En 2022, les images chocs de la sécheresse du lac de Serre-Ponçon, qui affichait alors une baisse de 17 mètres, avaient profondément marqué les esprits. Ce déficit en eau avait alors provoqué un niveau du lac trop faible pour sécuriser l'activité nautique tout au long de la haute saison touristique. De fait, une grande majorité des prestataires d’activités partageait un bilan général impacté d'une perte moyenne de 30 % du chiffre d’affaires réalisé sur la retenue de Serre-Ponçon ainsi qu'un surcroît de travail pour adapter les pratiques au faible marnage.
Serre-Ponçon représente 40 % du PIB du Département des Hautes-Alpes en saison estivale, mais les enjeux du lac sont multiples : tourisme (91 km de rivages, 10 ports publics, 15 bases natiques, 9 plages aménagées et surveillées), production d’électricité, irrigation, mais aussi approvisionnement en eau potable.
En 2022, malgré une gestion hivernale des plus prudentes, EDF n’était pas parvenu à atteindre la cote d’exploitation optimale (780 m NGF), ni même la cote de compatibilité touristique constituant l’objectif partagé entre le 1er juillet et le 31 août (775 m NGF soit - 5m de marnage). La grande retenue n’a atteint que la cote de 771,20 m NGF au 1er juillet (soit - 8,90m), pour - 17m au 31 août. © Vincent Ollivier / Le DL
La sécheresse du premier grand lac artificiel de France avait poussé les élus (le SMADESEP, en partenariat avec les services de l'État, les collectivités locales, ainsi que les conseils départementaux des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence), à se mettre autour de la table autour de l'idée d’un plan de résilience, amibtieux et réaliste, articulé sur trois axes :
– lutter contre le réchauffement climatique ;
– Adapter les infrastructures nautiques ;
– Et diversifier l’économie lacustre.
Une grande consultation publique avait été lancée, suivie de l'ébauche d'un premier plan à 32 millions d’euros pour 90 projets, présenté dans la foulée au département des Hautes-Alpes. Finalement, la version définitive du plan de résilience a retenu 60 opérations pour un budget prévu entre 18 et 20 millions d’euros, comme l'a précisé Victor Bérenguel, le président du SMADESEP (Syndicat Mixte d'Aménagement et de Développement de Serre-Ponçon) et maire de Savines-le-Lac lors de la conférence de presse de cet été.
Cette approche globale prend en compte les dimensions hydrologiques, économiques, environnementales, ainsi que la transition écologique.
"Ce ne sont pas des ambitions qui sont revues à la baisse mais nous avons réfléchi à ce qui peut apporter un plus, à ce qui est le plus utile dans un premier temps." a déclaré Victor Bérenguel (sur la photo, le deuxième en partant de la droite, en première ligne). © SMADESEP
De premiers projets ont déjà vus le jour, mais il va falloir cinq ans pour mener à bien l'entièreté de ce plan de résilience. Ainsi, les trois cales de mise à l’eau à Saint-Vincent les Forts, sur le site de Bois Vieux à Rousset et à la baie Saint-Michel à Chorges, se sont terminées au début de mois de juin. Elles doivent permettre un accès sécurisé à la retenue.
Ce mercredi, près de deux ans jour pour jour après une première visite sur les berges du lac, le préfet de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Christophe Mirmand, s’est rendu sur le territoire.
"Cet arrêté cadre permet de faire en sorte que tous les ans, au 1er juillet, les réserves soient au plus haut pour permettre de concilier tous les usages agricoles, touristiques, économiques, mais aussi garantie de la qualité des milieux.", s'est exprimé Christophe Mirmand, ici en photo. © François Moura.