Voici enfin un chantier illustrant parfaitement l’une des solutions les plus simples pour équiper des logements collectifs en pompes à chaleur individuelles, monobloc, triple service avec installation intérieure. Nous avions déjà présenté cette solution à plusieurs reprises. Malgré ses avantages, elle n’est pas encore très connue. Nous avons enfin pu visiter un chantier de 112 logements qui met en œuvre cette technologie, à la fois simple et efficace.
Dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier Saint-Michel à Flers, Logissia, maître d’ouvrage social normand et filiale du Groupe Action Logement, a décidé de rénover 112 logements collectifs, des T2 et T3 de 55 à 66 m², répartis dans quatre bâtiments allée des Pierres Précieuses. Cette opération conduite par Logissia, avec l’aide financière de la commune de Flers et Flers Agglo, porte un coût total de 7 600 000 €, soit 67 857,14 € par logement. Avant le début de l’opération, les logements affichaient un DPE moyen de 157 kWh/m².an, soit une classe D en consommation énergétique, et des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) de 36 kgeqCO2/m².an, soit une classe E du point de vue des émissions. La classe du logement est donnée par la moins bonne des deux classes énergie et GES : ils étaient donc de classe E.
Après démolition de deux bâtiments trop vétustes, Logissia prévoit d’autres chantiers dans le quartier Saint-Michel, dont la réhabilitation du centre commercial, la construction de 33 logements sur le site de la Bissonnière à quelques centaines de mètres du chantier actuel et, près du centre commercial, la construction d’un espace médical au rez-de-chaussée d’un petit immeuble abritant 11 logements destinés aux jeunes et aux personnes âgées. © PP
Les travaux portent sur l’isolation des façades, des sous-sols, des combles, la rénovation des halls d’entrée, l’ajout de balcons, le remplacement des fenêtres et la pose de pompes à chaleur individuelles sur air extrait. Dans les logements, les portes palières sont également remplacées, les salles de bains, cuisines et WC sont refaits. Un interphone est installé. Après rénovation, la consommation d’énergie des logements devrait être divisée par deux. Le DPE devrait indiquer une classe A en énergie (59 kWh/m².an), comme en émissions de GES (1 kgeqCO2/m².an). Le chantier a commencé en 2023 et se conclura au 1er semestre 2025. © PP
Des poteaux en acier ont été montés contre la façade, de part et d’autre des ragées de fenêtres. Ils supportent les balcons en structure acier et plancher bois, accrochés à chaque étage. Chaque appartement sera désormais pourvu d’un balcon de 4 m². Il n’y en avait aucun auparavant. © PP
Construits en 1963, les 112 logements de l’allée des Pierres Précieuses étaient dépourvus de VMC, équipés de chauffe-bains muraux à gaz pour la production d’ECS et d’une chaufferie collective pour le chauffage, avec émission par radiateurs. Logissia voulait installer une ventilation, réduire significativement les consommations d’énergie pour les locataires et passer à une énergie décarboneée.
La solution de pompe à chaleur F730, individuelle, air extrait/eau, triple service et à installation intérieure, a coché toutes les cases.
Ces pompes à chaleur individuelles ne consomment que de l’électricité et sont raccordées au compteur du locataire. Ce qui évite l’installation et l’entretien de comptages spécifiques pour la répartition des charges de chauffage et de production d’eau chaude. La pac assure la ventilation simple flux logement par logement : il suffit d’ajouter des entrées d’air sur les menuiseries et d’installer un court réseau d’extraction d’air avec des bouches autoréglables dans les pièces humides, la pac se charge de l’extraction par un conduit de 120 ou de 160 mm de diamètre, selon sa puissance. La pac NIBE F730 produit aussi le chauffage par eau chaude et l’eau chaude sanitaire dans un ballon en acier inoxydable. Grâce à l’isolation thermique par l’extérieur et au remplacement des fenêtres, les déperditions ont baissé, les radiateurs ont été remplacés par des modèles moins puissants et plus compacts, équipés de robinets thermostatiques. La limite des pac NIBE F730 est leur puissance de chauffage : 7 kW maximum. Elles se justifient parfaitement dans le cadre d’une rénovation d’ampleur avec isolation thermique ou en construction neuve où les déperditions deviennent très faibles avec la RE2020.
La chaufferie collective, le réseau de distribution collectif et les chauffe-bains individuels ont été déposés. Le chantier se déroule en milieu occupé. © PP
La SCETEC (Société Coopérative d'Entretien Thermique Électrique Conditionnement), une Scop sarthoise, est née en 1978 de la reprise par 32 salariés de la société Praizlin, après sa mise en faillite au Mans. Aujourd’hui, la Scetec emploie 160 salariés, dont 120 associés. Son chiffres d’affaires 2023 a atteint 24,3 M€. L’entrprise possède trois agences au Mans, à Alençon et à Sablé-sur-Sarthe. La Scetec, dont le CA se répartit au 2/3 en Génie Climatique et 1/3 en Génie Électrique, intervient en chauffage, climatisation, traitement de l’air, ventilation, désenfumage, fluides industriels, plomberie, électricité et régulation, pour le logement collectif, l’industrie, les infrastructures et réseaux des villes et collectivités et le tertiaire. Après formation chez NIBE, la Scetec a également remporté le marché de l’entretien des 112 pac NIBE installées allées des Pierres Précieuses.
Selon Emmanuel Hemon, le PDG de la Scetec, à droite, et Julien Lelièvre, responsable de l’agence Scetec d’Alençon, la principale difficulté a consisté à monter les pac dans les appartements. Gâce à la fourniture d’un gabarit par NIBE, l’entreprise a préparé tous les raccordements (air, eau et électricité), ce qui a permis de limiter à une journée l’installation de chaque pac. © PP
Ce chantier, les marchés plomberie, chauffage et ventilation, pour un montant total de 2,326 M€ HT représentera 16 000 heures de travail. Il mobilise 1 chef d’équipe, 6 compagnons et un metteur au point durant 21 mois depuis janvier 2023. © PP
La distribution de l’ECS a été refaite dans chaque logement, en réutilisant une partie du réseau existant. La Scetec pose les pac NIBE F370 et les nouveaux radiateurs, ainsi que le réseau de chauffage, préfabriqué par segments en atelier pour gagner du temps. La pac requiert un volume d’eau de 23 litres au moins dans le réseau de chauffage du logement. © PP
L’entretien de la pac NIBE F730 consiste principalement en le changement du filtre. Loggissia et Nibe ont préparé une fiche, collée sur la façade de la pac qui explique comment la machine indique que le moment est venu de changer le filtre et comment procéder. © PP
Le niveau sonore de la pac est particulièrement faible. La Scetec, qui est en avance de deux mois sur son tableau de marche, a posé un torr sur l’alimentation électrique de chaque pac (NIBE les vend 81 €HT le lot de trois). Il mesure l’intensité du courant appelée par la pac, informe le régulateur de la pac qui peut décider de réduire sa puissance ou d’interrompre son fonctionnement. Ce dispositif est destiné à préserver l’abonnement électrique existant du locataire (3 ou 6 kVA) et à éviter de refaire la partie collective du réseau d’électricité dans les bâtiments. © PP
NIBE France, créé en 2012, prescrit et distribue les produits de sa maison mère suédoise qui emploie 21 000 personnes dans le monde, possède plus de 120 usines et a réalisé un chiffres d’affaires de 4,3 Md€ en 2023. Ce CA croît en moyenne de 20 % par an depuis 1997, à la fois grâce à des rachats d’entreprises, dont l’italien Rhoss, par exemple, et par croissance interne.
Les pompes à chaleur installées à Flers sont des modèles NIBE F730 à pilotage par inverter, d’une puissance de 0,1 à 6 kW, classe A en production d’ECS, classe A++ en chauffage avec une température de départ de 50 °C et A+++ en chauffage avec un départ à 35 °C. Ces pac contiennent une charge de 740g de R4707C (GWP = 1170). Elles seront bientôt remplacées par le modèle S735, disponible depuis le 1er janvier 2024, qui fait appel au R290 (propane), dont le GWP est de 3 seulement. Les distributeurs, dont Cedeo à Flers, ont déjà des machines en exposition. Cette nouvelle pac offrira deux modèles : S735-4 de 4 kW (300 g de charge de R290) de puissance pour la construction neuve ou des studios en rénovation et S735-7 de 7 kW (420 g de R290) en construction neuve pour de grands logements et en rénovation. Grâce à l’emploi du R290, sa température de départ augmente jusqu’à 75 °C sans appoint par résistance électrique pour le chauffage et 67 °C pour l’ECS sans appoint. De toutes manières, la nécessité d’un appoint électrique est faible dans la mesure où ces machines utilisent l’air extrait dans le logement, dont la température en hiver se situe aux alentours de 19 à 20 °C. La puissance sonore baisse également : 44 dB(A) à un mètre pour le modèle F730 à puissance nominale, 40 dB(A) pour la pac S735-7 et seulement 38 dB(A) pour le modèle S735-4. A titre de comparaison, un réfrigérateur standard affiche une puissance sonore de 40 dB(A) à 1 m. Le débit d’air extrait minimum requis est de 60 m3/h pour le modèle S735-4 et de 90 m3/h pour le S735-7. En complétant l’installation d’une pac NIBE S735 par un caisson d’insufflation SAM S42 ou S44, le système est rendu compatible avec une ventilation double-flux : 72 à 306 m3/h de débit d’insufflation pour le caisson SAM S42, 151 à 450 m3/h avec le S44, pour un préchauffage de l’air neuf entre 16 et 22 °C dans les deux cas.
Les pac sur air extrait NIBE S735 sont équipées du nouveau régulateur NIBE Série S, programmable. Il est possible de leur associer un préparateur d’eau chaude sanitaire supplémentaire VPB S200 de 200 litres pour les très gros besoins d’ECS. Elles sont programmables en mode ventilation nocturne pour plus de confort d’été. Dès le début de 2025, un modèle réversible quadruple service – chauffage, ECS, ventilation et rafraîchissement – sera disponible, avec jusqu’à 8 lois d’eau en fonction des températures extérieures. Elles sont naturellement connectables en filaire (RJ45) ou en Wifi à la box internet du logement pour un pilotage fin à travers l’application MyUplink de NIBE (iOS et Android). Ce qui les rend également compatibles avec la commande vocale Google Home, Apple Homekit, Amazon Alexa, etc. Elles sont prêtes pour exploiter en autoconsommation la production d’une installation photovoltaïque individuelle ou collective. Enfin, si elles sont connectées à une station météo à travers MyUplink, elles peuvent anticiper le changement de la météo locale. © NIBE