Le ciment prend de la hauteur

Le ciment prend de la hauteur

Lors de la rencontre annuelle de l’industrie cimentière française, le 27 janvier, l’humeur n’était pas optimiste.




Pour dépasser la conjoncture morose, les organisateurs ont choisi de mettre en avant les vertus des ciments et bétons.

 

Animée par Jean-Christophe Giesbert, la matinée annuelle de l’industrie cimentière a commencé par une introduction de Laurent Girometti, Directeur de la DHUP (Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages) depuis six mois seulement.

 

 

  1. En ouverture de la matinée du SFIC, Laurent Girometti, directeur de la DHUP, a confirmé les mauvais résultats de la construction en 2014 et listés toutes les mesures prises ou en cours pour la relancer en 2015. Doc. PP

 

Il avait la tâche ingrate d’annoncer le recul de la construction de logements en France en 2014. Publiés le matin même, quelques heures avant son intervention, les chiffres sont les plus mauvais depuis 17 ans. Avec seulement 381 000 permis de construire déposés pour des logements et 297 500 logements mis en chantier en 2014, l’année a été catastrophique.

 

Espoir et Simplification

 

Il ne pouvait pas rester sur cette note désespérante. Aussi a-t-il dressé l’inventaire des mesures prises, en cours, décidées mais encore à prendre pour relancer le logement neuf et la rénovation. Il a cité, un peu en vrac, la simplification du Permis de Construire, les financements de la Loi Pinel pour le locatif neuf, les efforts en faveur des logements intermédiaires dans les zones tendues et, cerise sur le gâteau, la simplification des règles.

 

Soulignant que « c’est la première fois en France que l’on supprime des règles contraignantes », il a rappelé les 50 premières mesures annoncées en juin dernier, dont 60% selon lui sont déjà mises en œuvre. M. Girometti était clairement à la peine.

 

Presque inconsciemment, il a expliqué d’une phrase que la suppression ou l’allègement de chaque règle impliquait un combat pour convaincre. Bref, ça n’a pas l’air facile et ce ne sera pas rapide. Seule l’innovation, dit-il peut permettre d’atteindre les buts fixés par le Gouvernement : réduire les coûts et les délais de la construction, tout en améliorant la qualité.

 

Il a rappelé que plusieurs programmes destinés à soutenir l’innovation étaient lancés et financés : la Mission Numérique Bâtiment animée par Bertand Delcambre ancien président du Cstb, un effort de développement de la préfabrication…

 

Il a même cité comme porteur d’un radieux avenir numérique, un amendement introduit durant la discussion de la Loi de Transition Energétique, instituant pour chaque logement un “carnet numérique d’entretien et de suivi”, qui accompagnerait les logements depuis leur conception jusqu’à leur démolition et contiendrait toutes les informations accumulée durant la vie du logement.

 

Vers des règlementations environnementales

 

De manière peut-être plus inquiétante, M. Girometti a expliqué qu’après 40 ans de règlementations thermiques, ont était parvenu au bout de cette démarche, que nos bâtiments neufs ne pouvaient plus progresser dans ce domaine. Sans doute a-t-il oublié l’échéance des bâtiments BEPOS en 2018 pour les bâtiments publics, en 2020 pour tous les autres et peut-être ne connaît-il pas les bâtiments passifs ?

 

 

  1. Jean-Yves Le Dreff, président du SFIC a souligné la part importante de l’électricité (15 à 25%) dans le coût du ciment et demandé une baisse du prix du kWh. Doc. PP

 

Il faut désormais, selon lui, s’orienter plutôt vers la prise en compte des gaz à effet de serre - même s’il est difficile, ajoute-t-il aussitôt, de fixer précisément d’affecter un contenu en gaz à effet de serre à chaque énergie - et aller vers des règlements reposant sur l’Analyse du Cycle de Vie des bâtiments, prenant en compte le cycle de l’eau, la production de déchets et leur recyclage.

 

Mais, bien sûr, tout cela doit être largement discuté, introduit très progressivement pour ne pas créer de blocages. Jean-Yves Le Dreff, Président du SFIC (Syndicat Français de l’Industrie du Ciment), qui a pris la parole à sa suite était dans son rôle.

 

Rappelant que le marché du ciment a baissé de 6% en volume en 2014, soit un million de tonnes en moins par rapport à 2013, il a énuméré les obstacles. Il devient selon lui difficile de produire économiquement du ciment en France. 15% des ciments consommés en France sont désormais importés, une part croissante venant d’au-delà de l’Europe.

 

La facture de transport des ciments qui représente 20% du coût du ciment livré est trop élevée. La facture d’électricité qui atteint 15 à 25% du coût devient elle-aussi trop importante et il faut baisser le coût du kWh. Rappelons en passant que les cimenteries ont depuis longtemps accès aux tarifs d’électricité non-régulés…

 

Le logement de demain

 

Ces deux introductions ont été suivies de deux tables rondes. La première portait sur les évolutions sociétales et leur impact sur le logement, avec Guy Tapie, sociologue, Mireille Ingrez-Céréda, adjointe au Maire de Boulogne-sur-Mer et Jean Bonnie, président de la Fédération de l’Industrie du Béton (FIB).

 

M. Tapie a enfoncé allègrement toutes les portes ouvertes, évitant soigneusement les portes fermées ou mêmes entrouvertes : nous nous dirigeons vers une société individualiste à l’extrême, les résidences fermées se multiplient… Pfff ! Confrontées aux besoins et aux problèmes d’une ville, Mme Ingrez-Céréda avait une approche bien plus pragmatique et réaliste.

 

Le foncier devient rare à Boulogne-sur-Mer, il faut donc réhabiliter, voire déconstruire et reconstruire. Ce qui est fait dans la partie nord de la ville. La priorité est la réduction des charges, dont le coût du chauffage. L’amélioration esthétique du cadre de vie est primordiale également.

 

Le béton a un rôle à jouer, d’autant qu’il existe sous diverses formes, dont des bardages pré-isolés, à la fois thermiquement efficace et esthétiques, mis en œuvre dans une réhabilitation du quartier du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer.

 

Avec l’aide de l’Ecole des Mines de Douai, 10 maisons passives ont été construites en béton cellulaire avec un coût de chauffage annuel inférieur à 200 €. L’assistance était aux anges. Prenant du recul Jean Bonnie a souligné que l’industrie du béton avait mal géré l’image de son produit depuis 60 ans.

 

Laissant s’imposer l’équation Béton = Barres disgracieuses, oubliant de rappeler toute la part du béton dans les grandes réalisations architecturales depuis 1950. Il a souligné que plusieurs chantiers se trouvaient encore devant les industriels : l’essor de la préfabrication et de la filière sèche, tout comme la conception de bâtis en béton, mais déconstructibles facilement en fin de vie.




Les solutions Béton

 

La seconde table ronde portait sur les nouvelles solutions techniques en béton, avec Ingrid Taillandier, architecte de l’Agence ITAR architectures, Bertrand Delcambre et Olivier Apruzzese du Syndicat National du Béton Prêt-à-l’Emploi (SNBPE). Ingrid Taillandier a tout de suite rappelé que l’enjeu des villes françaises était la densification, seule solution pour faire face à des contraintes environnementales croissantes.

 

Prôner le développement continu de la maison individuelle, selon elle, est un leurre qui ne peut conduire qu’à une consommation accrue du foncier agricole, à une augmentation de la circulation automobile, etc.

 

 

 

  1. Les évolutions sociétales et leur impact sur le logement ont été débattues par, de droite à gauche, Guy Tapie, sociologue, Mireille Ingrez-Céréda, adjointe au Maire de Boulogne-sur-Mer et Jean Bonnie, président de la FIB, sous la conduite de Jean-Christophe Giesbert. Doc. PP

 

L’architecture contemporaine vit un renouveau et intéresse la grand public de manière croissante. Il faut en profiter pour faire preuve d’audace, pour pousser vers une meilleure esthétique et une amélioration du cadre de vie. Les architectes veulent installer des jardins collectifs sur les toitures terrasses, concevoir des espaces de circulations généreux et éclairés naturellement.

 

Mais en réalité, ils se trouvent confrontés à des règlementations mal pensées et contraignantes. La règlementation PMR, par exemple, s’applique à tous les logements dans un bâtiment collectif neuf. Du coup, les proportions des espaces dans les logements changent : plus grandes cuisine, salles de bains et circulations, chambres et pièces à vivre plus petites.

 

Ingrid Taillandier travaille sur une tour neuve de 15 étages à Paris. Le projet prévoit des balcons en béton de 3 m de portée. Il faut un Avis Technique, les délais d’instruction sont tels que deux ans ne suffiront sans doute pas pour l’obtenir.

 

L’immeuble sortira de terre sans ATEC ou bien devra être reconçu. Bertrand Delcambre, directeur général du Cstb en 2001, puis président du CSTB en 2008, n’a pas relevé ce point.

 

Du Numérique viendra le salut

 

Désormais président du Plan Numérique dans le Bâtiment, dont la première réunion se tiendra le 11 février, M. Delcambre s’emploie à promouvoir le numérique y compris auprès des petits artisans. Le numérique réduit les coûts, les temps de travail, augmente la fiabilité, la précision et les marges.

 

Il faut généraliser son emploi et ça va être super ! Ingrid Taillandier, plus proche du terrain, soulignait qu’il n’est pas si simple de concevoir avec REVIT. Elle a deux projets en cours pour lesquels son cabinet utilise REVIT d’Autodesk. Il faut un vrai travail d’appropriation.

 

 

  1. Ingrid Taillandier, architecte de l’Agence ITAR architectures, regrette les règlementations mal faites et les trop longs délais d’obtention des ATEC. Bertrand Delcambre promeut le numérique dans le bâtiment. Olivier Apruzzese, président du SNBPE, entrevoit nombre de services que la Maquette Numérique rend possibles. Doc. PP

 

Une fois que les masses des bâtiments sont posées, la conception des détails est en effet plus rapide et plus fiable, les relations avec les BE techniques à travers l’échange de fichiers intelligents est plus simple, le suivi de chantier est facilité.

 

Mais c’est comme une langue étrangère, si on ne la pratique pas régulièrement, on la perd. Olivier Apruzzese a offert une vraie vision de ce que le numérique pouvait apporter en bâtiment. La maquette numérique ouvre la possibilité de services utiles pour les acteurs du bâtiment.

 

Les problèmes d’approvisionnement de chantier, de constitution des lieux de stockage de matériaux sont approchés différemment et sont mieux résolus. Le numérique permet un suivi du bâtiment en offrant une identification claire et complète des bétons dans chaque ouvrage.

 

Et, dit-il, nous ne sommes qu’au début. Nous ne faisons qu’entrevoir les possibilités ouvertes par la maquette numérique.




Source : batirama.com / Pascal Poggi

1 Commentaire
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  • par amrane
  • 17/04/2015 20:36:00

Merci bien pour les dialoguistes de plateaux TV.

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