Le livre blanc des Assises de la Construction Durable en Outre-mer présenté à Batimat

La conférence de presse présentant le livre blanc des Assises de la Construction Durable en Outre-mer à Batimat. © Laure Pophillat

Après 15 mois de travail ayant réuni 11 territoires ultramarins, les Assises de la Construction Durable en Outre-mer s'achèvent sur la remise d’un Livre Blanc à Micheline Jacques, sénatrice de Saint-Barthélemy.




Lors d'une conférence au salon Batimat, le 1er octobre, et après 15 mois de travail intensif ayant réuni 11 territoires ultramarins et plus de 300 professionnels, les Assises de la Construction Durable en Outre-mer, initiées dans le cadre du programme OMBREE, organisées par l’AQC (Agence Qualité Construction), avec le soutien de la SMABTP et de l’USH, se sont conclues avec la remise officielle d’un livre blanc à Micheline Jacques, sénatrice de Saint-Barthélemy et présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer.

Ce livre blanc est structuré autour de quatre axes de travail :

– la formalisation de normes locales ;

– Le soutien à l’innovation et la sensibilisation :

– L’accompagnement des professionnels ;

– Et, enfin, la préconisation de la création d’une instance de coordination ultramarine.

 

Cette initiative collective est pensée afin d'ouvrir la voie à des actions concrètes pour réduire les coût de construction et renforcer la résilience des bâtiments ultramarins face aux importants défis environnementaux auxquels ils sont confrontés, tout en valorisant les savoir-faire locaux.

 

Micheline Jacques, sénatrice de Saint-Barthélemy et présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, lors de la conférence du 1er octobre au salon Batimat. © Laure Pophillat

 

 

 

Le fruit de quinze mois de travail collaboratif

Initiée en 2023, dans le cadre du programme OMBREE (programme inter Outre-Mer pour des Bâtiments Résilients et Économes en Énergie), par l'AQC, les Assises de la Construction Durable en Outre-mer ont été créées en réponse aux préconisations du rapport sénatorial de 2017, qui appelait à la création de référentiels adaptés aux spécificités ultramarines.

Afin de répondre à l’urgence des enjeux liés aux spécificités ultramarines comme à la nécessité d’une plus grande sobriété des bâtiments, les professionnels ultramarins de la construction se sont "engagés dans une démarche de mutualisation des expertises et de partage des expériences", concertations qui s'étaient conclues en février 2024, lors d’une réunion à Paris où quarante rapporteurs avaient présenté des propositions issues des territoires, et s'achèvent à Batimat avec la remise d’un livre blanc à Micheline Jacques.

 

 

 

Les quatre axes de travail

 

Soutenir l’innovation et en assurer l’évaluation dans une approche régionale

Cet axe met en avant le potentiel des techniques constructives et des matériaux innovants propres aux territoires ultramarins, à l’instar des techniques locales comme des matériaux biosourcés et géosourcés. Car, comme le souligne Yannick Bruneau (Saint-Barthélemy), le "territoire est l’échelle qui réconcilie local et global, dans laquelle les individus peuvent se retrouver en termes d’identité, et qui permettra de faire remonter des savoir-faire et de régénérer le bon sens des anciens."
 
Afin d'atteindre ces objectifs, plusieurs actions sont envisagées, telle que la promotion de la recherche universitaire sur les matériaux tropicaux et les solutions durables, ou bien l’organisation d’une coopération régionale pour partager matériaux, savoirs et savoir-faire avec les pays voisins, ou encore l’étude de la mesure d’exemption du marquage CE, à partir des travaux du CSTB, cruciale pour surmonter les contraintes économiques et écologiques liées à l’importation de matériaux conformes aux normes européennes. L'exemption du marquage CE, à partir des travaux du CSTB, est inspirée par la Nouvelle-Calédonie, qui utilise déjà des produits non marqués CE tout en garantissant la qualité des ouvrages.

Ces actions tendent avant tout à améliorer les pratiques de construction comme à assurer la transition vers des infrastructures plus durables.
 
 
 
 

Formaliser des référentiels pour les Outre-mer

Chaque territoire ultramarin possède un savoir-faire local en matière de construction, adapté à son climat et à ses ressources, mais souvent ignoré par les référentiels actuels, qui sont conçus pour l’Hexagone. De fait, l’un des axes de travail des Assises est de recenser, prioriser et adapter les référentiels actuels (réglementations, normes, DTU, ATEC, etc.) aux spécifités des territoires ultramarins, en collaboration avec les instances nationales, et d’ajuster les normes et labels pour correspondre aux usages et à l’architecture locale, mais également aux spécificités climatiques et géographiques des territoires en question.
 

L’un des axes de travail des Assises est de recenser, prioriser et adapter les référentiels actuels. © Laure Pophillat

 

 

 

Sensibiliser et partager la connaissance avec les professionnels ultramarins

Les professionnels de la construction en Outre-mer disposent de ressources et de guides spécifiques, mais ces outils restent souvent sous-exploités ou méconnus. Dans ce contexte, il devient indispensable de valoriser les outils existants, de faciliter l'accès à l'information et de fluidifier le partage de connaissances. De fait, il existe déjà des outils de partage inter-outre-mer, comme PERGOLA de l’AQC ou les centres de ressources du réseau Bâtiment Durable, mais leur visibilité demeure limitée.

 

 

 

Accompagner les acteurs de la filière

Il s'agirait d'accompagner les acteurs de la filière au sens large : acteurs économiques, assureurs, maîtres d’ouvrages, acteurs du bâtiment, ... Il est primordial, par exemple, que les maîtres d’ouvrage puissent intégrer des exigences adaptées au contexte ultramarin dans leurs cahiers des charges. Ces référentiels sont souvent essentiellement connus des acteurs du territoire d’origine du référentiel, les MAO n'étant pas toujours informés de ces référentiels en raison d’un manque de communication, voire de formation.

Afin de coordonner toutes ces actions collaboratives, la mise en place d’une organisation pouvant répondre aux besoins nationaux et territoriaux en s’alimentant des expériences et expertises locales est essentielle. Cette instance inter-outre-mer aura pour objectif, entre autres, de coordonner le financement des actions définies dans le livre blanc.

 

Dès obtention de financements, la mise œuvre des premières actions ainsi que le montage de l’instance Inter-outre-mer se feront sous la gouvernance du Programme OMBREE, jusqu’à ce que cette instance soit déployée et autonome. "Dans leur diversité, les territoires ultramarins joueront ainsi davantage leur rôle naturel de territoires pionniers, voire préfigurateurs des référentiels de construction hexagonaux futurs et adaptés face aux multiples défis qu’impose le changement climatique." © Laure Pophillat

 


Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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