Dans le cadre de France 2030, le sujet de la création d’une filière de la rénovation énergétique globale et performante des bâtiments nécessite que la filière de la construction soit reconnue et accompagnée comme une filière d’avenir à l’instar, par exemple, du nucléaire. Les 900 000 rénovations de logements par an (indispensables afin que la France respecte l’accord de Paris) seront atteintes seulement si la filière gagne en productivité, en partie grâce à sa numérisation, visant non pas à "remplacer" mais bien à "optimiser".
La rénovation globale et performante présente pléthore d'avantages, que ce soit en termes de sécurité d’approvisionnement, de souveraineté ou encore d’emplois (selon France Stratégie, le secteur du bâtiment représente ... 250 000 nouveaux emplois d’ici 2030 !).
Focus sur les grandes lignes du Livre blanc du CSF IPC (Comité Stratégique de Filière Industries Pour la Construction).
En 2019, le parc immobilier français a consommé 760 TWh, dont 600 TWh de combustibles fossiles. De fait, la rénovation du parc au niveau BBC d’ici 2050 conduira à une économie annuelle d’énergie de 400 à 500 TWh, soit l’équivalent de 65 tranches nucléaires.
En outre, le bâtiment performant présente un double avantage : celui, en premier lieu, de laisser l’usage de l’électricité à l’industrie et aux transports, ensuite, sa capacité à produire de l’énergie renouvelable grâce au photovoltaïque, au solaire thermique, à la biomasse et à la géothermie.
Dans le domaine économique, la rénovation du parc contribue à la souveraineté énergétique de la France et conforte la filière de la construction, pourvoyeuse de 250 000 emplois d’ici 2030 si elle souhaite atteindre ses objectifs. Car la France n’atteindra pas la neutralité carbone en 2050 sans la contribution de la filière de la construction. Car, le secteur du bâtiment, loin devant celui des transports, représente 44 % de l’énergie consommée en France et émet plus de 123 millions de tonnes de CO2 chaque année. La SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) prévoit donc la rénovation performante (au niveau BBC) de 500 000 logements par an jusqu’en 2030, puis 900 000 entre 2030 et 2050.
Or, actuellement, seuls environ 40 à 50 000 logements sont rénovés de manière performante chaque année.
"Nous n’atteindrons les 900 000 rénovations de logements par an, indispensables pour que la France respecte l’Accord de Paris et cruciales pour notre économie, que si la filière gagne en productivité grâce à un ambitieux programme d’innovation de rupture qui passe notamment par sa numérisation. Cette condition nécessaire ne sera pas suffisante. La création de la filière de la rénovation globale et performante ne sera rendue possible que grâce à une évolution en profondeur de l’implication des assurances et des banques. Le CSF IPC souhaite ouvrir ce chantier en partenariat avec elles", souligne son président Pierre-Etienne Bindschedler, le président du Comité Stratégique de Filière Industries Pour la Construction lors de la conférence de presse. © CSF IPC
Le CSF IPC propose de lancer trois chantiers d’innovation et un programme d’expérimentation, en partenariat avec l’État, les collectivités territoriales, les assureurs et les banques, lesquels sont :
– la garantie de performance, sujet déterminant afin de déclencher la prise de décision : le propriétaire, qu’il soit public ou privé, ne sera prêt à investir que s’il a l’assurance que les économies prévues seront effectives ;
– L’évolution des modes constructifs car actuellement, il n'y pas de changement de modèle économico-technique de la filière de la construction au profit de la rénovation, et ce alors même que le savoir-faire pour une rénovation performante existe, comme en témoignent de nombreux exemples ;
– La territorialisation permettra l’émergence de champions de la rénovation globale et performante. Le CSF IPC appelle de ses vœux, via le soutien de l’État et de régions Françaises, la mise en place d’un programme d’expérimentation dans deux régions pilotes (Grand Est et Occitanie). Ce programme, intitulé RENOBATI, permettra d’accompagner techniquement et financièrement vingt territoires portant des programmes ambitieux de rénovation performante qui devront intégrer tous les types de bâtiments (maisons individuelles, copropriétés, tertiaire public, tertiaire privé, parc social, passoires thermiques, …).
Pour rappel, les Industries pour la Construction regroupent en France 7 000 entreprises implantées dans les territoires, 500 000 emplois et plus de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Labellisé par le Conseil National de l’Industrie, le CSF "Industries Pour la Construction" fédère les énergies de la filière.