Pour la première fois depuis 10 ans, les effectifs du CCCA-BTP sont en baisse. Fin juillet, le réseau prévoyait une baisse globale de 3% du nombre de jeunes en apprentissage à la rentrée. Un chiffre qui s’élèverait entre 6 et 8% pour les seules inscriptions en 1ère année de CAP. Le réseau CCCA-BTP, qui forme à lui seul 75% des apprentis du secteur du bâtiment et des travaux publics (75 000 jeunes au 31 décembre 2008), s’attendait au contrecoup de la situation économique. « Quand tout va bien, les entreprises du BTP embauchent et forment des jeunes, confie Jacques Vuthan, responsable des études au CCCA-BTP. Nous avons connu une telle situation pendant dix ans et avons bien amorcé le renouvellement des effectifs du secteur du BTP. A la fin des années 1990, seuls 5% des salariés du BTP avaient moins de 25 ans. Ils sont aujourd’hui 14%. Nous sommes cependant loin des 20% du début des années 1980 ! Si, sous couvert de la crise, les entreprises arrêtent de former des jeunes, nous risquons de revivre une situation délicate pour l’emploi dans le secteur. »
Disparités régionales
Le CCCA-BTP sait que certaines régions seront plus touchées que d’autres. « La crise frappe plus fort dans le Centre et l’Est, constate Jacques Vuthan. Rien d’étonnant puisque ce sont des secteurs géographiques déja fragilisés sur les plans économiques et démographiques. La conjoncture est difficile mais le secteur a un besoin structurel de renouvellement de ses effectifs, souligne-t-il. La pénurie de main d’œuvre reprendra ses droits dès l’amélioration de la conjoncture économique si les entreprises ralentissent leurs efforts de recrutement de jeunes formés ou en cours de formation. » Dans un contexte de crise économique mondiale qui frappe tous les secteurs d’activité, le BTP résistait assez bien jusqu’alors. Lors des précédents retours de conjoncture, il avait pourtant été rapidement touché de plein fouet. Aujourd’hui, l’activité fléchit sensiblement dans certains corps de métiers, maçons et peintres en tête.
L’aubaine du Grenelle
Une baisse à relativiser face aux dix années d’euphorie qu’a connue le secteur depuis la fin des années 1990. Ce dynamisme a eu des effets positifs sur l’apprentissage des jeunes. Et les perspectives de croissance du BTP demeurent importantes. La mise en place des mesures phares du Grenelle de l’Environnement devrait être un vecteur de croissance notamment pour les entreprises qui se positionnent sur le marché de la rénovation. Les crédits d’impôts et autres aides financières accordées par l’Etat pour inciter les Français à investir dans l’amélioration de la performance énergétique de leurs logements, se confrontent à la réalité de la situation économique des ménages. Pour preuve, entre avril et juin, sur les 45 000 demandes d’Eco Prêts à Taux Zéro, seuls 15 000 ont été accordés.
Source : Batirama.com / Céline Jappé
Une année de moins pour le Bac Pr
La rénovation de la voie professionnelle décidée par le ministère de l’Education nationale se généralisera sur tout le territoire à la rentrée. Désormais, le Bac Pro sera accessible par une formation en trois ans (seconde, première et terminale professionnelles) au lieu de quatre (deux ans de BEP suivis de deux ans de Bac Pro) avec la garantie d’un diplôme de même valeur. Cette réforme vise à augmenter le nombre de bacheliers professionnels et l’accès à l’enseignement supérieur mais aussi à réduire sensiblement le nombre de jeunes quittant le système scolaire sans qualification. Le Ministère souhaite ainsi valoriser le diplôme en l’alignant sur le bac général et le bac technologique qui se préparent tous deux en trois ans après la classe de troisième.
Erosion des effectifs vers la voie scolaire ?
Cette réforme suscite de nombreuses craintes dans le réseau du CCCA-BTP. « L’impact le plus direct pour la voie professionnelle est la suppression des formations BEP, craint Daniel Munoz, directeur de la formation au CCCA-BTP. Ce diplôme subsiste mais devient une certification intermédiaire au cours du cursus de préparation au Bac Pro par la voie scolaire. Pour l’apprentissage, cette certification ne constitue pas une obligation. » La branche professionnelle s’inquiète surtout du devenir du BP (diplôme de niveau IV, comme le Bac Pro). « Nous souhaitons réaffirmer notre attachement au BP, sans pour autant nous abstenir de proposer une offre de formation Bac Pro par apprentissage lorsque les besoins des entreprises sont avérés comme c’est le cas pour les métiers des fluides et de l’énergie. Les questions qui se posent concernent principalement la réduction de l’expérience professionnelle qu’engendre le passage d’un cycle de 4 (BEP+ Bac Pro) à 3 ans. » Le risque est aussi de connaître une érosion des effectifs de la voie professionnelle vers la voie scolaire, les jeunes privilégiant pour la plupart un cursus plus court pour l’obtention d’un diplôme de même niveau.