Centre Pompidou : les travaux (de la discorde) chiffrés à 260 millions d'euros

Des artistes, politiques et intellectuels appellent dans une pétition Emmanuel Macron et Rachida Dati, la ministre de la Culture, à ne pas fermer entièrement le Centre Pompidou pour travaux, "une faute grave" selon eux. La ministre de la Culture a annoncé ce lundi sur Sud Radio que certaines des œuvres du Centre Pompidou seraient exposées "dans les galeries à proximité" le temps des travaux, rappelant que ces derniers étaient nécessaires.

Une pétition contre la fermeture provisoire du Centre Pompidou

"Nous, professionnels de l'art et de la culture, soucieux du rang de la France dans le monde, tenons à exprimer notre profonde inquiétude et notre incompréhension", écrivent, entre autres personnalités, Daniel Buren, Alain Minc, Julie Gayet, Catherine Millet, Jacques Toubon, ou encore Manuel Valls, dans cette pétition publiée par le quotidien Le Figaro samedi 15 juin 2024. Ces travaux "peuvent et doivent être réalisés de manière fragmentée, sans fermer complètement l'ensemble du site", plaident-ils à l'adresse du chef de l'État et de la ministre de la Culture. Dans la foulée, une adresse mail a été créée afin de recueillir les signatures : pompidounedoitpasfermer@gmail.com.

Cette pétition fait suite à la grève conséquente des salariés du Centre Pompidou, à l'automne dernier, craignant pour l'avenir de leurs emplois comme de leurs missions. Durant la fermeture, ils seront redéployés pour partie au Grand Palais, dans des locaux de stockage des collections au nord de Paris et, enfin, sur un nouveau pôle de création et de conservation à Massy, en région parisienne, et dont l'ouverture est prévue en 2026.

D’une superficie de 30 000 m² et conçu comme un modèle d’institution artistique innovant, le nouveau pôle de création et de conservation à Massy sera à la fois un pôle d’excellence pour la conservation et la restauration des œuvres de sa collection, ainsi qu'un lieu de diffusion culturelle et de création. © PCA-STREAM

Cinq ans de travaux

Le musée d'art moderne, aussi appelé Beaubourg et inauguré il y a près d'un demi-siècle, doit fermer à l'été 2025 pour d'importants travaux de désamiantage et de rénovation. Ces derniers sont chiffrés à 260 millions d'euros et seront financés par l'État. lls répondent à des enjeux à la fois techniques, de sécurité, de développement durable et d’image, liés à la vétusté des ouvrages et aux exigences actuelles des normes environnementales, sanitaires et énergétiques. Et pour cela, ils exigent la fermeture complète du site de 2025 à 2030.

La mise en sécurité incendie et la mise en accessibilité

Elle passera par le traitement de la stabilité au feu, le remplacement des clapets coupe-feu, la mise en conformité du désenfumage, le remplacement des peintures intumescentes, mais également la réalisation des travaux d’accessibilité.

La fiabilisation des installations

Elle concernera :

– le désamiantage total de la façade accompagnée du changement de l’ensemble des baies vitrées,

– le traitement des corrosions de la structure principale et des ouvrages de serrurerie métallique,

– la réfection des peintures et des sols,

– le remplacement ou bien la rénovation des ascenseurs, monte-charges et escaliers mécaniques du forum,

– le remplacement des installations de courants forts en fin de vie ou détériorées comme des installations de plomberie sanitaire,

– la reprise de l’architecture informatique, la modernisation des systèmes courants faibles, ainsi que celle des installations sûreté.

La rénovation et l’optimisation énergétique

Elle se fera via l'adaptation du niveau de traitement d’air par zone en fonction de leur usage, le remplacement des boîtes de mélange (système de climatisation), ainsi que celui des centrales de traitement d’air en infrastructure, la rénovation des tours aéroréfrigérantes (traitement du risque légionellose) et, enfin, le remplacement des systèmes de courants faibles et la migration vers le tout IP…

"Il faut bien qu'il y ait des travaux" !

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a argué, ce lundi sur Sud Radio, qu'il fallait "bien qu'il y ait des travaux", des travaux "extrêmement importants", a-t-elle développé, expliquant en outre avoir "rencontré l'association des commerçants mais aussi des galeristes qui sont aux abords du Centre". Elle l'assure : "Nous aurons un programme mobilité des œuvres qui sont exposées au Centre Pompidou dans les galeries à proximité", rappelant que des expositions se tiendraient également "au Grand Palais, pour partie".

Rachida Dati, ici en photo, précise avoir pris cette décision "avant la dissolution" annoncée par le chef de l'État au soir des élections européennes. © Mairie du 7e

Où iront les œuvres et collections ?

Le déménagement du Centre Pompidou se fera après les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, en octobre. Les premières fermetures au public interviendront début 2025 pour une fermeture complète des espaces d'exposition à l'été. Une partie des collections, comprenant environ 140 000 œuvres au total, dont 3 000 exposées en permanence, seront accueillies au Grand Palais, en travaux lui aussi depuis 2021 ...

Les œuvres modernes et contemporaines autour de "la notion d'objet" trouveront refuge au Louvre, et ce dès l'automne 2026. D'autres seront disséminées :

– dans d'autres musées parisiens (Orsay, Orangerie, Jeu de Paume, Guimet, Quai Branly, etc.) ;

– Au Centre Pompidou à Metz ;

– En région ;

– En Martinique et en Guadeloupe ;

– À l'étranger.