Mondial du Bâtiment : des chantiers plus sûrs et plus rentables

Batimat 2024 : outillage et équipements. Le système Liftrolle r s’adapte à tous types de chantiers neufs ou de rénovation. © Liftroller

L’amélioration des conditions de travail sur chantier passe par l’innovation dans le domaine de l’approvisionnement des composants. À la faveur de l’électrification des usages, l’outillage exprime tout son potentiel.




À l’évidence, les prix décernés aux nouveautés de la catégorie "matériel, outillage, véhicules et équipements" présentées sur Batimat récompensent la tendance technique vers l’efficacité des actions – perçage, découpe... – et l’amélioration des conditions de travail sur chantier. En témoigne l’Award d’or attribué à Hinowa pour la création du chariot élévateur TPX 1800 E. Ce matériel sur chenilles caoutchouc équipé de fourches à pantographes, initialement lancé en traction diesel de 21 CV, est maintenant disponible en version électrique. Sa batterie de 64 V de 300 Wh alimente deux moteurs de traction et un moteur dédié à la pompe hydraulique. Cet engin dispose d’un écartement variable des chenilles, réglable de 1,4 m à 1,8 m ; il permet de déplacer des charges d’au maximum 1,8 t à la vitesse de 3,7 km/h sur des terrains irréguliers. Hinowa promet une autonomie d’une journée de travail et une recharge dans un délai d’une nuit (80 % en 5 à 6 heures et 100 % en 10 h) sur une prise 230 V capable de délivrer 3 kW. L’intérêt du chariot électrique à chenilles est multiple. D’un fonctionnement zéro carbone et silencieux, utilisable à l’extérieur comme à l’intérieur des chantiers, sa puissance et sa conception permettent de décharger les camions de livraison rapidement – les pantographes couvrent la largeur du plateau d’une remorque – et de déposer les produits au plus près des zones de travail de façon sure et sans pollution.

 

Hinowa-tpx1800-0125 : ce lève palette sur chenilles et à panthographe déplace les matériaux sur tous terrains. © Hinowa

 

 

Hinowa SpA_TPX1800E : la version électrique 64 V est dotée de deux moteurs de traction et un moteur pour l’hydraulique. © Hinowa

 

 

 

 

 

Soulevez, c'est livré !

Primée exæquo (Award d’or), la solution logistique du norvégien Liftroller a déjà fait ses preuves sur de nombreux chantiers en Europe. Elle est aussi adoptée depuis près de deux ans par quelques majors de la construction en France. Initialement, ce fournisseur voulait proposer une gamme d’équipements destinés à améliorer les conditions de travail sur les chantiers. Ainsi, au lieu de devoir porter les charges (plaques, sacs, composants divers) dans les étages, les compagnons disposent d’un "balcon de réception" à fixer sur l’allège d’une ouverture de fenêtre d’étage et à stabiliser par des étais entre le plancher et le plafond. Le débord vers l’extérieur permet au grutier ou au conducteur de chargeur à bras télescopique de déposer les palettes sur un plateau d’une largeur de 1,2 m et muni de rouleaux. Reste à glisser les marchandises sur des chariots électriques télécommandés d’une hauteur de table réglable par pantographe (les e-mover ou e-wagon, sur batterie 24 V) de 50 à 120 cm, puis les amener au point d’utilisation. Tous les éléments de la gamme sont dimensionnés pour une charge de 1,2 t.

 

Le système Liftroller s’adapte à tous types de chantiers neuf ou de rénovation. © Liftroller

 

 

 

Les développeurs du Liftroller avouent être un peu dépassés par leur concept. Car à la réduction de la pénibilité, les utilisateurs ajoutent un argument de rentabilité. Ce "passe-palettes" fait gagner des dizaines d’heures à ceux qui l’ont adopté. Les différents composants affichent des montants relativement élevés : plus de 10 000 € pour le "Wall" dédié au passage de fenêtre, deux fois plus pour un chariot. Ce qui limite actuellement la diffusion de la technologie aux grands acteurs. Les loueurs pourraient prendre part à l’engouement pour en faire profiter les petites et moyennes entreprises.

 

Le système Liftroller s’adapte à tous types de chantiers neuf ou de rénovation. © Liftroller

 

 

 

 

 

Électroportatif : une marche en plus

Après la perceuse-visseuse sans-fil, place aux machines polyvalentes et de haute puissance. L’Award d’argent de la catégorie "Matériel..." fournit le profil des nouvelles générations d’équipements. Déjà, la Fein ASCM 18-4 QM-AS s’inscrit dans la famille des machines adoptant des batteries compatibles – ici, les AMP Share développées par Bosch avec une trentaine d’autres marques – qui évitent les multi-approvisionnements lourds à gérer. Ensuite, ce corps de machine à 4 vitesses plutôt adapté au métal s’avère multi-usage : bois, béton, avec ou sans percussion. Sur son cœur de métier, le métal, son concepteur l’a doté de pratiquement toutes les fonctions possibles : perçage, perçage par scie-cloche jusqu’à 80 mm, carottage (en diamètre maximal de 30 mm et en épaisseur de tôle de 20 mm), taraudage pour placer des vis jusqu’au pas métrique M14 (pour les métalliers et les mécaniciens), renvoi d’angle pour les menuisiers d’agencement... Pour exceller dans tant de domaine, la machine est dotée d’un moteur brushless d’un couple de 130 Nm, digne des outils filaires haut de gamme. Naturellement, pour parer aux accidents, l’outil dispose d’une poignée latérale de 30 cm de longueur, et son électronique intègre l’anti-torsion.

 

L'outil filiaire Fein ASCM 18-4 QM-AS associe puissance et polyvalence. © Fein

 

 

 

L’américain DeWalt exposera d’autres exemples remarquables de l’évolution du sans-fil. Dans la même catégorie que Fein, il expose la perceuse-visseuse XR 18 V sur batterie 5 Ah d’un couple de perçage de 169 Nm. Cet outil polyvalent peut être contrôlé par 3 vitesses et 11 réglages de couple.

 

La DeWalt XR 18 V est annoncée avec un couple de 169 Nm. © DeWalt

 

 

 

Pour la construction béton ou le terrassement, cet industriel développe son concept Power Shift pour alimenter des carotteuses à cloche diamantée, des aiguilles, règles et plaques vibrantes, une pilonneuse. Les engins sont équipés de batteries interchangeables de 60 V capables de délivrer une puissance de 550 Wh.

 

DeWalt PowerShift : L’électroportif monte en puissance : DeWalt propose une gamme PowerShift pour bétonneux en 60 V et 550 Ah. © DeWalt

 

 

 

L’enjeu des industriels est d’électrifier les usages sur chantier pour participer à leur décarbonation et à l’amélioration des conditions de travail, notamment, la réduction du bruit. Pour DeWalt, il semble évident que d’ici peu, la traction autoportée et des matériels plus lourds (pelles et tracto-pelles) adopteront les batteries interchangeables. Un autre américain, Milwaukee, a d’ailleurs ravi le jury du concours de l’innovation de Batimat avec la découpeuse à béton MFX COS350 G2.

 

Coup de cœur du jury du concours de l’innovation Batimat, la Milwaukee autonome porte des disques de 125 à 350 mm. © Milwaukee

 

 

Capable d’entraîner un disque de 125 à 350 mm de diamètre, cette machine utilise des batteries de 8 ou 12 Ah. Outre la puissance et l’autonomie, le constructeur revendique la sécurité d’usage avec un frein instantané RapidStop et un anti-rebond Anti-Kickback. Les batteries se rechargent, respectivement, en 45 et 65 min. Ces équipements rassemblent désormais tous les standards pour garantir la productivité.

 

 

 

 

Distribuer l’énergie

Cela étant, il reste des outils filaires sur les chantiers, et leur approvisionnement en énergie doit aussi être décarboné. Instagrid propose des batteries portables capable de délivrer du 230 V en 16 A, soit 3,6 kW ; il peut même déroger à son fonctionnement standard pour fournir 9 kW pendant 10 sec. Plusieurs batteries peuvent aussi être reliées sur l’Instagrid Link pour créer un îlot et distribuer de l’énergie en continu via trois prises de courant 230 V 16A.

Les batteries et le module de distribution instagrid assurent une distribution silencieuse d’énergie sur les chantiers. © Instagrid

 

 

 

 

Soulever avec précision et en sécurité

On manque de bras sur les chantiers ! Les outils viennent à la rescousse. Pour placer et fixer des meubles de cuisine, des plaques de plâtre ou des radiateurs rapidement et parfaitement, Stanley lance son TradeLift, une évolution du serre-joint "à l’envers". L’appareil d’une quarantaine de centimètres de long dispose d’un pied large et épais reprend jusqu’à 150 kg et permet un ajustement fin de ± 2,5 mm sur une hauteur de 7 à 220 mm. L’électroportatif trouve aussi de nouveaux créneaux. DeWalt cible le levage avec une ventouse sur accus 18 V d’une capacité de levage de 120 kg et de maintien de 170 kg.

 

Tradelift-Stanley : Le TradeLift simplifie le placement et la mise à niveau. © Stanley

 

 

 

 

Coffrage et échafaudage s’adaptent aux chantiers

Est-ce pour la durabilité des échafaudages ou la protection contre les chocs électriques ? Avec Isol-Arc, Award de bronze de la catégorie "Matériel..." au concours de l’innovation de Batimat, Layher met en avant les propriétés isolantes de son système d’échafaudage revêtu d’un thermoplastique. Il assure une protection jusqu’à 50 000 V. ce qui l’indique pour les zones à risque d’explosion. Cependant, ce fabricant insiste aussi sur la protection conférée aux montants et traverses, ce qui pourrait convaincre les utilisateurs intéressés par un investissement plus durable. Un argument qu’apprécieraient les donneurs d’ordre sensibles aux efforts des entreprises dans de domaine.

Pour sa part, Alphi présentera sur Batimat son système TopDalle Eco + composé d’éléments en aluminium très bas carbone, essentiellement 75 % de matière recyclée. Le fournisseur annonce un bilan de 2,3 kgCO2/kg d’alu. Dans sa démarche de lutte contre la pénibilité sur chantier, il a limité le poids des composants à 15 kg. Autre innovation de cet industriel : les panneaux de coffrage en composite et bordés. Produit avec une âme en nid d’abeille, ces pièces éco-conçues de 15 mm d’épaisseur, de 2,5 m de long et 1,25 m de large pèsent 5 kg/m2 et affichent un poids carbone 70 % inférieur au contreplaqué revêtu traditionnel. Par ailleurs, l’apport d’une armature de champ, injectée sur 5 à 10 mm de profondeur, renforce cette pièce : elle devient réutilisable 50 à 60 fois, contre 10 fois pour une plaque non bordée.

 

 Le système TopDalle Eco + se compose de pièces aluminium très bas carbone. © Alphi

 

 

Panneau bordé alphi-recadree : le panneau en composite promet 50 à 60 réutilisations. © Alphi

 

 



Source : batirama.com / Bernard Reinteau

L'auteur de cet article

photo auteur Bernard REINTEAU
Après un parcours de formation en histoire, Bernard Reinteau s'est orienté vers le journalisme au début des années 80. Entré en presse professionnelle bâtiment fin des années 80, il a passé plus de quinze ans dans le groupe Moniteur, puis s'est orienté vers la presse spécialisée en génie climatique. Indépendant depuis 2015, il intervient sur plusieurs titres de la presse bâtiment, essentiellement sur des sujets techniques.
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