On peut tout concevoir et construire au standard Passivhaus. La preuve, à Cholet, avec ce magasin de motos reconstruit après un incendie survenu en 2012.
Equipe Ingéniérie de Cholet, le bureau d’études dirigé par Allain Tugdual – diplômé CEPH (Concepteur Européen Bâtiments Passifs) – a conçu et réalisé une surface de vente au standard Passivhaus pour moins de 540 € HT/m².
Pourtant, cette histoire avait vraiment mal commencé. En août 2012, le bâtiment de Cholet Moto est détruit par un incendie. D'une surface de 750 m² et construit en 1993, ce bâtiment convenait bien aux besoins de Patrick Brossard, propriétaire de Cholet Moto.
Seul inconvénient, sa mauvaise isolation entraînait chaque hiver inconfort et coût de chauffage élevé de l'ordre de 6000 à 7000 €. L'assurance de Cholet Moto rembourse la totalité du coût du bâtiment, soit 400 000 €.
Equipe Ingéniérie, soutenu par le cabinet d'architecture INSO représenté par Marie Chappat, propose à Patrick Brossard de reconstruire son bâtiment au standard passivhaus, sans dépasser ni les coûts de construction RT2012, ni le budget de 400 000 € fourni par l'assureur.
Confort et performance
Le Maître d'Ouvrage accepte la proposition d'Equipe Ingéniérie (www.equipe-ingenierie.fr), dont deux points principaux retiennent son attention : un budget total de 403 000 € HT pour 749 m² et la promesse de dépenses de chauffage annuelles ramenées à 2000 € environ.
Les travaux ont commencé en juillet 2013, le bâtiment a été livré mi-janvier 2014. Le nouveau bâtiment fait appel à des techniques de construction industrielle. Comme l'ancien, le nouveau bâtiment est en charpente métallique, avec une toiture en bac acier, portant une isolation de 240 mm de laine de roche et une membrane d'étanchéité.
Les murs extérieurs sont en panneaux acier/polyuréthane de 200 mm/acier. Exactement les mêmes que l'on utilise à travers toute l'Europe par km² chaque année pour construire ou réhabiliter les chambres froides et les entrepôts réfrigérés.
Ils offrent une valeur U de 0,122 W/(m².K) pour un coût fourni-posé de 85 €HT/m². Le sol est isolé par des dalles de polyuréthane de 120 mm d'épaisseur. Fournis par Stabalux, les menuiseries des ouvrants et le mur rideau portent du triple vitrage et des joints à rupture de pont thermique.
Surface vitrée et gains solaires de façade
La surface de vente est très vitrée de manière à offrir de larges vues à la clientèle à l'ouest et au sud. Les gains solaires de la façade sud sont optimisés grâce à de généreux châssis donnant sur l'atelier et le stockage.
Les formes du bâtiment ont été simplifiées pour utiliser le terrain au maximum, pour éviter la difficulté et le coût important de murs coupe-feu si les parois étaient accolés contre d'autres constructions en limite de propriété.
Résultat, la compacité du bâtiment est accrue. Ce qui est toujours un plus pour la performance thermique. Selon le calcul effectué avec l'outil PHPP (l'applicatif Excel qui sert à calculer les bâtiments passifs), les consommations de chauffage ne dépassent pas 9 kWhEP/m².an. La centrale de ventilation double-flux est certifiée par le Passivhaus Institut de Darmsadt. L'éclairage est assuré par des tubes T5 à haut rendement. L'eau chaude est produite par un ballon électrique.
Un budget de chauffage nul
Le chauffage est assuré par des radiateurs électriques. Alors que le bâtiment a été livré en janvier 2014, ils n'ont pour l'instant jamais été mis en route. La température intérieure est descendue à 15°C au minimum, à la fin de week-ends d'hiver, après une journée d'inoccupation.
La température intérieure moyenne a été de 17°C pour toute la période d'hiver. A cette température, grâce à l'absence de parois froides, le personnel annonce un ressenti de confort très positif.
Dans le magasin précédent, le personnel d'atelier travaillait en blouson, bonnet et gants durant l'hiver. En hiver, la porte du bureau vitré du secrétariat est fermée, les apports internes de la bureautique et de la présence humaine suffisent pour chauffer à la pièce à 20°C.
Nous sommes donc assez éloignés de la promesse d'un budget de chauffage de l'ordre de 2000 €/an : pour l'instant, le budget de chauffage annuel est nul après 11 mois d'exploitation du bâtiment.
Confort d'été
En raison des risques de vol, les châssis demeurent fermés la nuit. Ce qui empêche toute stratégie de surventilation nocturne pour rafraîchit le bâtiment. En pratique, durant l'été dernier, toutes les portes et tous les châssis étaient largement ouverts durant toute la journée de travail.
Le bâtiment s'équilibrait tout simplement à la température extérieure moyenne de la journée. La totalité des consommations d'énergie – uniquement de l'électricité, puisqu'il n'y a ni gaz, ni fioul dans le bâtiment - a atteint seulement 66 kWhEP/m².an de janvier à fin décembre 2014, tous usages compris.
Cela représente 17 800 kWh d'électricité comptabilisés par le compteur ErDF. Autrement dit, un coût énergétique, tous usages confondus, de 2000 € HT par an ou encore de moins de 3 € HT/m².an.