Dans son rapport annuel publié ce mardi 09 juillet 2024, l'Autorité environnementale estime que malgré des "améliorations", certains projets d'envergure dans les transports, l'industrie ou l'urbanisme présentent des "lacunes persistantes" sur la protection de la nature.
Lors d'une visioconférence, Laurent Michel, le président de l'Autorité environnementale a admis que si "la qualité des études d'impacts" sur l'environnement et la biodiversité "s'améliore", le "choix de certains sites peut encore occasionner des dommages intrinsèques", notamment quand ils sont situés dans des zones naturelles. © AEF Info
Ce serait notamment le cas pour le photovoltaïque, sur lequel Véronique Wormser, la présidente d'une des missions régionales d'autorité environnementale chargée de rendre des avis sur les projets susceptibles d'affecter l'environnement, s'interroge : "pourquoi tant de développements de projets se font-ils encore sur des surfaces naturelles et agricoles et pas sur des surfaces déjà artificialisées ?", ajoutant que "Tant que le premier critère de choix pour une implantation restera la disponibilité foncière, [...] on aura du mal à atteindre certains objectifs environnementaux", tel le ZAN (Zéro Artificialisation Nette).
Le rapport (sur l'année 2023) relève des aires d'études "inadéquates", certains enjeux "sous-estimés" et "des incidences [...] mal évaluées". Un large spectre de "projets d'ampleur", correspondant aux "stratégies et objectifs nationaux de réindustrialisation et transition énergétique" du gouvernement, comportent des lacunes. C'est notamment le cas lors de la "construction d'importantes usines ou réalisation d'aménagements portuaires conséquents, générant des besoins d'infrastructures", telle la construction de deux réacteurs EPR2 à Penly (Seine-Maritime) ou sur l'agrandissement du port de Dunkerque.
Laurent Michel se félicite néanmoins que la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre de ces chantiers d'envergure "soit de plus en plus une préoccupation des maîtres d'ouvrage". Il constate aussi un "mieux" sur la biodiversité, même si "les mesures compensatoires ne sont parfois pas très précises" et trop court-termistes.
Quant aux enjeux liés à l'eau "ne sont pas toujours bien appréhendés", regrette l'Autorité, "dans un contexte climatique où les sécheresses et inondations ont des conséquences de plus en plus importantes, où la qualité et la disponibilité des eaux souterraines et superficielles connaissent des évolutions préoccupantes".
Enfin, l'un des points noirs majeurs demeure que les "contaminations par certains polluants spécifiques, comme les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), ou les substances médicamenteuses, sont rarement abordées, ou de manière imprécise" et que "les incidences des activités agricoles sur la ressource en eau [...] restent encore appréhendées de manière disparate, voire inappropriée."