Bonne nouvelle : après quatre années de pain noir, les constructeurs de maisons individuelles reprennent des couleurs. L’année 2016 marque véritablement la reprise, qui s’était amorcée en 2015.
Après 13,7 % de hausse en 2015, les ventes, en croissance de 19,5% en 2016, ont retrouvé leur bon niveau de 2011, selon les chiffres présentés mardi 22 février par Les Constructeurs et Aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment (LCA-FFB). Des résultats issus de l’indicateur Markemétron, devenu l’outil de référence de l’Insee et du trésor Public pour l’établissement de leurs prévisions.
« Cette reprise s’est même accélérée en fin d’année », précise Patrick Vandromme, président de LCA-FFB, lors du point de conjoncture, constatant une progression de 23,3% en décembre par rapport au même mois de 2015 et un bond de 28,4% au dernier trimestre.
Cette embellie générale s’explique par un faible niveau des taux d’intérêt, des aides publiques bien calibrées et une confiance retrouvée des ménages. Le PTZ (prêt à taux zéro) reconfiguré porte ses fruits, puisque quelque 117 000 prêts ont été distribués en 2016, contre 59 000 en 2015.
Interview de Patrick Vandromme
Quoiqu’avec des différences, toutes les régions profitent de ce dynamisme, enregistrant en moyenne une progression de 10%. Les territoires de la moitié Ouest affichent des taux de progression annuels supérieurs à 20% : +31% pour les Pays-de-la-Loire, +24% pour l’Ile-de-France, + 22% pour la Nouvelle Aquitaine, la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France.
La région Auvergne Rhône-Alpes, qui a moins souffert que d’autres pendant la crise enregistre une hausse de 11%. Les ventes dans le Grand-Est et la Bourgogne Franche-Comté, là où les problèmes de chômage sont les plus criants, ne progressent respectivement que de 12 et 15%.
L’âge moyen des acheteurs est passé de 39 ans en 2010 à 46 ans en 2016. Ce chiffre est en lien avec la part des primo-accédants qui est tombée de 71% en 2010 à 50% en 2016.
Quant au prix moyen des maisons neuves, hors foncier, il atteint 177 000 € en 2016 contre 141 000 en 2010. Une hausse que Patrick Vandromme impute à l’incidence réglementaire ; la RT 2012 ayant impacté de 10% supplémentaires le coût d’une maison.
Le prix moyen du terrain est également en hausse : 91 000 € en 2016 contre 57 400 € en 2010 ; une augmentation qui provient, certes du manque de foncier, mais aussi des déplacements de la population des zones rurales vers les métropoles.
Le Président de LCA-FFB peut savourer ; l’année 2017 commence sur les chapeaux de roues avec des très bonnes prises de commandes sur janvier et février.
Toutefois, il préfère rester prudent, car 2017 n’est pas une année comme les autres. D’abord avec l’élection présidentielle qui, à chaque fois, produit un ralentissement d’activité sur les mois d’avril et mai.
Puis, parce que le Crédit Foncier annonce pour la fin de l’année une remontée des taux d’intérêt qui passerait de 1,32% à 1,8. Mais surtout, parce qu’avec un nouveau président, la politique du Logement pourrait être revue à la baisse avec une politique budgétaire plus restrictive.
LCA-FFB plaide d’ailleurs pour la stabilité du PTZ et du Pinel, dispositifs qui devraient s’arrêter à la fin de l’année. « Surtout laissez les choses en l’état, ne touchez pas aux 42 milliards de budget qui en rapporte 60, insiste Patrick Vandromme en s’adressant aux candidats à l’élection, tout en appelant à la poursuite de la simplification des normes et à l’expérimentation de 2 ans « Bâtiment à Énergie positive et réduction carbone », qui préfigure la future réglementation environnementale.
Mais c’est un tout autre défi qui attend les constructeurs de maisons individuelles. « Le métier change. Nous allons devoir nous adapter. Un constructeur devra également être aménageur, faire de la promotion et avoir une activité rénovation, un marché d’avenir », explique Patrick Vandromme.
« Il faudra, par exemple, s’intéresser de près aux investisseurs locatifs, marché qui reste marginal pour nous (6 % de parts de marché), mais prometteur car il y a une vraie appétence pour le locatif en maison individuelle. Dans quelques années, on ne parlera plus que d’un seul métier », conclut-il.
De septembre 2015 au même mois de 2016, les réservations à la vente de l’ensemble des logements neufs (appartements et maisons) des promoteurs ont progressé de 17,4 %. Les réservations des logements collectifs ont gagné 17,3 % sur un an.
Pour les maisons individuelles en secteur groupé, la croissance de la promotion atteint 16,5 % sur douze mois. Le prix de vente progresse de 6,6 % sur un an : une maison neuve se vend en moyenne à 262 000 euros au troisième trimestre 2016 en secteur groupé.