Dans un rapport récemment publié, des économistes du CAE (Conseil d'Analyse Économique), qui est rattaché à Matignon, préconisent le maintien des aides à la rénovation énergétique des logements à 8 milliards d'euros par an jusqu'en 2050.
Selon ces économistes, dans les conditions actuelles, seules 5 % des opérations de rénovation sont rentables économiquement pour les ménages. Toutefois, ce chiffre pourrait monter à 26 % en levant des freins à l'investissement, tels que :
– les difficultés d'agir en copropriété ;
– L'accès au crédit des ménages modestes ;
– Ou encore le court-termisme des propriétaires.
Un chiffre potentiellement optimisable à 55 % des logements en tenant compte des bénéfices collectifs de la rénovation, comme les émissions polluantes évitées ou la meilleure santé des occupants. Cela permettrait de réduire de 70 % les émissions de CO2 de la France par rapport à 2018.
Gabrielle Fack, professeure à l'université Paris-Dauphine, ici en photo, a détaillé en conférence de presse : "Il y a un gisement important de rénovations rentables, mais il y a une forte différence entre ce qui est rentable socialement et ce qui est rentable d'un point de vue privé pour les ménages. Pour arriver à faire ça de façon optimale, et pour arriver à cet objectif socialement rentable de 55 % de rénovations BBC (Bâtiment Bas Carbone, correspondant aux classes énergétiques A et B, les plus performantes, NDLR) il faudrait un budget pluriannuel de l'ordre de 8 milliards d'euros par an, ce qui correspond à peu près au budget actuel". © Gabrielle Fack, profil LinkedIn
Si les experts estiment que les aides à la rénovation sont actuellement plutôt bien ciblées, ils avancent quelques propositions de réformes.
Ainsi, ils suggèrent de coupler, autant que possible, changement de mode de chauffage et travaux d'isolation. C'était l'objectif annoncé de la réforme de MaPrimeRénov', principale aide publique à la rénovation énergétique des logements, mais celle-ci a été repoussée d'un an.
Les spécialistes préconisent aussi de transformer le dispositif des certificats d'économie d'énergie (C2E), auquel sont soumis les fournisseurs d'électricité et jugé trop peu efficace, en une contribution de ces mêmes fournisseurs à MaPrimeRénov'.
Une autre des propositions est d'inciter les ménages à entreprendre des travaux de rénovation lorsqu'ils achètent un bien immobilier, en permettant de moduler les frais de notaire en fonction de la performance énergétique du bien.
La rénovation énergétique des logements demeure cruciale afin d'atteindre les objectifs climatiques de la France, l'usage des bâtiments représentant près d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre du pays.