Promis pour fin 2015, les décrets d’application de la loi de transition énergétique se font encore un peu attendre. L’une de ses mesures les plus ambitieuses et les plus attendues concerne le tertiaire existant et vise, à l’horizon de 2020, une diminution de 25% des consommations, tous usages confondus.
L’audace de la mesure sera sans doute tempérée par une limitation aux surfaces tertiaires de plus de 2000 m2. Pour ce qui concerne une opération de rénovation tertiaire comme celle du 38 de la rue Saint Sabin à Paris, sur un immeuble centenaire de 870 m2 de surface de plancher, on n’est tenu d’appliquer la Réglementation thermique par éléments, aux exigences modestes, que depuis novembre dernier.
Autant dire que lorsque la Fondation Charles Léopold Mayer a envisagé, il y a une dizaine d’années, de procéder à la rénovation énergétique de ses locaux parisiens, la contrainte réglementaire ne jouait pas sur ce plan là.
Selon Pierre Truong (voir site), le maître d’œuvre de l’opération, l’enjeu était la mise aux normes ERP et à celles la sécurité incendie, la réorganisation des espaces de travail, l’apport de lumière à l’accueil.
La volonté d’optimiser les consommations énergétiques et d’utiliser des matériaux durables et écologiques ressortait cependant de la nécessité, pour le maître d’ouvrage, de se mettre en cohérence avec les principes d’action de la fondation, cette dernière ayant par ailleurs les moyens d’aller au bout d’une telle démarche.
La mise en pratique du projet de la rue Saint Sabin va s’étendre sur 8 ans. Une première et longue phase de 5 ans sera consacrée à un diagnostic et à des études préliminaires débouchant sur un projet qui ne satisfait pas le maître d’ouvrage.
L’agence Sonia Cortesse imagine de faire de ce bâtiment un exemple de contribution au confort d’été urbain. Les façades seront végétalisées. Sans préjuger de l’approbation de l’architecte Voyer, de celui des Bâtiments de France et des mitoyens, le maître d’ouvrage doute de la pertinence écologique de cette solution.
La Fondation opte pour une exemplarité plus accessible. Sous la direction du maître d’ouvrage, l’ingénieur agronome Matthieu Calame, une équipe de maîtrise d’œuvre est constituée autour de Pierre Truong, avec Amoes comme BET équipements et MBI comme pilote de chantier, Veritas comme bureau de contrôle et SPS.
Jouer sur un article du PLU de Paris afin de pouvoir réaliser une isolation par l’extérieur, et s’accorder non seulement avec les prescriptions de l’architecte Voyer et de celui des Bâtiments de France, mais avec trois copropriétés contigües, c’est déjà une performance.
D’autant que l’isolation de la toiture entraîne sur surélévation, et que l’objectif d’exemplarité amène à l’exploiter pour la production photovoltaïque d’électricité autoconsommée. Surtout, les choix opérés pour l’enveloppe trouvent leur prolongement dans ceux de l’aménagement intérieur et d’un mobilier conçu pour dans le même esprit par Pierre Truong.