côtés en prévention.
De plus, plus de 140 événements de sensibilisation, afin d'éveiller et de réveiller les esprits, seront organisés partout en France au mois de juin, avec l’objectif de réunir 6 000 professionnels.
"Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur", 10 ans de mobilisation (ici, l'une des précédentes affiches de campagne de l'OPPBTP), qui a permis au fil des années de sensibiliser plus de 40 000 professionnels par le biais de multiples actions comme d’attester que le niveau de sécurité a augmenté de 25 % depuis 2014 dans les entreprises accompagnées par l’OPPBTP. © OPPBTP