Bau, qui se déroule à Munich du 16 au 21 janvier, est l’un des plus grands salons mondiaux consacrés au bâtiment. Il mobilise cette année 183 000 m² dans les 17 halls de la foire de Munich pour accueillir 2120 exposants, dont 34% de non-Allemands. Ce qui ne signifie pas grande chose : à BAU, Saint-Gobain Isover est Allemand.
Pour accommoder la croissance du salon, deux nouveaux halls sont d’ailleurs en construction et seront prêts pour l’édition 2019. Centré sur le gros-œuvre, BAU s’est, au fil des années, étendu vers les finitions – peintures, moquettes, parquets, lambris, textiles, etc. – et vers les lots techniques comme la ventilation, le chauffage et la production d’électricité photovoltaïque.
Le clos-couvert représente tout de même l’essentiel des solutions exposées. Quatre grands thèmes sont particulièrement mis en avant en 2017.
Au salon BAU de Munich, le clos-couverte est praticulièrement mis en avant. On y trouve tout depuis les briques monomur avec de l'isolant remplissant les alvéoles, jusqu'au bardage. @P. Poggi
Le premier de ces 4 thèmes sont les façades actives avec production photovoltaïques, protections solaires, incorporation de la ventilation, du chauffage et de la climatisation directement dans les façades.
C’est une tendance en développement en Allemagne depuis une dizaine d’années déjà. Mais elle s’accélère notablement avec l’arrivée prochaine du BEPOS ou plus précisément des bâtiments nZEB (ear-zero energy buildings ou bâtiments à énergie quasi-nulle) demandés par la Directive Européenne sur l’Efficacité Energétique des Bâtiments.
La France a choisi de traduire nZEB par Bepos ou bâtiment à énergie positive. Ce qui sévérise les exigences européennes. A BAU, les grands spécialistes des façades comme Schüco, Wicona, Foster, etc. montreront de nouvelles solutions répondant à l’exigence nZEB.
Ces façades sont très performantes du point de vue thermique. Elles sont capables en plus de produire de l’énergie et finement pilotées pour maximiser la lumière naturelle, protéger contre les apports de chaleur en été, protéger contre l’éblouissement, ventiler, chauffer, rafraîchir, etc.
L'une des spécificités allemande dans la construction est la très grande présence d'éléments préfabriqués, en bois, en béton, en béton fibré, etc. @P. Poggi
Le second thème est la révolution NumériK qui rend possible et peut-être même utile, le Smart Home et les Smart Cities. Les équipements numériques et des applications qui sèment le Smart partout seront très présents à BAU.
Plusieurs fabricants, dont Vaillant (chaudières, pompes à chaleur, solaire thermique et ventilation), Gira (appareillage électrique et automates), Dornbracht (robinetterie sanitaire haut de gamme), Revox (sonorisation), Miele (électro-ménager) ont formé l’alliance « Connected Comfort » pour garantir la compatibilité entre leurs offres.
Geze (automates) montrera de nouvelles solutions KNX pour le pilotage et le monitoring des Smart Buildings, plutôt en tertiaire. Ces automates, associés à la motorisation de fenêtres Geze, sont capables de développer des stratégies de ventilation naturelle. Somfy vient à BAU avec son offre de domotique entrée de gamme Connexoon.
Au-delà de l’exposition de produits et de systèmes, l’idée des organisateurs de BAU est qu’il faut incarner la Smartitude pour que les acteurs du bâtiment et du développement urbain s’en emparent.
Deux projets pilotes de Smart Cities seront décortiqués à BAU : Weinsberg près de Heilbronn, le quartier de Gelbe à Berlin. Ils se sont aussi tournés vers Schneider Electric qui commentera son prototype de Smartgrid installé sur le Euref-Campus à Berlin.
En association avec des promoteurs et d’autres grands noms du NumériK, comme l’américain Cisco, Schneider Electric teste dans ce nouveau quartier de Berlin la gestion de bâtiments nZEB ou franchement Bepos à l’échelle du quartier.
Le BIM (Building Information Modeling ou Management) sera le troisième grand thème de BAU 2017. Le BIM est encore loin d’être une pratique aboutie. C’est toujours, très largement, une marche vers un avenir radieux qui s’avère plus longue et beaucoup ardue que ses initiateurs ne l’imaginaient.
Quoiqu’il en soit, ce thème sera d’abord largement défriché par les éditeurs de logiciels qui exposent en nombre à BAU. Le hall C3 leur sera entièrement réservé. Allplan, qui appartient au groupe Nemetschek, s’efforcera de démontrer qu’il dispose de toutes les solutions logicielles autour de son soft de conception, pour travailler en BIM avec tous les BE techniques et avec les entreprises.
Deux forums seront aussi consacrés au BIM le mardi 17 (Hall C2) et le mercredi 18 janvier (Hall A4). Ils seront animés par une impressionnante brochette de BE et d’architectes prestigieux, dont ARUP, Gerkan, Marg + Partner, RKW et Herzog & de Meuron, qui raconteront leurs expériences en BIM.
Le quatrième thème, qui n’en est d’ailleurs pas un pour les organisateurs, tant ils le tiennent pour banal, mais qui fascine toujours beaucoup les visiteurs étrangers, ce sont les spécificités allemandes.
On peut en relever plusieurs, comme l’extraordinaire développement de la préfabrication en bois, en acier, en béton que l’on retrouve en Allemagne pour tous types de bâtiments neufs, depuis la maison individuelle, jusqu’aux immeubles de bureaux.
Les fenêtres étanches pendant plusieurs jours face à une inondation n’ont pas encore franchi le Rhin. La course au gigantisme des ouvrants est une autre spécificité allemande et suisse.
En 2015, Henze Glas et Uniglas ont présenté une vitre de 18 m de long pour une hauteur de 1,80 m. C’était un record. Nous sommes impatients de voir s’il sera battu en 2017. Notre prochain article sur BAU sera en ligne lundi 16 janvier