Nouveau gouvernement : cinq ministres se partagent le domaine du bâtiment et des TP

Une petite rue du treizième arrondissement de Paris bordée de maisons avec les tours de la Porte d'Ivry en perspective

Logement, aménagement du territoire, transition écologique, énergie : les domaines qui concernent le bâtiment sont à la fois rassemblés et dispersés entre au moins trois ministères différents.




Peu avant 20 heures, samedi 21 septembre 2024, Alexis Kohler, secrétaire général de la Présidence de la République, a annoncé la liste des 39 personnes – 17 ministres de plein exercice, 17 ministres délégués et 6 secrétaires d’État – qui composent le nouveau gouvernement. Nul ne sait combien de temps il durera. Ceci mis à part, plusieurs ministères intéressent directement le monde de la construction, des Travaux Publics et de l’énergie. Le nouveau gouvernement se réunit ce lundi matin 23 septembre pour un petit-déjeuner à Matignon, puis en début d’après-midi pour le premier conseil des ministres à l’Élysée.

 

 

 

 

 

Un ministre du Logement

C’était une revendication des organisation professionnelles, FFB et CAPEB en tête, nous avons désormais, en la personne de Valérie Létard,  une ministre du Logement et de la Rénovation urbaine de plein exercice. D’ailleurs, le 21 septembre à 23h06, la FFB publiait un communiqué de presse dans lequel elle se félicitait de la nomination d’une ministre du Logement et de la Rénovation urbaine de plein exercice. Elle applaudissait aussi l’arrivée, au gouvernement, de Valérie Létard, mobilisée sur ces deux sujets depuis longtemps et engagée au service des territoires. La FFB rappelait enfin que la nouvelle ministre déclarait, avec détermination, il y a quelques jours que "l’heure était à l’action" sur la crise du neuf et la réussite de la rénovation énergétique des logements.

De son côté, la CAPEB appelle le nouveau Premier ministre à la tenue d’un Grenelle du logement conjuguant construction neuve et rénovation pour répondre à l’ampleur des besoins. Elle "appelle le Premier ministre à considérer le sujet du logement comme une priorité et à le traiter sans délai avec l’ensemble de la filière et en recourant à tous les leviers à sa disposition".

 

La CAPEB rappelle que le bâtiment est à un tournant critique et qu’il est impératif de garantir de la stabilité et de la visibilité aux entreprises en maintenant les enveloppes budgétaires allouées à la rénovation, notamment énergétique, des logements. Toute réduction des crédits dédiés serait préjudiciable aux TPE du bâtiment et incompréhensible, notamment au regard des enjeux environnementaux et sociétaux et des objectifs que notre pays s’est donné en la matière : la rénovation énergétique est une priorité nationale qui ne peut être une variable d’ajustement. Elle doit faire l’objet d’une stratégie et d’investissements à long terme, d’autant plus que chaque euro investi dans MaPrimeRénov’ rapporte trois euros à l’État. © PP

 

 

 

 

Stabilité, stabilité, stabilité

L’enjeu de la rénovation mérite la définition d’une politique de long terme claire et adaptée afin que ménages et entreprises puissent s’engager sereinement dans la réalisation de travaux, y compris en procédant progressivement, geste par geste. C’est pourquoi la CAPEB préconise de maintenir en 2025 l’éligibilité à MaPrimeRénov des gestes simples, le temps d’élaborer avec les pouvoirs publics un parcours de rénovation d’ampleur pour 2026 qui soit adapté aux attentes des foyers et à la réalité du marché. Il faut aussi faciliter la mobilisation des TPE du bâtiment pour massifier la rénovation des logements. Plusieurs mesures législatives sont nécessaires et n’ont pas pu être adoptées en raison de la dissolution, dont :

– La facilitation du regroupement des entreprises artisanales sur les chantiers au sein de groupements momentanés d’entreprises (GME) ;

– L'encadrement de la sous-traitance en cascade ;

– La simplification de la vie des entreprises, autant de mesures qui nécessitent d’être rapidement adoptées par les parlementaires.

 

Il est grand temps de mener une réflexion transversale pour repenser la politique du logement et trouver des solutions durables à la crise que traverse le secteur. C’est pourquoi la CAPEB appelle à un Grenelle du logement pour répondre à tous les besoins, de la construction neuve à la rénovation. Seule une articulation intelligente de ces deux leviers permettra à chacun de se loger dignement, tout en prenant en compte les enjeux climatiques et environnementaux.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Si l’on veut éviter une aggravation du recul actuel et à terme une récession, il est crucial de créer dès maintenant les conditions d’un véritable rebond. Nous attendons du Premier ministre qu’il maintienne les crédits alloués à la rénovation énergétique, qu’il engage une politique ambitieuse à nos côtés et qu’il prenne les décisions attendues en matière de simplification, d’accès au marché, d’environnement fiscal et de reconnaissance du rôle économique et social des petites entreprises dans nos territoires. M. Barnier a fait la preuve à maintes reprises de ses grandes qualités de négociateur pour savoir mettre autour de la table et respecter l’ensemble des parties prenantes autour d’enjeux majeurs afin de créer des consensus. Nous comptons donc sur lui pour avancer sur ces sujets et pour prendre pleinement en compte la voix des TPE du bâtiment." Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB. © PP

 

 

 

 

L’aménagement du territoire intéresse tout le monde

Il faudra bien sûr attendre la publication des décrets détaillant les compétences des divers ministres, mais la FFB se réjouit de l’arrivée de Catherine Vautrin au poste de ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, alors que l’aménagement du territoire devient plus que jamais un enjeu de cohésion sociale. Enerplan et le SER (Syndicat des Énergies Renouvelables) attendent sagement de savoir qui gèrera la définition des zones prioritaires pour le développement des ENR.

Acteur incontournable de l’artisanat du bâtiment, la FFB salue aussi l’arrivée de Françoise Gatel à la tête du ministère de l’Artisanat. La Fédération en profite pour rappeler qu’elle appelle de ses vœux une large réforme des réseaux consulaires. Traduction : elle estime que sa représentativité au sein des artisans n’est pas prise en compte à sa juste valeur.

Quant à la stratégie en matière d’intelligence artificielle et de numérique, la FFB note avec intérêt la nomination de Clara Chappaz car le bâtiment est au cœur de ces sujets.  Plus globalement, Olivier Salleron, président de la FFB, souhaite que "le gouvernement enfin constitué s’engage au plus vite dans une action résolue contre la crise de la construction, qui fragilise les parcours résidentiels de nos concitoyens sur tous les territoires et menace notre économie comme nos comptes publics". 

 

Les promoteurs ne se sont pas encore exprimés à propos du nouveau gouvernement. Lorsqu'ils prendront la parole, ce sera sans doute pour rappeller que le marché des bureaux neufs est à l'arrêt. Ce qui met en danger l'activité, non-plus des PME, mais directement des grands groupes français. © PP

 

 

 

 

Agnès Pannier-Runacher en terrain connu

ENERPLAN se félicite de la nomination d’Agnès Pannier-Runacher comme ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques au sein du gouvernement de Michel Barnier. Enerplan salue également l’importance donnée dans cette nouvelle architecture gouvernementale à l’énergie, avec la nomination d’Olga Givernet, qui secondera Mme Pannier-Runacher en tant que ministre déléguée à l’énergie. Agnès Pannier-Runacher, dit Enerplan, se voit attribuer dans ses nouvelles compétences ministérielles l’Énergie, un domaine qu’elle connait bien pour avoir été ministre de l’Énergie jusqu’au début 2024. Elle pourra donc agir rapidement. Par le passé, en tant que ministre de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher a montré sa capacité à gérer la crise énergétique de 2022 et elle a œuvré à l’accélération de la transition énergétique. Elle a notamment fait adopter la loi APER (Accélération pour la Production des Énergies Renouvelables) dans un contexte politique délicat. Sa nouvelle mission inclut à la fois la transition écologique et la transition énergétique. C’est une bonne décision tant les deux sont imbriquées. Les enjeux climatiques de décarbonation et les enjeux environnementaux, comme la biodiversité par exemple, sont parfois divergents à court terme mais avec une finalité commune, l’amélioration du climat et de l’environnement. Le pilotage unique sous un seul ministère favorisera le règlement rapide des tensions occasionnelles. Les organisations professionnelles en profitent pour rappeler leurs agendas et leurs attentes. ENERPLAN, par exemple, souligne qu’une réforme du processus d’obtention des autorisations, notamment urbanistiques rendrait le système plus efficace et permettrait à l’énergie solaire d’être encore plus compétitive. C’est fondamental pour le développement du solaire en France.

ENERPLAN souligne aussi que l’adoption de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) est urgente. Le précédent gouvernement, en retard sur ce sujet, prévoyait la publication de la nouvelle PPE pour la fin 2024. Sa publication, indique ENERPLAN, concrétisera l’ambition de la transition énergétique et donnera la visibilité indispensable à tous les acteurs du secteur.

Pour Daniel Bour, le président d’ENERPLAN, "la nomination d’Agnès Pannier-Runacher est une excellente nouvelle. Nous avons pu apprécier, lorsqu’Agnès Pannier-Runacher était chargée de la Transition énergétique, aussi bien ses qualités d’écoute que son pragmatisme et son efficacité. Elle connaît très bien les enjeux énergétiques. Elle va pouvoir agir rapidement en connaissance de cause. Dans un contexte de contraintes budgétaires, il est indispensable de rendre le système plus efficace et moins onéreux dans l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et notamment de l’énergie solaire."

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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