Bosch Thermotechnologie France possède deux usines dans notre pays : celle de Drancy et celle de Saint-Thégonnec, créée en 1968 par Sagem, devenu Geminox, puis achetée par elm leblanc en 1994. Elm leblanc a été à son tour absorbé par le groupe Bosch en 1996.
En 2102, la division Bosch Thermotechnologie est créée. Sa filiale française gérait alors 4 marques : elm leblanc, Geminox, Buderus et Loos, les chaudières de grande puissance.
Aujourd’hui, Bosch Thermotechnologie France, TT France comme ils se désignent eux-mêmes, s’est rationalisé et ne gère plus que deux marques : elm leblanc et Bosch, mais propose des générateurs gaz, fioul et des pompes à chaleur, dans des puissances de 1 kW à 20 MW.
Le groupe TT est le leader européen du chauffage avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros en 2015. 88% de ce CA proviennent des ventes en Europe. Le groupe TT emploie environ 13 400 personnes, dont 94% en Europe et environ 1000 personnes en France pour un CA Français de 188 M€ en 2015.
Le groupe a d’ailleurs de grandes ambitions en France qui est son troisième marché en Europe, derrière l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Pour l’instant, elm leblanc est second sur le marché français de la chaudière murale gaz, vraisemblablement derrière Saunier Duval.
Mais sa part de marché croît et TT France souhaite voir la marque elm leblanc passer en tête, peut-être à l’horizon 2020. TT France veut aussi développer sa marque Bosch sur le marché de l’eau chaude sanitaire et établir solidement ses produits comme les plus connectés du marché, à la fois pour le professionnel et pour l’utilisateur final. A court terme, le but est de dépasser 200 millions de CA en 2017.
TT France a spécialisé ses deux usines. Saint-Thégonnec est devenu centre de compétence du groupe pour les générateurs et ballons en acier inoxydables. L’usine de Drancy, pour sa part, est le centre de compétence du groupe pour les chaudières murales à ballons intégrés et pour les chaudières hybrides (chaudière + pompe à chaleur murales monoblocs).
L’usine de Drancy fabrique pour tout le groupe environ 120 000 chaudières murales. Elle produit la quasi-totalité des chaudières murales vendues sous la marque elm leblanc en France. Environ 10% de la production de l’usine de Drancy part à l’export.
Outre les deux sites de fabrication de Drancy et Saint-Thégonnec, TT France a installé à Hagenau son centre de compétence pour le tertiaire et l’industrie : chaudières de grande puissance et climatisation. TT France a également créé une plate-forme logistique de 10 000 m² à Moulins (03), située à peu près au centre géométrique de la France.
Le Groupe Bosch appartient à une fondation et il n’est pas côté en bourse. Il échappe au diktat du court terme où les marchés veulent sans cesse de meilleurs résultats financiers, trimestre après trimestre. Le Groupe peut donc réfléchir, développer une stratégie à long terme et investir pour la mener à bien.
Les dirigeants du groupe ne sont cependant pas des philanthropes. Il leur faut tout de même de bons résultats, ne serait-ce que pour continuer à autofinancer le développement. L’usine de Drancy, l’une des 23 dans le monde pour la division Bosch Thermotechnologie, est soumise à une rude concurrence interne dans le groupe. Notamment de la part de l’usine turque de Manisa.
Manisa fabrique environ 800 000 chaudières murales à condensation et classiques par an. Tandis que l’usine portugaise d’Aveiro fabrique environ 1 million de chauffe-eau et de chauffe-bains, à gaz et thermodynamiques, chaque année.
La concurrence est donc vive. Pourtant, jusqu’à la fin du mois de septembre 2016, l’usine turque de Manisa fabriquait le corps de chauffe-maison utilisé dans les chaudières à condensation vendues en France. L’usine de Drancy l’importait pour l’incorporer à ses chaudières.
L’équipe de Drancy, conduite par Laurent Tortrat, le Directeur industriel du site, l’a étudié sous toutes les coutures, puis a développé une stratégie d’approvisionnement des composants et d’assemblage du corps de chauffe qui lui permet, malgré des coûts et des charges plus élevés en France qu’en Turquie, de le produire au même prix.
Le fameux corps de chauffe à condensation WB6 mixte – fonte d’aluminium/acier inoxydable – est désormais fabriqué à Drancy. 60 000 exemplaires seront produits en 2017, 80 000 en 2018. Pour l’instant, selon l’intensité de la fabrication, l’usine de Drancy produit un corps de chauffe WB6 toutes les 1’20’’ ou 1’45’’ avec 6 personnes sur cette ligne.
L’équipe de Drancy pose déjà quelques jalons pour accroître encore cette production en fournissant d’autres usines du groupe. C’est un succès. Il peut être remis en cause à tout moment : les turcs ne vont sans doute pas rester les deux pieds dans le même sabot.
Mais, les dirigeants du site de Drancy – 200 personnes, dont 150 à la production – n’ont pas dit leur dernier mot non-plus. Depuis 2004, le site de Drancy s’est engagé dans une démarche de « Lean Manufacturing ».
Depuis 2014, cette démarche devenue « Lean Management » s’est étendue dans les départements de TT France : commerce, marketing, finances, relations humaines, etc. Objectif : faire face au monde VUCA : Volatile, Incertain (Unpredictable en anglais), Complexe et Ambigu.
La démarche, qui fait largement appel à de nouveaux outils numériques, a rapproché les managers de leurs équipes, renforcé la communication, réduit les coûts sans réduction d’emploi, éliminé les tâches sans valeur ajoutée. Résultat, depuis 5 ans, la productivité de l’usine de Drancy augmente de 7% par an.
L’usine est ainsi devenue un site de référence pour le cabinet d’organisation McKinsey Allemagne qui l’utilise pour promouvoir la démarche Lean Management auprès de ses propres clients industriels. Tout cela ne conduit malheureusement pas encore à l'augmentation de l’emploi sur site. Seulement à son maintien.
L’équipe de Drancy s’attache à créer de nouvelles activités pour croître. Depuis le printemps 2016, le site de Drancy a lancé une activité de récupération des chaudières elm leblanc déposées par les installateurs. Elles sont soit retournées aux distributeurs, puis renvoyées à Drancy, soit directement collectées à la faveur de tournées de ramassage organisées dans la France entière.
Une fois à Drancy, les chaudières, chauffe-eau et chauffe-bains sont démontées, les matériaux sont séparés et revendus, notamment l’acier et le cuivre. Pour l’instant, ce recyclage occupe 15 personnes et s’avère déjà rentable.
Dans un tout autre ordre d’idée, en mars 2015, la division TT du Groupe Bosch a créé avec Midea, le second plus grand spécialiste chinois de la climatisation après Haier, une joint-venture pour fabriquer des systèmes DRV (Débit de Réfrigérant Variable), qu’ils appellent d’ailleurs VRF (Variable Refrigerant Flow), autrement de la climatisation pour le grand tertiaire.
La production de cette co-entreprise est désormais commercialisée en Europe sous la marque Bosch. Pour la France, le site de Haguenau s’en occupe. Il prescrit avec une équipe de 20 personnes, et commercialise les chaudières de 70 kW à 20 MW, plus désormais, cette nouvelle offre de climatisation tertiaire. Nous avons pu jeter un œil au catalogue.
Bosch TT France propose 4 gammes de systèmes DRV, capables d’assurer chauffage et rafraîchissement, avec régulation par inverter (variation de vitesse, donc de puissance des compresseurs) et détendeurs électroniques.
Les trois gammes les plus grandes – DCI à régulation inverter des groupes, SDCI « tout Inverter », RDCI à trois tubes pour la récupération d’énergie - acceptent de 13 à 64 unités intérieures raccordées et offrent des puissances de 25,2 kW (8 CV) à 50 kW (18 CV), par pas de 2,8 kW (2 CV) avec une seule unité extérieure et jusqu’à 200 kW (72 CV) en associant de 2 à 4 unités extérieures.
Bosch TT propose également un mini-DRV, baptisé MDCI : 9 unités extérieures de 8 à 26 kW, avec possibilité de raccorder de 4 à 12 unités intérieures. Tous ces systèmes fonctionnent au R-410A et affichent des performance nominales honorables. Ils ne sont pas encore certifiés Eurovent.
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Bien content que Frisquet soit à 100 pour cent capitaux Français !