Le parquet de Paris a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de quatre anciens collaborateurs de l'architecte français Jean Nouvel, 79 ans, pour de présumés :
– détournements massifs de fonds,
– abus de biens sociaux et de confiance,
– faux et usage de faux.
Pour rappel, Jean Nouvel est considéré comme une star mondiale de l'architecture. Il a, entre autres, pensé l'Institut du monde arabe, la Fondation Cartier et la Philharmonie de Paris, la tour Agbar de Barcelone ou encore le musée national du Qatar à Doha.
Cette fameuse tour, la Tour Glôries, anciennement Tour Agbar jusqu'en 2017, est surnommée le "Suppositoire" par les Barcelonais... Elle est le pendant ou la cousine du "cornichon" londonnien, The Gherkin, une œuvre de l'arcitecte Norman Foster. Bref, l'une comme l'autre, difficile de les louper dans les cieux des villes qu'elles dominent. © Doyler 79 / Wikipédia
En 2008, il a été couronné par le prix Pritzker, le plus prestigieux dans son domaine.
Sa société, basée à Paris, emploie quelque 150 collaborateurs dans plusieurs agences.
Le renvoi, dans l'attente d'un procès, a été décidé à l'issue d'une enquête de près de dix ans, pour des faits commis entre les années 2007 et 2013, confirmant des informations du quotidien Libération, qui a publié une enquête en début de semaine.
Parmi les quatre personnes, trois hommes et une femme, figure notamment Gérard Juteau, ancien directeur administratif et financier des Ateliers Jean Nouvel (AJN), soupçonné de détournement de fonds massifs de plusieurs millions d'euros au préjudice de la société de l'architecte. Selon le parquet, il aurait abusé de sa position pour émettre de fausses factures, établir des montages financiers frauduleux ainsi que des contrats d'assistance fictifs entraînant des paiement injustifiés.
Un ancien associé et ami d'enfance de Jean Nouvel, Michel Pellisié, également impliqué dans cette affaire, est décédé en janvier 2022.
Entendu à plusieurs reprises, Jean Nouvel, qui a été placé sous le statut de témoin assisté dans l'enquête, a contesté toutes les accusations portées contre lui et a été dédouané. "L'information judiciaire n'a pas permis de révéler des charges suffisantes à l'encontre de Jean Nouvel", note le parquet dans son réquisitoire définitif.
Interrogés par l'AFP sur l'enquête de Libération, les Ateliers Jean Nouvel ont souligné que "ces faits, dès qu'ils ont été découverts, ont conduit les Ateliers à déposer plainte pour abus de biens sociaux contre ses anciens dirigeants", précisant que "Jean Nouvel, qui n'a jamais eu aucune responsabilité dans la gestion financière de la société, a immédiatement déposé plainte du chef d'abus de confiance contre son ancien associé [Michel Pellisié] dont il était séparé depuis deux ans". Enfin, ils ont onclu que la "qualité de victimes des Ateliers Jean Nouvel et de Jean Nouvel doit être rappelée avec force, la seule nouveauté dans cette affaire vieille de plus d'une décennie est la clôture de l'enquête"