Réputée pour sa porcelaine, la ville de Limoges l'intègre même dans ses routes. Vendredi, une dizaine d'employés de l'entreprise de BTP Colas sud-ouest en ont intégré dans l'enrobé de la rue Jean-Jaurès, l'une des artères commerçantes de la ville.
Si le procédé à de quoi surprendre, il ne constitue pas une nouveauté : en effet, la métropole de Limoges, à la recherche des routes du futur, mène des expérimentations depuis une dizaine d'années avec les grandes entreprises du secteur.
"En centre-ville, c'est le plus gros chantier en porcelaine jamais conçu. Il s'étend sur 280 mètres de long et 6 mètres de large", précise Stéphane Heyraud, le directeur de la voirie à Limoges Métropole.
Ce procédé, dont la particularité est de contenir 30 % de granulats de porcelaine, des rebuts récupérés auprès d'entreprises locales et concassés, a été imaginé en 2017 au sein du laboratoire de l'entreprise Colas. Il a d'ailleurs déjà permis de donner des éclats scintillants au parvis du stade Beaublanc, où évolue le CSP, l'iconique club de basket de Limoges.
D'autres parvis, des trottoirs et des voies de circulation ont également été réalisés depuis, dont l’avenue Saint-Éloi, avec les trottoirs du lycée Turgot réfléchissants, et le secteur des rues Michaud et Cugnot en zone industrielle nord.
Utilisée uniquement à Limoges, cette technologie présente donc un intérêt esthétique mais également écologique, au-delà de la réutilisation des déchets. "On s'est rendu compte que l'albédo d'une telle voie, c'est-à-dire sa capacité à réfléchir la lumière, (était) plus important que celui d'une voie habituelle", relève Stéphane Heyraud.
Ainsi, la porcelaine permet de faire des économies d'éclairage et donc des économies d'énergie. Une étude est en cours pour chiffrer plus précisément l'impact d'un tel procédé, qui a aussi l'avantage de moins stocker la chaleur.
"Au départ, on avait la crainte qu'il n'y ait pas une bonne cohésion, que des éclats de porcelaine ressortent avec le passage des véhicules. On s'est rendu compte que ce n'était pas le cas", explique le directeur de la voirie à Limoges Métropole. © Le Populaire du Centre
Le hic ? Les éclats de porcelaine n'apparaissant qu'après quelques mois, notamment grâce à la circulation des voitures sur la chaussée. Les Limougeauds devront donc s'armer de patience, d'autant plus la rue Jean-Jaurès est devenue piétonne à la faveur d'une décision municipale. "Il y a quand même des véhicules de livraison qui passent dessus", nuance Stéphane Heyraud. "Et l'enrobé va se polir en étant attaqué par les UV et les précipitations".