La Commission européenne vient de valider ce mercredi 17 juillet une nouvelle enveloppe de 300 millions d'euros pour le Canal Seine-nord Europe, vaste projet d'infrastructure qui doit permettre de mieux relier les voies navigables françaises au réseau fluvial d'Europe du Nord.
Cette aide financière est accordée dans le cadre du MIE (Mécanisme pour l'Interconnexion de l'Europe), octroyant également 700 millions d'euros mercredi pour la construction du mégaprojet de la ligne ferroviaire transfrontalière Lyon-Turin, une aide s'ajoutant aux 582 millions déjà versés par l'UE pour ce chantier babylonien en projet depuis des décennies, relancé et interrompu à plusieurs reprises faute de financements suffisants et/ou de volonté politique.
L'ouvrage pharaonique doit relier Compiègne, dans l'Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord, au moyen d'un canal de 107 kilomètres de long et 54 mètres de large permettant de rallier le réseau fluvial du Benelux.
L'objectif est de permettre la circulation de péniches "à grand gabarit" (jusqu'à 185 mètres de long, d'après la Société du Canal Seine-Nord Europe), désengorgeant ainsi les principales voies navigables françaises, saturées, et de réduire la circulation de camions de marchandises sur l'autoroute du Nord.
Il doit également stimuler l'activité économique de la région, en désenclavant les territoires traversés et en créant de l'emploi.
En novembre 2023, une première étape est franchie avec l'inauguration d'un tronçon de 11 kilomètres de voie navigable. Il est prévu que le canal s'achève en 2030. © Canal Seine-Nord Europe
Même s'il est nettement moins médiatique que le mégaprojet de ligne transalpine Lyon-Turin, le canal Seine-Nord n'est toutefois pas exempt de polémiques, dont la première porte sur son coût. En 2020, un rapport de la Cour des comptes européennes consacré aux mégaprojets déplorait "une augmentation de 199 %" du coût de ce chantier, soit une hausse de 3,3 milliards. Le même rapport jugeait irréalistes les projections de trafic attendu sur le réseau, les estimant très au-dessus de ses capacités.
La construction du canal, évaluée finalement à 5,1 milliards d'euros, est financée exclusivement en fonds publics, dont :
– l'Union européenne, pour 2,1 milliards d'euros ;
– L'État et les collectivités, pour 1,1 milliard d'euro chacun ;
– et, enfin, un emprunt de 800 millions d'euros.
Si, en 2024, la Commission d'enquête environnementale a rendu en un avis favorable, elle souligne toutefois plusieurs points d'achoppement, notamment l'impact du tracé sur la biodiversité, ou bien la pollution engendrée par les travaux, ou encore l'alimentation en eau du canal, qui doit se faire via une retenue d'eau colossale, d'une contenance de 14 millions de m2 (mais qui, d'après la Société du Canal, ne devrait toutefois pas engendrer de ponctions sur les nappes phréatiques), suscite également l'inquiétude et l'opposition de plusieurs collectifs écologiques.