Batirama rencontre Xavier Rodriguez, le PDG du groupe Jarnias, le leader français des travaux en hauteur et d'accès difficiles, de la protection-sécurisation et de la formation pour un entretien exclusif. Il nous raconte son histoire, ainsi que celle du groupe Jarnias.
Xavier Rodriguez, le jeune PDG du groupe Jarnias. © Hugo Alexandre / Jarnias
L'histoire de Jarnias débute en 1993, au bureau des guides de la station des Carroz-d'Arâches, où Jean-Paul Jarnias (qui a donné son nom à l’entreprise), alors guide de haute-montagne, officie. Quarante confrères guides de haute-montagne sont contactés en urgence afin d'accrocher une immense bâche sur la tour Eiffel (4 500m2) représentant la fusée Ariane 5.
Face au succès de l’opération, les guides de haute-montagne se voient proposer d'autres missions, notamment sur la tour Eiffel : l’entreprise se crée.
Les chantiers dantesques s'enchaînent alors rapidement avec, entre autres :
– Le sauvetage de la basilique Saint-Anne (1997) en pleine guerre civile du Congo-Brazzaville, lorsque les équipes de Jarnias sont dépêchées sur place, à Brazzaville : première intervention internationale pour le groupe Jarnias, nouvelle démonstration des capacités de gestion multi-contraintes de l'entreprise et formation sur place de 40 personnes ;
– La dépose de 20 000 ampoules sur la tour Eiffel afin que celle-ci scintille de mille feux lors du passage à l'an 2000 (et concernant la tour, Jarnias est aujourd’hui le mandataire de sa 20e campagne de peinture) ;
– Les interventions sur les cheminées industrielles et les sites nucléaires, notamment avec sa filiale Profil Énergies, habilitée à intervenir en ces milieux ; les ponts, les gorges (du diable), Roland-Garros, l'hôpital de Monaco, les verrières du Grand Palais, le Stade de France, etc. ;
– Les chantiers (dix, à ce jour) à plus de 2 000m d'altitude ("parce qu'on aime la complexité", s’amuse Xavier Rodriguez, l'actuel PDG du groupe Jarnias), dont l'iconique Aiguille du Midi, avec le montage des barres de guidages du téléphérique ;
Le montage des barres de guidages du téléphérique sur l'Aiguille du Midi, à Chamonix. © Jarnias
– La sécurisation des domaines skiables, tel celui d'Avoriaz ;
– Et bien évidemment le chantier de Notre-Dame, depuis le lendemain de l'incendie jusqu'à la restauration.
Le nettoyage des vitres des immeubles, à La Défense, travaux en hauteur et d'accès difficiles exécutés par le groupe Jarnias. © P. Tournaire / Jarnias
Bref, on n'arrête plus le groupe Jarnias, qui ne cesse de prendre de la hauteur. Car le Groupe est désormais le leader français des travaux en hauteur avec dix entreprises (pionnières dans le domaine des travaux en hauteur et d'accès difficiles, de la protection-sécurisation et de la formation), 50 millions de chiffre d'affaires, 400 collaborateurs et plus de 5 000 clients et références, avec une capacité d'intervention illimitée, sur tous les travaux en hauteur (ou d’accès difficile) et dans 80 métiers du BTP. L'ambition du groupe Jarnias ? Grimper, évidemment ! Et devenir le leader européen des travaux d'accès difficile et de la sécurisation en étant sur "tous les projets qui comptent" (dixit Xavier Rodriguez), qu'ils soient nationaux, européens, voire internationaux.
Embauché d’abord comme intérimaire, en tant que cordiste, puis conducteur de travaux et directeur commercial, Xavier Rodriguez finit par prendre les rênes de Jarnias en 2018, prouvant ainsi son goût pour l'ascension, afin d'en développer le savoir-faire. Aujourd'hui, le groupe Jarnias pèse 50 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Xavier raconte son incroyable parcours sans forfanterie, fier plutôt de mettre sa success story sur le compte de l’amplitude du champ des possibles dans l'univers construction et bâtiment : "Dans le BTP, prouve-t-il avec son parcours, on peut évoluer, gravir les échelons, faire de belles réussites." Et effectivement, c'est encore un des rares secteurs où l'on peut partir du bas de l'échelle et la gravir jusqu'au ciel, ou presque. Pour lui, il est primordial d’évoluer dans un secteur, celui du BTP, où la "quête de sens peut se réaliser". Il insiste sur le fait qu'il "faut redonner ses lettres de noblesse au BTP, dont tous les acteurs sont indispensables, car ils construisent, réalisent des choses que personne d'autre ne peut faire". En particulier les cordistes, pour lesquels la "contrainte de la difficulté d'accès comme de la sécurité est constante". Chaque ouvrier du BTP a un "impact" non négligeable.
Pour les cordistes de chez Jarnias comme d'ailleurs, la contrainte de la difficulté d'accès et de la sécurité est constante, comme ici lors d'un chantier au Panthéon, à Paris. © P. Tournaire / Jarnias
"Un chantier passionnant, fantastique, confie Xavier, avec beaucoup d'émotion, une aventure humaine incroyable". Depuis le lendemain de l'incendie, en 2019, Jarnias intervient sur le site, devenant "les yeux et les mains de chacun sur tous les endroits difficiles d'accès" et abattant un travail titanesque. Ainsi, par exemple, juste après le drame, les cordistes ont "conçu, assemblé et déployé un parapluie géant fait sur mesure au-dessus de la nef" afin de la protéger. Ils ont investi les pignons nord et sud, assuré l'assistance technique pour tous les corps de métier, dont la police technique, le CNRS, la mise en sécurité de tous les intervenants avec les systèmes de protection adéquats, l'évacuation de l'ensemble des vestiges de la charpente médiévale, etc. "On habille et on déshabille la cathédrale, à l'intérieur comme à l'extérieur, en utilisant notamment des bâches" afin d'en assurer la protection lors des intempéries, explique Xavier.
Xavier Rodriguez ne lésine pas sur la sécurité. "C'est notre cœur de métier", rappelle-t-il. Les chutes de hauteur sont une véritable plaie, raison pour laquelle "faire appel à des spécialistes limite les accidents". De fait, il a participé à la rédaction d'un guide, en collaboration avec l'OPPBTP, sur les travaux en hauteur, première cause d’accidents graves et mortels (hors risque routier et malaises) dans le BTP.
Pour rappel, les travaux en hauteur réalisés au moyen de cordes nécessitent une attention particulière afin d'être exécutés dans des conditions de sécurité optimales, mais aussi :
– des EPI (Équipements de Protection Individuelle) pour la sécurisation des travaux en hauteur ;
– La préparation en amont du chantier ;
– La formation adéquate aux travaux en hauteur pour les cordistes ;
– La vérification annuelle de l’ensemble des systèmes de protection contre les chutes (points d’ancrage et ancres structurelles composant les dispositifs d’ancrage), imposée par la réglementation encadrant la sécurisation des travaux en hauteur.
Chez Jarnias, on ne badine pas avec la sécurité, comme lors de ces travaux sur la passerelle Debilly. Le chef d’entreprise est tenu de s’assurer de la compétence de son personnel et de la qualification des cordistes aussi bien en matière de compétences techniques d’intervention sur cordes, de gestes professionnels et de sécurité. Il s’appuie sur les formations qualifiantes et certification sécurité qui aboutissent à la délivrance d’un CQP, certification cordistes ou d’un certificat d’aptitude technicien cordiste, CATC, qui comportent un volet formation sécurité travail en hauteur et qui sont reconnues par France Travaux sur Cordes, le syndicat français des entreprises de travail en hauteur. © Thomas Bekker / Jarnias
Le groupe Jarnias intervient aussi sur les chantiers nécessitant une dépollution sonore, et ce afin de réduire l'exposition sonore des ouvriers comme des riverains, comme au centre hospitalier de Luxembourg, où ACRO BTP Suisse a réalisé une paroi acoustique de 4m de haut sur 160 ml avec une atténuation sonore de - 45 dB afin de limiter les nuisances liées aux terrassements rocheux et à la réalisation des fondations spéciales.
Une étude détaillant le coût de la pollution sonore en France la chiffre à 155,7 milliards d’euros chaque année, dont 4,2 milliards d’euros pour les bruits de chantier.
Enfin, le Groupe a développé un système plus neutre en carbone avec les ACROSOLS® (modèle déposé SBJ & CO - Switzerland), un dispositif de stabilisation de terrains sans travaux de terrassement préalables. Sa structure métallique légère en fait une solution rapide à mettre en œuvre et drainante, une sorte de mur de soutènement, le béton et tous ses désavantages en moins. ACROSOLS® permet un ancrage solide dans le terrain via des fixations métalliques pénétrant dans au moins 2m50 de roche et une pression uniforme sur le sol pour des modules s'installant rapidement.
En conclusion, Xavier Rodriguez, qui milite pour des formations "plus professionnalisantes, plus complètes et pluridisciplinaires", lance un appel aux femmes et aux hommes de bonne volonté, "venus du BTP ou d'ailleurs, en reconversion ou non, à faire une formation gratuite dans l'un des trois centres du groupe Jarnias, des formations garanties 100 % d'emplois à la clé !". Qui dit mieux ?