Mais que veut donc le SER (Syndicat des Énergies Renouvelables) ?

Le jeudi 12 septembre, le SER a présenté la liste de ses demandes au futur gouvernement

Comme toutes les organisations syndicales du bâtiment, le SER a présenté la liste de ses demandes au nouveau gouvernement, encore incréée. Elle porte sur la fiabilisation de la trajectoire énergétique de la France.




Jules Nyssen et six autres membres du conseil d’administration du SER ont présenté le jeudi 12 septembre 2024 la liste de leurs attentes envers le prochain gouvernement. Cette liste contient des questions d’organisation et des attentes réglementaires. Côté organisation, le SER souhaite que l’énergie et l’écologie soient à nouveau réunies dans un unique ministère, de manière à ce que la politique énergétique de la France échappe à la tutelle de Bercy, qui réfléchit en termes étroitement financiers et comptables. Le SER souhaite au contraire un peu de hauteurs de vues pour que soit imaginée une politique à long terme, stable dans le temps, sauf circonstances internationales extraordinaires. Comme le souligne en effet Jules Nyssen, le président du SER, le tout récent rapport Draghi sur la compétitivité de l’Europe, publié le 9 septembre, considère l’écologie et l’énergie comme l’un des trois axes majeurs d’amélioration.

 

 

 

 

 

Finaliser et publier rapidement la stratégie énergétique française

Deuxièmement, demande le SER, il faut finaliser les textes qui régissent la politique énergétique française et les publier de manière à ce que les acteurs énergétiques, dont les membres du SER, sachent où ils vont. Les industriels, comme le rappelle Aymeric Ducrocq, vice-président du SER et responsable de l’éolien maritime chez EDF Renouvelables, ont besoin de stabilité et de connaître la trajectoire énergétique pour investir. Et, complète Xavier Daval, président de la commission solaire du SER, il faut éviter de sortir du chapeau des mesures telle que la proposition d’une taxe sur les capacités de production ENR installées, récemment mise en avant par Bruno Le Maire. Heureusement, il n’est plus ministre des Finances depuis le 12 septembre.

La politique énergétique française doit être décrite par plusieurs textes, dont plusieurs restent attendus en souffrance, rappelle le SER : la PPE (Programmation Pluriannuelles de l’Énergie) publiée en avril 2020 pour la période 2019-2028 qui devait être revue en 2023, la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) normalement révisée en 2024, le PACC (Plan stratégique d’Adaptation au Changement Climatique), … Pour finaliser et publier ces textes, il faut un gouvernement. Et, se lamente le SER, les bruits que l’on entend actuellement (réduction du budget de MaPrimeRénov’, réduction du budget de l’Ademe, réduction du Fonds Chaleur, etc.) ne vont pas du tout dans le bon sens.

Une échéance se rapproche rapidement : le 26 septembre, la loi prévoit que le gouvernement doit publier son choix des zones de développement de l’éolien en mer, deux dans l’Atlantique, deux en Méditerranée. Le SER espère fermement que cette date sera respectée. On ne peut que lui conseiller de mettre un cierge dans les chapelles consacrées à Sainte-Rita, la sainte des causes désespérées. Il y en a une dans l’église Saint-Eustache, aux Halles à Paris. L’annonce de ces zones permettra aux industriels de se déterminer dans le but de parvenir à une puissance de 50 GW pour l’éolien en mer, telle que la prévoit la PPE à l’échéance 2050.

 

 

 

 

 

Penser au développement local

Le récent rapport de la Cour des comptes sur la place de la fiscalité de l’énergie dans la politique énergétique et climatique française étrille sa complexité et demande plus de cohérence. Le SER partage cette idée, mais voudrait en plus que soit clarifiée la fiscalité locale au titre des installations de production d’ENR, que soit clarifiée la répartition des taxes entre les communes et les départements, que soient clairement posées les conditions de répartition locale de l’énergie, entre les ménages, les entreprises des communes, etc.

De même, à propos de biomasse, une concertation des acteurs sous l’égide du SGPE (Secrétariat Général à la Planification Écologique) était annoncée pour septembre, mais on ne voit rien venir. Pourtant, le bois énergie est l’ENR la plus largement répartie et utilisée sur le territoire français et le SGPE ne semble pas prendre en compte l’amélioration du rendement des appareils de chauffage au bois, qui, en accélérant le remplacement des appareils existants chez les particuliers, permettrait d’augmenter le parc chauffé au bois, tout en diminuant la consommation globale de bois énergie et de réduire les émissions de particules fines.

Il faut aussi, demande le SER, penser à "l’accompagnement de la chaîne de valeur industrielle des ENR". Traduction, le SER estime que les ENR ont encore besoin d’aides publiques pour se développer et il aimerait bien que ces aides soient rapidement précisées.

 

 

 

 

 

Tout n’est pas négatif

Xavier Daval, le président de la commission solaire au sein du SER, rappelle que cette année a vu la publication de quasiment tous les textes sur l’agrivoltaïsme. Cela va permettre une symbiose entre l’agriculture et la production d’énergie et améliorer vertueusement le revenu des agriculteurs. De plus, souligne-t-il, il existe en France pratiquement un million d’installations photovoltaïque. Ce qui montre la popularité du photovoltaïque. Mais, dit-il, il faut encore simplifier les procédures administratives. Le développement d’un projet photovoltaïque au sol demande un an et demi en Allemagne, contre 7 ans en moyenne en France.

 

Heureusement, un secteur – le photovoltaïque sur les grandes toitures et sur les parkings – se développe rapidement. En témoigne, l’installation de 61 000 m2 de panneaux photovoltaïques que va réaliser IDEX sur un entrepôt à Amiens Saint Sauveur (80), baptisé « Som’Link ». © IDEX

 

 

 

"Som'Link" est un bâtiment logistique de dernière génération livré en 2023, d’une surface totale de 118 403 m2, appartenant au groupe ESR. Avec une surface photovoltaïque de 61 000 m2, les 26 000 panneaux solaires Jinko Solar installés devraient fournir 12,1 MWh d’électricité par an. Les panneaux sont fixés sur le toit à l’aide des fixations sur plots thermosoudés de Soprasolar. Les onduleurs sont fournis par Sungrow. Les deux parkings de 405 places seront équipés d’ombrières photovoltaïques qui couvriront 50 % de leur surface, soit 7 696 m2, à hauteur de l'exigence minimale de la loi APER. Ces ombrières solaires produiront 1,8 MWh d’électricité photovoltaïque par an. Dans cette opération, ESR est propriétaire du bâtiment, IDEX est propriétaire de l’installation dans le cadre d’un bail de 30 ans sur la toiture et les parkings. L’investissement total atteint environ 15 M€. L’électricité sera à plus de 95 % vendue sur le marché avec complément de rémunération CRE. Un peu moins de 5 % sera consommé par le locataire du bâtiment.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi 

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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