Lorsque la jeune Fondation Charles Léopold Mayer quitte le XVIe arrondissement pour s’installer rue Saint Sabin en bordure du Marais, à la fin des années 80, ce quartier sort encore à peine du délabrement.
Après l’aménagement du Boulevard Richard Lenoir sous le Troisième Empire, ce dernier était devenu la vitrine d’un XIe arrondissement industrieux et spécialisé dans la transformation du métal, jusqu’à la mécanique de précision.
Le bâtiment en brique du fond de la cour du 38 rue Saint Sabin, situé plus précisément dans le coin des quincaillers, cadre bien avec l’activité du quartier au début du XXe siècle. A l’origine, il n’est bien sûr pas isolé, et largement vitré afin de profiter au maximum de la lumière naturelle que ce quartier dense distribue avec parcimonie.
Dans le « Diagnostic et pistes de réflexion pour le développement durable » réalisé par l’agence ADSC (Sonia Cortesse) en 2011, la structure du bâtiment est présentée comme suit : « La structure verticale est mixte, gardant la trace de différentes phases de travaux réalisés dans le passé.
Elle est ainsi constituée de murs porteurs en pierre (50 cm) adossés à la limite de mitoyenneté et de refends en pierre, datant de la construction initiale, et d'une structure métallique (poteaux en fonte de diamètre 16 cm) formant la façade sur cour, datant de premiers travaux de rénovation ».
La façade sur cour est en brique creuse de 20 cm additionnée d’un enduit intérieur en plâtre de 2 cm. La charpente de la toiture est entièrement réalisée en IPN de sections variables.
La fondation aménage dans des locaux rénovés. C’est la grande époque de Technal. On n’a pas vraiment la possibilité, à l’époque, de choisir finement les dimensions des menuiseries en fonction du contexte.
Mais au moins, elles supportent un double vitrage 4.6.4 sur cadre aluminium (sans rupteur de pont thermique). La mode est au tramage, comme pour l’opéra de la Bastille, ce qui permet de répéter le motif sur toute la façade.
La toiture est isolée par 10 cm de laine de verre sous BA13 et couverture de zinc. Une étroite terrasse est crée au second étage, impliquant l’ajout d’une poutre en béton en plafond du premier étage pour assurer le report de charges.
Peu après, la Fondation s’engage dans la voie d’une reconversion écologique de son patrimoine immobilier : domaine agricole de la Bergerie de Villarceaux et une tour de 87 appartements construite en 1974 près de Lausanne, qui bénéficie dès 2004 d’une rénovation énergétique de l’enveloppe, avec mise en place de fenêtre double vitrage et ITE en laine minérale de 15 cm.
Surprise : ces travaux coûteux ne font baisser les consommations que de 9,5%, soit 95 kWh/m2/an au lieu de 100 !
En 2013, après cinq années d’actions complémentaires en concertation avec le BE suisse energo, la diminution des consommations a été portée à 25%.
En matière de rénovation énergétique, le maître d’ouvrage est échaudé. Ce qui ne l’empêche pas, en lançant les études pour la rénovation de l’immeuble, en septembre 2013, de viser une diminution des déperditions énergétiques de facteur 8, passant de 290 kWhep/m2/an (classe E), à un objectif de 35 (classe A).
Un prochain épisode fera le point sur le réaménagement intérieur de l’immeuble de la rue Saint-Sabin, véritable reflet de la rénovation de l’enveloppe.