"Il faut faire attention qu'on ne se recroqueville pas encore une fois sur nous-mêmes, sur la France, sur les Français", a déclaré M. Gattaz lors de sa conférence de presse mensuelle. "Si nous voulons construire l'Europe, il faut être ouverts", a-t-il estimé.
La clause Molière, introduite en Ile-de-France, dans les régions Hauts-de-France, Normandie et d'Auvergne-Rhône-Alpes, est censée lutter contre la directive européenne des travailleurs détachés en imposant la langue française sur les chantiers dont la région est maître d'oeuvre.
"Il faut réguler les travailleurs détachés, ce qui est fait actuellement. Il faut tout faire pour réduire la fraude, il faut améliorer l'intégration de nos salariés extérieurs à la France", a jugé le président de l'organisation patronale.
Soulignant toutefois qu'il était préférable de parler français sur les chantiers pour des raisons de "sécurité", d'"ordre" et de "communication", M. Gattaz a souligné que cela pouvait comporter des dérives "communautaire ou nationaliste".
"Vous commencez comme ça, et puis après vous commencez à faire du favoritisme, et puis ensuite vous fermez les frontières françaises, et puis vous finissez par sortir de l'euro", a-t-il averti. Indiquant que 180.000 Français travaillaient en Europe sous le statut de travailleur détaché, il a insisté sur le fait que la France ne s'en sortirait que "grâce à l'Europe et l'euro".
En début de semaine, sur le chantier de restructuration d'un lycée à Saint-Chamond (Loire), et malgré le recours du préfet, le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a installé une brigade de contrôle composée de cinq agents à temps plein et chargée de vérifier les cartes professionnelles du BTP et la bonne pratique du français, sous peine d'une pénalité de 10.000 euros.
"Les décideurs publics doivent cesser de se retrancher derrière le juridisme pour en faire l'alibi de leur impuissance ou de leur inaction", a déclaré M. Wauquiez, assurant vouloir agir "dans le respect du droit français et européen, ainsi que dans le strict cadre du code des marchés publics"."
Auvergne-Rhône-Alpes est la première Région de France à apporter la démonstration que la préférence régionale, c'est possible", a-t-il indiqué. Avant elle, les Hauts-de-France et la Normandie avaient déjà adopté cette clause.