Le salon BAU 2015 a rencontré un énorme succès. Avec 251 200 visiteurs professionnels en 6 jours, il a établi un nouveau record de fréquentation. Ce salon est consacré au gros-œuvre, au clos couvert et à l’aménagement intérieur.
Pourtant, toutes les grandes marques de ventilation et de chauffage – Viessmann, Buderus, Vaillant, Stiebel-Eltron… – exposent ici. Ce n’est pas seulement parce qu’il est très fréquenté, mais surtout parce qu’elles espèrent y rencontrer les nouveaux acteurs du chauffage, de la climatisation et de la ventilation.
En effet, grâce à la réduction des besoins et des puissances, quantité de nouvelles solutions de génie climatique incorporées au gros-œuvre se développent en Allemagne et tout naturellement, elles se retrouvent sur le salon.
Les grands industriels du chauffage veulent connaître ceux qui les mettent en œuvre. Ce ne sont les entreprises habituelles du Génie Climatique, mais plutôt les façadiers ou les maçons.
Ainsi, les visiteurs ont pu rencontrer plusieurs exposants de solutions de chauffage et de rafraîchissement incorporées dans les ouvrages en béton. Il ne s’agit pas du traditionnel plancher chauffant basse température, mais bel et bien d’incorporation dans les ouvrages structurels en béton.
Les allemands appellent ça “Betonkernaktivierung”. En France, Uponor a traduit par “Dalle active”. Uponor a présenté cette solution sur plusieurs stands différents. La dalle active est une solution de stockage ou d’absorption de chaleur qui profite de l’inertie thermique de la masse de béton.
Des tubes en matière de synthèse sont montés sur un treillis métallique, puis incorporés aux dalles ou aux murs de refend du bâtiment au moment de leur coulage. L’eau circule dans les tubes et assure soit le stockage et la diffusion lente de chaleur, soit l’absorption dechaleur, donc le rafraîchissement.
En raison de l’énorme masse de l’émetteur, les lois d’eau sont très basses. Les températures de départ comprises entre 25 et 35 °C en mode chauffage, entre 16 et 20 °C en mode rafraîchissement. Par conséquent, les générateurs, pompes à chaleur ou chaudières à condensation, fonctionnent à très basse température.
Ceci maximise leur rendement durant toute la saison de chauffe ou de rafraîchissement. Uponor a également dévoilé le “Klimadecke”, un plafond imaginé avec un fabricant de briques et de hourdis/entrevous en terre cuite.
Les entrevous sont prévus pour recevoir des tubes multicouches Uponor en sous-face. Ce procédé est livré en éléments préfabriqués auto-portants de 0,75 à 3 m de largeur et jusqu’à 7 m de longueur. Ils sont posés soit horizontalement pour constituer des planchers porteurs, soit inclinés pour former le support d’une toiture.
Cette solution est proposée à la fois pour le chauffage (Δ T = 5K, avec une loi d’eau de 50/45°C) et pour le rafraîchissement (Δ T = 3K, avec une loi d’eau 17/20°C) à basse température.
Pour les bâtiments tertiaires, des fabricants comme Trox ou Emco ont imaginé des ventilo-convecteurs multifonction capables d’assurer aussi la ventilation double-flux. Ils sont incorporés dans les façades, soit horizontalement en allège, soit verticalement dans des éléments opaques.
Les producteurs de ces appareils les livrent directement aux fabricants de façades – Schüco, Sapa Building System, Wicona… – qui, à leur tour, fournissent les façadiers chargés de la pose des éléments de façade finis.
Le chauffagiste, lorsqu’il en reste un, est seulement chargé des raccordements en eau chaude et eau froide de ces appareils. Sur le salon, Trox a exposé l’un de ses modèles, tandis que Schüco, Sapa, Wicona et d’autres exposaient les éléments de façade finis.
Ce procédé offre de nombreux avantages et au moins un inconvénient. Les appareils assurent ventilation double-flux décentralisée avec un taux de récupération de chaleur nominal supérieur à 85%.
Ils disposent de deux ventilateurs, de filtres, d’une prise et d’un rejet d’air directement en façade. Cela signifie que l’on n’a plus besoin de gaines pour apporter l’air neuf dans les bureaux.
Seules les parties communes demeurent ventilées de manière centralisées : la puissance, les dimensions, l’encombrement, le bruit des CTA sont fortement réduits.
Les promoteurs traduisent immédiatement : là où ils pouvaient caser 5 niveaux, ils peuvent désormais en mettre un sixième, sans changer la hauteur de l’immeuble.
Un étage de plus à vendre ou à louer… et une vraie popularité de la solution en tertiaire neuf en Allemagne
De plus, comme ces appareils possèdent une sonde de température sur la prise d’air extérieur, une autre sur l’air repris, plus une sonde de détection de présence, ainsi qu’une régulateur communiquant en LonWorks, en KNX ou en BACNet, au choix, leur fonctionnement est piloté de manière optimale pour assurer la plus grande économie d’énergie possible, sans nuire au confort.
L’inconvénient du système est une maintenance accrue. Les concepteurs allemands posent un de ces appareils dans chaque trame.
Chaque appareils possède deux ou trois filtres comme tous les groupes double-flux, plus un bac de recueil de condensats. Dans un bâtiment tertiaire conséquent, on aboutit rapidement à plusieurs milliers d’appareils et parfois plus de 10 000 filtres à inspecter, changer, etc.
Il faut comparer cette tâche à la maintenance de CTA centralisées.
Pour la rénovation, une multitude de solutions décentralisées ont été présentées sur BAU. Cela allait de l’insufflation décentralisée Aircare Thesan carrossée par Pininfarina, jusqu’aux solutions double-flux à poser sous ou au-dessus des fenêtres, en passant par le double-flux installé à travers un mur extérieur.
Toutes ces solutions s’efforcent de répondre à un besoin de ventilation accru lors d’une rénovation performante : les puissances de chauffage sont réduites, l’étanchéité à l’air est considérablement améliorée, mais il n’est souvent pas simple de mettre en œuvre un groupe de ventilation centralisé.
La réponse réside dans la décentralisation pièce par pièce. Il existe deux grandes solutions. Premièrement, lorsqu’on change les fenêtres, autant en profiter pour poser des groupes de ventilation en linteau ou en tableau.
Les fabricants de ces groupes se sont associés aux industriels de la menuiserie qui proposent des blocs complets : fenêtre, protection solaire et ventilation double-flux.
On trouve des équipements de ce genre aussi bien pour le logement que pour le tertiaire. Deuxièmement, certains industriels, dont les pionniers Meltem ou LTM, ont développé des appareils de ventilation double-flux que l’on pose à travers les parois extérieures, à raison d’un par pièce à ventiler.
Ces groupes fonctionnent soit en double-flux permanent, soit en flux alternés extraction/insufflation pour réduire leurs dimensions.Dans tous les cas, les taux de récupération de chaleur sont supérieurs à 80 ou 85%.
Selon les appareil, les débits de ventilation varient de 16 m3/heure une seule pièce dans un logement à 500 m3/heure pour une classe dans une école, par exemple. Ces solutions de ventilation double-décentralisées arrivent peu à peu en France. Stiebel-Eltron ou Dimplex proposent déjà leurs équipements sur notre marché.