A la cité des Beaudottes de Sevran, connue comme étant une plaque tournante du trafic de drogue, la petite société AFI faisait régner sa loi et détenait de fait le monopole des travaux, selon une source proche de l'enquête.
Les gardiens d'immeuble recevaient des billets dans des enveloppes pour signaler tout dégât, qu'il s'agisse d'une panne d'électricité ou d'une fuite d'eau, à l'entreprise afin que ce soit elle qui réalise les travaux, souvent surfacturés.
En raison des risques de représailles, de nombreuses victimes ont longtemps préféré ne pas alerter la police. Et quand un marché lui échappait, le patron réclamait 80.000 euros au titre de compensation à l'entreprise qui avait gagné l'appel d'offre.
Des jeunes de la cité n'hésitaient pas non plus à faire usage de la force quand des prestataires extérieurs s'aventuraient sur le "territoire" de l'entreprise de construction et de travaux.
"C'est toi? Faut plus venir travailler ici, maintenant c'est nous", aurait proféré le chef de l'entreprise à un gérant d'une société rivale en 2008, d'après les enquêteurs. Le patron a également sorti une arme de poing, menaçant de mort un concurrent s'il s'aventurait dans le quartier.
En garde à vue depuis mardi, les quatre suspects, âgés de de 27, 28, 30 et 35 ans, devaient passer samedi devant un juge d'instruction et pourraient être mis en examen pour extorsion en bande organisée, menaces de mort, corruption active, abus de biens sociaux, blanchiment de fraude fiscale et travail dissimulé.